J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super
l n’a en rien oublié la blonde, à ce qu’il lui avait fait. Il y pense régulièrement, en perd le sommeil, qu’il a déjà rare. Impossible de dormir sans les bras de Violet, lorsqu’il est vautré tout contre elle, naturellement il s’apaise. Respire son odeur délicieuse, savoir l’instant, le présent si merveilleux. Heureusement pour lui, il avait bien dormi avant cette journée de travail particulièrement longue et fatigante. Le médium était pressé de rentrer chez lui, sa femme ne travaillait pas et elle avait probablement fait un bon petit plat pour lui. Il meurt de faim, il n’a rien avalé de la journée et cela fait une éternité qu’il n’a pas diné. C’est un repas qu’il ne prend que rarement, car sa femme étant absente, il préfère ne pas manger. Il pense faire des économies de la sorte et sauver de l’argent est pour eux une priorité. Il a dépensé tellement de dollars de la mauvaise manière... D’abord en allant boire dans les bars avec Zephyr et puis en achetant cette bouteille le soir où il a rencontré sa sœur. Autant le dire, il ne prend aucune bonne décision financière. S’affamer ne le dérange pas, il n’est pas à quelques souffrances près même si Violet n’apprécie guère la vue de ses côtes depuis quelques jours à présent. Et pourtant, ce n’est pas à défaut d’avoir englouti trois fois des tacos en une semaine. Il se produit beaucoup trop de choses étranges dans cette fichue ville.
Alors qu’il vient de dépointer, il est à moitié nu dans le vestiaire quand... « AHHHHH !!! » _ Dépêche toi... « Bon sang ! Mais ! Mais ! Mais j’croyais qu’on en avait fini ! » Lys, elle était là. Habituellement, il ne se souvient pas particulièrement de chaque ectoplasme qui lui fait la causette, mais celle-ci l’avait marqué en particulier. Des ennuis ? S’armer comme un médium ? Bon sang, c’est quoi ces conneries ? Il attrape malgré tout le sachet de sel qu’il a toujours dans son casier sous les conseils de son épouse, la sauge qu’elle lui a également demandé d’emporter et tout son courage, puis parti dans la ville d’un pas pressé.
Il ne sait pas où il va, mais il a un sentiment dans sa poitrine qu’il n’a jamais connu avant. Cela lui fait terriblement peur, mais quelque part... Il se sent responsable d’Hellebore. « Qu’est-ce que j’ai fais, qu’est-ce que j’ai fais ?! » se lamentait-il en arrivant au Blue Diner. « C’est fermé ! » _ Je t’ai ouvert, belle âme.
Il pénètre alors le restaurant dont la salle était déserte et éteinte. Il avance à pas de loup, terrifié à l’idée que quelqu’un appelle la police, comment est-ce qu’il va expliquer ça à Violet encore hein ? Il a fait bien assez de conneries ses derniers temps !
Un cri provenant de la cuisine lui hérisse les poils, il a terriblement envie de fuir, d’ailleurs il fait demi tour, mais Lys verrouille la porte pour l’empêcher de prendre la poudre d’escampette. Il sent quelque chose, une chose avec une énergie bien sombre et ça lui fait peur...
Tremblant de tout son corps, il se dirige vers la cuisine et pousse la porte avec la boule au ventre. Ses pas sont silencieux, la lumière des néons grésille et fait terriblement mal aux yeux. Il approche avec prudence puis pousse à son tour un hurlement en voyant quelque chose ! Il plaque sa main sur sa bouche lorsqu’il se rend compte qu’il s’agit d’Hellebore. Il lui faut quelques secondes pour calmer son cœur et retrouver l’usage de la parole « Euh... Okay... Je... C’est un couteau que tu tiens ? Je... J’suis désolé de t’avoir fait ça, mais.... » Mince oui, ce genre de mort, c’était tout à fait le genre de truc qui pouvaient lui arriver ! Mais rapidement, cette lame aurait du être la cadet de ses soucis, parce qu’il la voit, cette chose, cette ombre qui fait trembler les ustensiles de cette cuisine. « Une âme désincarnée... » Est-ce qu’elle peut la voir ? Il se souvient très bien de ses choses absolument terrifiantes et mauvaises, pourtant, ses yeux restent rivé sur ce couteau, sa main sur sa gorge, tant d’images violentes remontent à la surface... La douleur, la peur de sa gorge béante. Cicatrice pourtant belle et bien fermée sous ses doigts, le passé pourtant si présent. « Ne me tue pas, pas comme ça... » N’importe quelle autre manière serait acceptable à ses yeux...
