A chaque fois que quelque chose s’arrangeait ou allait un peu trop bien, il fallait qu’une avalanche de soucis me tombe dessus. J’arrivais enfin à faire le deuil de mon fils, j’étais persuadé qu’il était au Paradis, là où était sa place finalement en innocente victime d’Ombra qu’il était, puis Karl et moi étions fiancés et attendions un bébé, un véritable miracle puis que j’étais persuadée depuis la naissance de Zephyr de ne plus pouvoir donner la vie… Ma dépression n’était plus qu’un souvenir, j’avais réussi à arrêter de boire même si l’envie demeurait présente malgré moi. Et malgré tout, les problèmes continuaient à pleuvoir. Ma filleule de dix-sept ans qui avait trouvé refuge chez moi se trouvait enceinte – sa mère allait probablement m’assassiner - , Brad avait manqué de mourir pour je en sais quel fichu exploit, et je ne pouvais visiblement pas avoir un entretien tranquille avec mon beau-père sans que les chasseurs nous tombent dessus… et visiblement ils en avaient après moi. J’étais terrorisée à l’idée d’être accusée de la mort de l’ancien roi des croquemitaines, Ypolyte Saint-Yves. Ce connard avait péri en voulant me faire peur, et s’était finalement explosé le crâne en tombant à mes pieds comme un idiot. Et j’avais été plus idiote encore en cédant à la panique et faisant disparaître son corps, de peur d’avoir l’air coupable… Sauf que c’était finalement cette réaction qui me faisait avoir l’air coupable… Cela remontait à plusieurs mois voire même une année, et je n’avais plus entendu parler de sa disparition, mais c’était plus fort que moi, j‘y pensais. J’y pensais tout autant qu’à un bon verre de Jack Daniel’s et cela me faisait me rendre compte à quel point j’étais faible.
Néanmoins, j’étais inquiète pour ma famille. Si les chasseurs en avaient après moi, peut-être savaient-ils quelque chose. J’avais besoin de savoir ce qu’il en était pour protéger le petit être qui grandissait en moi. Charlie, c’était le prénom que nous lui avions choisi, fille ou garçon. Je ne savais vers qui me tourner si ce n’était vers les Erudits. Après tout, ils étaient au fait de tout ce qui se passait dans la Los Angeles surnaturelle, et ils étaient neutres. Peut-être que l’un d’entre eux aurait une réponse à m’apporter. Je savais que Nicolas Obéron, un français, se trouvait à la Bibliothèque. Je comptais m’y rendre après ma journée de travail à White Chapel. J’y avais pensé toute la journée et n’avais, de ce fait, pas été très assidue, n’écoutant que vaguement les sorciers de mon coven qui avaient pris rendez-vous avec moi. J’en avais même envoyé voir Bradley, incapable que j’étais de me concentrer convenablement. Je mettais cela sur mon état. Elle avait bon dos, la grossesse! Cette pensée me fit soupirer.
La nuit était tombée et j’étais enfin devant la bibliothèque. J’avais dit où j’étais à Brad ainsi qu’à Karl. De toute façon, mon fiancé terminait tard cette semaine, mais il m’avait promis d’alléger son horaire pour passer plus de temps avec moi. J’attendais, dos à la porte, que l’heure de la fermeture sonne. Apparemment, j’étais trop absorbée dans mes pensée pour me rendre compte que c’était fait, car je me fis surprendre par les pas d’un homme. Je me retournai et reconnus celui que j’étais venue voir.
- Bonsoir Mr Obéron.
Il me connaissait aussi. Je ne l’avais jamais rencontré mais nous savions qui était qui, et surtout où, de par les postes que nous occupions. Il m’invita à entrer et prendre une tasse de thé. Cela me fit sourire, tout autant que le fait qu’il se doute de la raison de ma présence en ces lieux, et j’acquiesçai.
- Merci beaucoup.Je lui emboîtai le pas jusqu’à son bureau. Je n’avais jamais rencontré d’Erudit et je devais reconnaître que ma curiosité naturelle était en effervescence. Ils étaient humains, mais savaient tant de choses sur toutes les créatures surnaturelles, c’était incroyable. J’enviais une telle connaissance.
- Je vous remercie de me recevoir si gentiment alors que je n’ai même pas prévenu de mon arrivée… J’en suis navrée, ce n’est pas ma façon de faire d’habitude.Je m’installai. Le sort qui dissimulait ma grossesse se stoppa et mon ventre apparut visiblement pour lui aussi et toute personne qui pourrait entrer dans la pièce.
- J’aurais été surprise que vous ne sachiez pas ce qui m’amène. Vous êtes donc informé de ce qui s’est passé à Blackstone Street voilà quelques semaines?Il fallait dire que depuis, je n’étais pas sereine.
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