Tu te sentais assez vide en ce moment, c'était l'anniversaire de la mort de ta mère et tu ne pouvais même pas aller te recueillir sur sa tombe... Ça signerait ton arrêt de mort immédiatement. Ton père faisant surveiller la tombe de cette dernière pour essayer de te retrouver toi, le traître qui a rompu les serments pour devenir un sorcier. Pour l'assumer entièrement.

Tu pousses un long soupir en prenant une clope, la glissant entre tes lèvres, tu l'allumes et admires un moment le bout incandescent brillé et consumer ce cancer Ambulant... Tu as commencé à fumer pour te détendre, pas pour faire comme tout le monde, tu as commencé vers... 16 ou 17 ans, tu ne sais même plus. Même si ta toux du matin te rappelle la connerie que tu as faite, la nicotine continue à envoyer des signaux de manque dans ton cerveau et tu lui obéis, ça aide un peu à ce que tes mains ne tremblent plus.

Tu te laisses glisser le long de l'arbre qui te fait un peu grimacer, tu as oublié que les arbres ça à de l'écorce et l'écorce, ça griffe. Bref, tu sors un exemplaire de ton livre préféré, prêt à lire à nouveau ses pages que tu as déjà tant lues. C'est un roman en français, d'un artiste qui vient du Sud comme toi, Sire Cédric à coucher les mots sur un roman Gothique que tu adores, "L'enfant des Cimetières". Il utilise un style très dur, sanglant, surnaturel, mais à la fois plein de double sens que tu adores. Et voir à travers les yeux d'un humain ce qu'il pense du surnaturel, ça te fait doucement sourire.

Tu donnes une petite pichenette à ta clope en regardant les cendres s'envoler et tu laisses vaguement ton regard suivre les ondulations du lac, dans une petite pause calme, ta lecture en pause, tu profites du doux bruit de ...

Ce n'est pas un simple bruit d'enfants qui jouent, de marche et d'eau ce bruit. Il y a quelque chose qui se passe ? Tu regardes autour de toi, tu ne remarques que certains petits groupes de personnes qui semblent parler entre elles, pas terriblement intéressant, mais ça pique ta curiosité, autant de léger rassemblement te font penser qu'il y a anguille sous roche et tu les fixes.

Si par le passé, Karl se plaignait du manque d’action lorsqu’il était régent, il ne pouvait plus dès lors, prétendre à l’ennui. Et pour cause, il passait l’essentiel de son temps sur le terrain avec son fidèle équipier. On peut dire que ces deux-là s’étaient bien trouvés et que malgré les divergences d’opinion et de personnalité, leur complémentarité était indéniable. « Le bon et le méchant flic », disaient-ils avec humour bien qu’il subsiste une part de véracité. Shawn était fougueux, il ne se souciait pas des règles et agissait comme bon lui semblait. Le plus important n’était pas la façon de faire, mais les résultats. Et à ce petit jeu, le « méchant flic » partait avec un petit avantage sur Karl qui demeurait plus pondéré, patient et de ce fait plus enclin à prendre le temps pour analyser la situation. À cela s’ajoutait la condition physique, qui n’était pas une donnée à omettre. Shawn se débrouillait et tenait la cadence bien qu’il lui arrive de parfois cracher ses poumons à cause de sa trop grande consommation de tabac. Karl manquant de pratique, ramait un peu il est vrai, mais il en fallait davantage pour mettre à mal sa motivation et son désir de bien faire.

À bout de souffle, après cette course folle, le sorcier dû s’arrêter pour reprendre son souffle, laissant le soin à son équipier de récupérer son fidèle destrier pour plus d’aisance dans le déplacement. Cela permettrait aussi à Karl d’interroger les quelques témoins qui se trouvaient à proximité. Dont quelques surnaturels qui pourraient de se fait, apporter un témoignage plus nourri et délesté du voile qui empêchait les humains de se confronter à la nature véritable des êtres les entourant. L’ancien régent avait donc choisi de s’adresser à un groupe de jeunes qui semblaient l’avoir reconnu et semblaient plus enclins à se répandre en parole.