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Tu avais repris le boulot. L'arrêt de travail que tu avais demandé, et même prolongé avait grandement inquiéter ton patron, mais aussi tes collègues, plus que ça n'avait été dérangeant pour eux de faire ton travail, en tout cas. Lorsque tu étais revenue, le matin même, tu t'étais tout simplement sentie atrocement gênée, alors, tu t'étais confondue en excuses, sans pour autant pouvoir dire la vérité quand à ce qui t'étais arrivée. Tu avais eu des soucis avec ta famille, c'est ce que tu avais dit, et au fond, ce n'était pas vraiment un mensonge, pourtant, maintenant que c'était plus ou moins calmé, réglé, tu te rendais compte que tu t'étais soustraite bien facilement à tes responsabilités et pour te rattraper, tu avais insisté auprès de ton supérieur pour faire quelques heures supplémentaires, et même pour faire la fermeture tard le soir, ainsi que la vaisselle qui traînait encore en fin de service. Tu ne te sentais pas fatiguée, tu savais que tu pourrais le faire sans soucis, alors, on t'avait confié les clés, quelques indications pour les cacher afin qu'elles soient retrouvées le lendemain pour l'ouverture, et puis, tu t'étais retrouvée seule, ou presque, dans le restaurant fermé.
Lys était là, comme pratiquement toujours depuis ce soir là. Elle traînait autour de toi, sans que tu ne puisses faire la conversation avec elle puisque malgré tous tes efforts, tu n'étais toujours pas capable de l'entendre, de la comprendre. Tu lui parlais, toi, ça te donnais l'impression d'être moins seule mais au bout d'un moment, il y avait toujours ce sentiment de frustration qui venait s'installer, alors tu finissais par te taire, par vaquer à tes occupations.
Ton travail était pratiquement terminé, il te restait de la vaisselle à ranger, et puis, tu pourrais fermer, mettre l'alarme et enfin rentrer chez toi. C'est ce qui aurait dû se passer, sauf qu'alors que tu t'étais mise à empiler avec soin les assiettes à dessert, tu t'étais mise à te sentir étrangement mal. D'abord, tu avais lancé un étrange regard à Lys, tu te souvenais que ces impressions revenaient à toi, parfois, avant que tu ne puisses la voir. Pourtant, elle était calme, et bien vite, tu t'étais rendu compte qu'il y avait autre chose avec toi.
▬ Est-ce qu'il y a quelqu'un ? Relâchant les assiettes, tu fais le tour de la cuisine. Comme tu aurais pu t'y attendre, tu es toujours seule. Et pourtant, bientôt, tu la vois cette ombre. Ce n'est que ça, c'est comme un nuage informe de fumée toxique qui se déplace rapidement dans les coins. Qui subitement, tourne autour de toi, se met à faire voler les ustensiles dans les airs, à faire bouger les casseroles produisant de ce fait un vacarme des plus assourdissant. Qu'est-ce que vous voulez ? Tout en te bouchant les oreilles, tu recules de quelques pas. Tu essaies de lui parler. Tu te dis que peut-être, il ou elle veut quelque chose, que tu peux l'aider. Mais plus tu parles, et plus il y a du bruit, plus ça bouge, et plus ça devient dangereux dans la cuisine. C'est lorsque les premiers couteaux se mettent à flotter que tu te mets à hurler. A paniquer. Lys ! Aide moi fais quelque chose ! Tu la vois qui s'agite … et puis, après quelques minutes seulement, elle disparaît soudainement.
Perdue, tu te mets à pleurer, à crier, tu supplies pour qu'il arrête, pour qu'il se calme. Tu continues d'essayer de faire la conversation, tu essaies d'être douce, d'être ferme, tu te mets à le menacer, aussi. Mais rien n'y fait et toi, tu rampes au sol, tu te faufiles entre les plans de travail pour t'y cacher, et puis, tu ramasses un couteau au sol que tu sers entre tes doigts … comme si ça pouvait être utile dans ce genre de situation. Le truc, c'est que tu sais pas quoi faire. C'est vrai que tu t'attendais à ce qu'un jour, tu sois confrontée à autre chose que la douce Lys qui flotte à tes côtés, mais t'y étais pas préparée et maintenant, tu sais pas ce que tu dois faire. Comment tu dois réagir. Tu songes à aller chercher ton téléphone au vestiaire, dans l'arrière boutique, mais pour appeler qui, Hell ? Zéphyr ? Tu ne veux pas l'inquiéter encore une fois, et puis, que veux-tu qu'il fasse ?
Et les minutes passent, et le bruit se calme, pour revenir de plus belle. Tu as eu le courage de te remettre sur tes jambes, tu longes les murs pour essayer de sortir de là, tu te remets à crier quand les casseroles s'agitent trop violemment et finalement, tu sursautes un bon coup et tu lèves ton couteau quand tu entends ce cri. Cette voix humaine. Heureusement que tu le reconnais assez vite …
▬ Keon ! T'es surprise, et à la fois, t'es tellement soulagée de voir un visage familier ici. J'ai … ouais, je, j'en sais rien en fait j'ai … T'as flippé, c'est tout. T'as attrapé de quoi te défendre alors que c'est pas avec un couteau de cuisine que tu vas faire fuir un esprit. Il s'en fou. Il est déjà mort. Je compte pas te tuer, enfin ! J'ai … Et voilà que ça repart de plus belle. Le vacarme. Les casseroles. Les objets qui voltigent et même les assiettes qui se cassent la figure. A nouveau, tu paniques, tu lâches ton couteau que tu abandonnes par terre et tu files te planquer derrière l'homme. Je t'en prie fais quelque chose, il veut rien savoir, j'arrête pas de lui parler mais il ça marche pas. Qu'est-ce que c'est que cette chose ? Dis lui de s'en aller, dépêche toi. Et tu le pousses, tu le bouscules, tu agrippes à lui comme une petite fille tout en tirant sur le tissu de son haut pour le presser d'agir. 2981 12289 0
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Il n’est pas capable de réagir. Il le voudrait pourtant, il le faudrait. Mais ce couteau pointé en sa direction, il voit cette lame prête à fendra sa peau. Il se souvient de la sensation que cela lui a prodiguée. Cette douleur brulante, qui découpa votre chair. Elle pique cette douceur, puis c’est un ras de marré d’hémoglobine. Sur son torse, dans sa bouche, dans sa fosse nasale, dans sa gorge et puis, noie ses poumons alors qu’il tombe à la renverse. Sans la main de Violet pour y faire, fermement compression, il n’aurait jamais survécu. Son cœur a menacé de lâcher et cela de longues journées en dépit des neuf culots globulaires qu’on lui avait injectés en moins de vingt-quatre heures... Les perfusions, des sondes, des électrodes, une assistance respiratoire. Il était resté dans l’entre deux, ressentant la présence de sa sauveuse à ses côtés, tout en étant voyageur dans les limbes. Si elle n’avait pas éclairé sa route d’une lueur d’espoir, il ne serait probablement jamais revenu. Il a été si doux de voir son visage à son réveil, cette femme qui avait finalement valu qu’il se fasse égorgé. Penser à son épouse, l’aide peu à peu à surmonter la vue de cette lame qui le menace, elle a toujours eut cet effet adoucissant sur ses pensées...
Puis le couteau disparait de se vue, la blonde venue se réfugier derrière lui. Il est étonné de se faire bousculé, se sent nauséeux, il n’est qu’un imposteur après tout. Il voudrait qu’elle arrête de faire ça, de le tirer, de l’agripper, de le pousser, comme s’il était capable de faire quelque chose. Il n’est que lui enfin ! Il n’est qu’un médium raté.