« Mes parents sont de Red House ! » lança un jeune homme avec fierté, ce qui permit à Karl de l’identifier comme étant un jeune sorcier et qui facilitait grandement la discussion avec le petit groupe. « — Je cherche un type débraillé qui traine parfois aux alentours de l’académie. IL était tout près d’ici il y a moins d’une heure. Ça vous dit quelque chose ? » Non, à en juger par le temps de réflexion. « — Ce n’est pas grave ! » lâcha le sorcier avec bienveillance toutefois avant de reporter son attention sur un garçon à l’écart. Cheveux bouclés et pourvus d’un livre, il n’était pas sans lui rappeler le jeune homme qu’il n’était plus depuis belle lurette.

« — Excuse-moi ! » lança-t-il en s’approchant. « — Je peux te parler deux petites secondes ? »

La scène était assez drôle, plus que les déboires de Mr Darcy et Elizabeth... Tu suivais du regard la course-poursuite, tu faisais partit de ces gens qui regardaient surtout la scène plutôt que de t'en mêler, maladroit comme tu étais, tu aurais vite fait à aider la mauvaise personne, ou bien à empirer les choses... Tu avais déjà eu le coup et le sac de la dame t'avait fait saigner du nez et tu t'étais retrouvé aux urgences parce qu'on pensait que tu avais eu une commotion cérébrale à t'être évanouis juste quelques secondes après le coup. Tu avais dû expliquer à de nombreuses reprises que c'était juste dù à ta phobie sanguine.

Tu penches la tête en voyant que l'un des deux finis par s'arrêter à bout de souffle, ah, bon l'un d'entre eu qui continue et l'autre qui s'arrête, travail d'équipe et adaptation... Tu connaissais ça, quand tu étais avec ton père, dans le groupe de chasseur, tu restais avec ta mère qui elle était à l'arrière, elle faisait les potions et les armes. Tu pouvais dire ce que tu voulais, mais Riwal avait au moins le mérite de respecter toutes les facultés de ses chasseurs, et ne les forçaient pas à faire ce qu'ils ne pouvaient/savaient pas faire.

Les jeunes s'attroupent déjà autour de celui qui s'est arrêté, ils doivent peut-être vérifier s'il va bien, tu n'as donc pas besoin de le faire toi-même. Et quand il s'approche de toi, tu ne peux t'empêcher de froncer les sourcils, mais tu te redresses un peu, examinant l'homme, il était blessé?.. Il te disait vaguement quelque chose, tu n'étais pas très physionomiste, mais tu savais que tu avais déjà vu sa tête quelque part...

Tu sors de ta poche un ticket de métro que tu glisses tel un marque-page là où tu t'es arrêté, plier les pages n'était pas une option et tu oubliais toujours de prendre un marque page de toute façon.

"Et bien oui si vous voulez, je vous écoute... Mais vous devriez boire ça avant, vu votre course vous devez sûrement ne plus en pouvoir."

Tu souris un peu et sors de ton sac une bouteille en verre de liquide épais, de couleur verte que tu tends à l'homme.

"Si jamais, sachez que je n'ai pas encore bu dedans et qu'il n'y a pas de microbe, c'est simplement un smoothie rafraîchissant à la pomme, au kiwi et au concombre, ça vous remettra d'aplomb."

« Note à moi-même : Tu dois reprendre le jogging. » Cependant, l’ami Karlito avait bien mieux à faire que de s’alourdir de reproches. Et puis Shawn était sur le coup. Donc en théorie, rien n’était perdu. De ce fait, Karl opta pour le rôle de collecteur d’informations. Il s’approcha donc des quelques personnes en présence pour leur poser les questions d’usages ; prenant garde de ne pas trop en dire si d’infortune des humains se trouvaient là. Par chance — puisqu’elle subsiste malgré les obstacles et une forme physique à revoir —, un des jeunes attira l’attention du sorcier. Ses parents faisaient partie du coven ce qui allait grandement faciliter l’échange. L’ancien régent exposa donc la description du fuyard, tâchant d’être le plus synthétique possible afin de ne pas perdre l’attention les jeunes. Malheureusement pour le quadragénaire, le témoignage de ces jeunes était incertain, trop pour être fiable. Mais peut-être avaient-ils envie de ne pas se mêler à l’intervention et préféraient de ce fait jouer les ignorants ; ou peut-être était-ce la vérité ; lequel cas Fitz perdait son temps et laissait à l’assaillant une longueur d’avance.