Il sait que les esprits se nourrissent d’énergie et que celle des médiums est particulièrement attractive. Il a lu quelque part que les esprits hantent d’avantage les chambres que les cuisines, car ils viennent pendant le sommeil, lorsque le corps crée de l’énergie, pas lorsqu’il en dépense. Cette âme là, doit avoir sacrément faim. Il voudrait prendre la poudre d’escampette, c’est ce qu’il aurait tenté de faire en temps normal, c’est ce qu’il avait fait sur les quais du port la dernière fois !
« Et... Le talisman ? » Pourquoi est-ce qu’il ne fonctionne pas ? Il pivote vers la jeune femme et l’attrape par les épaules. Lui-même a peur, elle ne l’aide pas du tout. Pourquoi est-ce que c’est à lui de faire quelque chose ? Mais quand il regarde son visage, il se souvient... Il se souvient que tout ça est de sa faute. Il la conduit vers la porte de la cuisine, mais celle-ci se claque violement, il la pousse dans un coin de la pièce, la forçant à s’accroupir à temps pour ne pas se prendre cette louche qui vole en leur direction. Il sort de son sac la tresse de sauge, il se souvient de ce qu’il s’est passé la dernière fois qu’il en a eut une entre les mains, alors il préfère la confier à la jeune femme alors qu’il cherche activement un briquet. Une fois la main dessus, il allume la chose qui dégage cette odeur caractéristique de... Weed.
« Ok, garde ça... Je.... » Il ne sait strictement pas ce qu’il fait. Il lève le regard vers Lys. Celle-ci sourit avant de disparaitre. A vrai dire, il aurait bien voulu avoir un coup de main de sa part, mais il comprend qu’elle ne veut pas prendre le risque de se faire bannir par ce qui pourrait suivre ou simplement être affaiblie par cette fumée blanche. Il se frappe un peu la tempe en pleine réflexion, puis se lève péniblement. Il traverse la cuisine, sans voir trembler une rangée de couteaux qui le fit blêmir. Il attrapa l’énorme sac de sel – pratique d’être dans une cuisine et le perce. Il commence à faire le tour de la pièce pour former un cercle, qui ressemble d’avantage à un triangle. Le canadien glisse sous le plan de travail et fait des signes désespéré à la blonde pour qu’elle le rejoigne, alors qu’il sort de son sac – kit de survie sos fantômes – un morceau de papier sur lequel il a recopié le mantra bouddhiste OM AH HUNG SO HA, qu'il faudrait en théorie... Chanter. « Mahājñānacittotpāda, cittasya na-vitarka, sarvārtha bhūri siddhaka, na-purāṇa na-pratyutpanna. Namo Lokeśvarāya svāhā. » Il commence à lire maladroitement tant la prononciation est difficile, mais est-ce que sa voix seule suffit à être efficace ?
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super T'es complètement flippée. Si encore tu avais réussi à faire quelque chose pour le calmer … C'est vrai, tu n'étais pas complètement stupide, tu avais bien compris que si tu acceptais de pouvoir voir Lys, tu acceptais de pouvoir voir tous les autres, tout le reste. Et puis, tu avais pris le temps de te renseigner sur Internet, ce n'était pas la source la plus fiable, et la moitié de ce que tu avais lu était probablement complètement erronée, n'empêche que ça t'avais quand même donner une idée de ce à quoi tu devais t'attendre. Naïvement, encore une fois, tu avais pensé qu'avec un peu de bonne volonté, tu pourrais réussir à t'en sortir toute seule comme une grande mais force est de constater que ça n'était clairement pas le cas ce soir. Tout ce que tu pouvais faire, c'était parler. Tes connaissances sur le reste restaient très limitées, le monde des esprits renfermait encore bien des secrets qui malheureusement, pour le moment, étaient loin d'être à ta portée alors ce n'était pas vraiment étonnant que tu te retrouves dans une pareille situation.
Si tu avais cru que tu pourrais garder ton calme, et bien c'était encore une fois raté. Tu ne cessais de t'agiter depuis que tout avait commencé, et par dessus le marché, voilà que tu te montrais particulièrement insupportable en bousculant un peu trop la seule personne qui par tu ne savais quel miracle était venu à toi pour t'aider. Et dire que tu lui avais promis une certaine tranquillité lorsqu'il t'aurais aidée. Tu avais fait cette promesse en te disant que tu pourrais te débrouiller tout seule, que tu n'aurais pas à revenir à lui, surtout qu'il n'avait pas l'air très enjoué au contact d'un esprit pourtant aussi doux que l'était celui de Lys.
Lorsqu'il se retourne vers toi, lorsqu'il se met à évoquer le talisman, tu as cet instant de panique. Tu cherches, autour de ton cou, dans la poche de ton jean, et puis, tu te souviens que tu l'as laissé sur ton bureau, que tu l'as oublié dans ta chambre comme une idiote, que t'as pas pensé une seconde à l'emmener avec toi. Pourtant, il t'avais prévenu, ou plutôt, il avait essayé de le faire.
▬ Je l'ai oublié … T'as l'air d'une gamine prise en faute. Tu n'oses même pas le regarder dans les yeux de peur d'y lire une forme de déception. Tu pleurniches, en fait. Tu chouines. Et tu le laisses te pousser jusqu'à un coin de la pièce, tu t'y recroquevilles complètement, les mains sur les oreilles, comme s'il suffisait d'attendre que ça passe.
Tout ça, ça à l'air de sortir tout droit d'un film. C'est encore pire lorsqu'il te met ce truc bizarre entre les mains et qu'il l'allume. T'as un haut le coeur lorsque la fumée vient s'emparer de tes narines, et tu l'éloignes le plus possible de ton visage, laissant simplement la fumée qui s'en dégage se propager partout dans la cuisine.
▬ Mais qu'est-ce que tu fous ? Tu réagis quand tu le vois en train de balancer du sel un peu partout. Bon sang, tu étais censée tout remettre en ordre et pourtant, actuellement, la cuisine du restaurant était tout bonnement sans dessus dessous. Peu importe que ce soit le moment ou pas, t'étais déjà en train de penser qu'il allait falloir tout recommencer, et que si ton patron avait le malheur de constater le moindre dégât, toi, t'allais te faire appeler Arthur comme dirait ta mère.
Finalement, après plusieurs secondes d'hésitation, et surtout parce que tu étais plus préoccupée par les assiettes cassées par terre que par les grands gestes de Keon, tu te faufiles jusqu'au dessous du plan de travail pour le rejoindre. Et là, voilà qu'il se met à parler dans une langue probablement tout droit descendue d'une autre planète. Tu restes silencieuse, pourtant, tout en disant qu'avec l'expérience qu'il avait de plus que toi, il devait probablement savoir ce qu'il était en train de faire. Erreur ! A peine la voix de l'homme s'est elle éteinte que l'esprit redouble de force et de violence. S'il s'était contenté pour le moment de faire bouger les casseroles et balancer les ustensiles, maintenant, c'est aux verres, aux carafes, et surtout aux assiettes à dessert qu'il s'attaquait. C'était déjà la troisième qui s'écrasaient contre le mur face à toi …
▬ HE ! Arrête de péter les assiettes ! Merde, mais t'allais vraiment finir par te faire virer. Mais qu'est-ce que tu lui as raconté dans ton charabia de sorcière ? Il a pas l'air content. Tu recules légèrement tandis que plusieurs verres s'écrasent sur le carrelage à leur tour et puis, tu arraches littéralement la feuille de papier des mains de Keon pour tenter de lire ce qui s'y trouve. C'est censé être quoi ? Tu souffles, t'en as marre. Cette chose était littéralement en train de détruire l'intégralité de la cuisine et de la vaisselle. Je peux peut-être t'aider. Dis moi ce que je dois faire ! La peur était toujours présente, mais franchement, à l'heure actuelle, tout ce que tu voulais, c'était te débarrasser de cette chose malfaisante le plus vite possible. 2981 12289 0
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Comment avait-elle pu oublier une chose aussi importante ? La réponse était simple, elle n’avait vu que sa sœur jusque là, probablement ne c’était-elle jamais sentie épiée, menacée. Keon se mit en action, sans trop savoir ce qu’il faisait, enfin si, mais pas avec une claire certitude. Il aurait bien eu besoin de quelques leçons avant de se lancer dans une aventure pareille ! Le médium attrape du sel, la sauge devrait protéger la jeune femme qui enfin le rejoignit sous le plan de travail. Son incantation ne fonctionne pas, il devait probablement mal prononcer les mots. Pourtant c’était sensé marcher. Le jeune homme est un peu paniqué, cette cuisine, est dans un terrible désordre. Il est déjà bien épuisé par sa longe journée de travail, pourquoi est-ce qu’il avait fallu que ça, ça lui tombe au coin du nez ? Lys... Ah, il aurait voulu ne jamais tomber sur cet esprit là ! Il aurait voulu ne jamais avoir eut l’idée de se pointer chez Zephyr ce soir là. Il a si honte de ce qu’il s’est passé, cela n’aurait pas du lui arriver, pas à lui... Il n’a pas du tout les aptitudes pour tenir ce rôle. Il est une catastrophe ambulante !