« On dirait bien que c’est un coup d’épée dans l’eau. » Faisait entendre Maze, le familier de Karl. Le loup était à bonne distance et observait les lieux avec attention avant de se manifester à nouveau dans les pensées de son sorcier ; l’incitant à aller interroger « le garçon à l’écart. » Fitz le repéra à son tour à quelques pas de là. Peut-être avait-il vu ce qui semblait faire défaut aux autres jeunes. Le sorcier s’éloigna donc du petit groupe de jeunes qui reprit ses activités l’air de rien. Le jeune homme à la chevelure bouclée se redressa légèrement à l’approche de Karl qui essuya les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Le gamin semblait enclin à l’échange et venait de sortir une bouteille de son sac pour la tendre au quadragénaire.

« — Merci c’est gentil. Effectivement, entamer une course folle sous un soleil de plomb n’est pas très judicieux. » Il s’approcha un peu plus et se saisit de la bouteille que venait de lui tendre son nouvel interlocuteur. Et puisque le jeune homme ne semblait pas hostile, Karl opta pour la carte de l’ouverture et lui rendit son sourire presque aussitôt. « — Ne t’en fais pas, je ne suis pas du genre phobique des microbes. En revanche le coup du smoothie pomme, kiwi, concombre c’est une grande première. » C’est donc avec précaution — pas sûr d’aimer — qu’il délesta la bouteille d’une gorgée. « — Je dois admettre que ce n’est pas si mal. » Il but une autre gorgée avant de rendre la bouteille à son propriétaire. « — En tout cas, c’était très gentil de ta part. » Il porta ensuite toute son attention sur le livre que tenait le jeune homme. « — Qu’est-ce que tu lis ? » Dans la foulée, il se rendit compte qu’il avait omis de se présenter. « — Ah oui pardon, je ne me suis même présenté. Je suis Karl Fitzgerald ! » Il aurait pu ajouter qu’il était flic, comme il le faisait lorsqu’il n’était pas certain de s’adresser à des sorciers ou autres créatures surnaturelles. Mais cette fois, il préféra se contenter du basique. Au besoin, il agrémenterait la présentation en fonction des questions posées par le jeune homme qui lui faisait face.

L'homme t'avait semblé plutôt sympathique. Mais épuiser cependant, tu souris en entendant et voyant le châtain si peu sûr de ce qu'il allait boire, ça ne pouvais pas plaire à tous, mais c'était vraiment rafraîchissant par cette chaleur et plein de vitamines. Tu avais appris à boire ça pour éviter de manger entre les repas.
L'obsession d'un esprit sain dans un corps sain...

"Autant rester bien hydrater alors. Oh tant mieux, j'ai un peu de mal avec les personnes qui ont un problème avec les microbes, comme si tout le monde était sale... C'est un peu comme ceux qui refusent d'embrasser quelqu'un à cause de la salive."

Tu ris légèrement, pour toi qui étais tactile au point d'embrasser tout le monde sur la bouche dès que tu les connaissais, c'était compliquer surtout pour les Américains, tu ne pensais pas que le baiser était un geste amoureux, mais juste affectueux si c'était un simple piou. Tu reprends ta bouteille et bois également une gorgée avant de la ranger.

"Tant mieux si ça vous a plu. Gentil ? Et bien ça me parait surtout normal... Hm. L'enfant des Cimetières, un livre d'un auteur français, je vous le conseille si vous ne connaissez pas Sire Cédric, il fait des romans surnaturels très plaisant à lire, très limite et très adultes, mais terriblement divertissant. Hm, Wael Pagnol, enchanté Mr Fitzgerald."

Tu souris, regardant l'homme avant de lui tendre la main. Tu te demandais un peu quel genre de question, l'homme allait poser, c'était en rapport avec ce qu'il venait de se passer assurément. Tu passas une main dans tes boucles brunes, si l'homme était un sorcier, il reconnaîtrait sans doute la rune qui pendait à la tresse de cheveux bruns qui te faisait office de bracelet. Tu avais appris à ne plus la cacher, les gens s'en fichaient. Pour eux, tu étais juste un fanatique de l'astrologie ou des astuces witchies que les Humains pensaient avoir découverts, quand tu les entendais parler, tu te retenais de rire. Entre ceux qui pensaient que vous étiez des sorciers comme Harry Potter et ceux qui pensaient que vous n'existez pas. Mieux valait qu'ils ne croient pas en vous, mais c'était si drôle, ceux qui y croyaient cherchaient tellement de théorie du complot... Ah... L'ignorance était si belle.

D’ordinaire, Karl n’était pas très à l’aise avec les adolescents, bien qu’il ait un doute sur le fait que le jeune homme qui lui faisait face en soit un. Et pour parachever l’évocation de cette mauvaise expérience, il lui suffisait de songer à Tyler, son cadet. Un adolescent tout ce qu’il y a de plus rebelle, pourvu d’une rancœur tenace à l’égard de celui qu’il ne considérait que comme un vulgaire géniteur. Et bien que Karl soit à l’origine de son existence et décidé à faire des efforts, la détestation de Tyler demeurait immuable. Mais puisqu’il n’était pas question de Tyler et que le jeune homme qui lui faisait face ne faisait montre d’aucune hostilité à son égard ; Fitz consentit à échanger sans pression tout en se délectant du breuvage si gentiment offert par le garçon aux frisettes.

« — C’est vrai qu’avec de telles chaleurs, penser à s’hydrater devrait être une priorité. Mais parfois, quand on est dans le feu de l’action, on n’y pense pas. Grossière erreur je le confesse. » Il lui rendit aussitôt sa bouteille, histoire de ne pas trop abuser de la gentillesse de son interlocuteur, qui but à son tour quelques gorgées sans nettoyer le goulot en amont. De toute évidence, il se fichait pas mal de l’existence d’hypothétiques microbes ; et à bien y réfléchir, Karl aussi. « - Chacun ses phobies j’ai envie de dire. Par contre, quand tu dis embrasser quelqu’un à cause de la salive, tu penses à n’importe qui ? Non, parce qu’en théorie lorsqu’on embrasse quelqu’un et qu’il est question de salive, il y a quand même un certain degré d’intimité non ? » Question rhétorique, du moins pour Fitz qui se demandait si à présent tous les jeunes se galochaient aussi facilement ? Ou peut-être que cette approche était due au fait que le jeune homme soit pourvu d’une autre culture. Ce qui n’était pas à exclure.

À force d’échanger et d’observer, l’ancien régent de Red House ne put que constater qu’il était dans le vrai avec sa seconde théorie. Du moins, la théorie se validait si l’on prenait en considération la lecture et le nom exotique du jeune garçon. « - L’enfant des cimetières tu dis ? Je ne connaissais pas. La littérature française étant réputée, peut-être devrais-je y prêter attention. D’ailleurs, Pagnol cela sonne très français je me trompe ? » Le dénommé Wael consentit toutefois à serrer la main qui venait de lui être tendue avant de la passer dans sa crinière ébène et bouclée ; laissant paraître à son poignet, un bien étrange bijou qui attisa presque aussitôt la curiosité du quadragénaire.

« — C’est une très jolie rune que tu portes en guise de bracelet. L’élément “eau” à ce que je vois. » Si le gamin était un sorcier, ce qui n’était pas à exclure pour l’agent de la BACS, cette remarque ne pouvait le laisser de marbre. Attendons donc !