Plus il se sent bousculé par la jeune femme, plus il se sent incompétent. Oppressé de ne pas savoir réagir, elle le met d’autant plus face à cette réalité. Mais il n’a pas demandé à être là... Non, il voulait seulement rentrer chez lui. Lorsqu’elle lui demande ce qu’il a fait, ce qu’est-ce charabia, il sent ses yeux se remplir de larmes face aux accusations de la blonde. Pourquoi est-ce qu’elle lui pose toutes ces questions ? Qu’est-ce qu’il en sait ? Ce ne sont jamais que des choses que Violet lui a donné pour qu’il puisse se protéger, mais la preuve étant qu’il... Qu’il n’arrive à rien.
Il prend la main de la médium, serrant ses doigts autour des siens alors qu’elle tient la baguette de sauge qui continue de diffuser cette odeur terrible. Il lève la seconde main pour récupérer sa feuille, lui disant d’une voix rauque tant il retient ses larmes « Si tu connais une prière... C’est l’moment... » Il était plus que sérieux, si elle croyait en quelque chose, alors... Peut-être qu’elle pourrait l’aider. IL place le mantra au dessus de celui-ci et le papier commence à brûler. De toute manière, il ne sait pas le lire correctement et doute pouvoir compter sur elle pour avoir une meilleure allocution que lui. Il devait y arriver, il n’avait pas le choix.
Il les voit ces couteaux qui se pointent en leur direction sur le sol, le long de son tracé de sel. Ils flottent très légèrement au dessus du sol. Il ferme les yeux, laissant perler au coin de ses yeux les larmes agglutinés dans ses globes oculaires. Il n’est pas au meilleur de sa forme, mais il n’a pas le choix que d’essayer. Il pense de toutes ses forces à la signification des mots qu’il a prononcé, nourri cette pièce de son énergie positive. Les portes s’ouvrent avec fracas, les ventilations de cuisine se mettent à tourner en plein régime. Il purifie par visualisation, les énergies négatives sont évacuées par ces nouvelles issues. Les couteaux tombent un a un dans un bruit métallique inquiétant, l’ombre se dissipe, disparait et Keon se sent de plus en plus faible. Happé par son ordre d’évasion. Ce n’est pas la première fois qu’il fait ce genre de chose, il ne contrôle pas ses pouvoirs mais cela fait plus de vingt ans qu’il les utilise sans réellement savoir comment. Il lui est arrivé d’être si en colère qu’il a su bannir des âmes et d’invoquer des choses dont il ignorait l’existence, de servir de vecteur pour de la magie conservée dans l’au-delà, lui, qui avait fait un si long passage dans l’entre-deux...
La sauge s’éteignit d’elle-même, Keon s’écroula sur le carrelage glacé de cette pièce froide qui se réchauffe doucement. Il se recroqueville sur lui-même, transpercé par ses douleurs, ses pensées négatives qui explosent dans sa tête dont il frappe la tempe. « Pourquoi vous ne m’laissez pas tranquille... » qu’il gémit en grelottant, il se sent si seul dans les ténèbres de sa propre tête. Il est enfermé dans ces pensées, dans son dégout, sa haine pour lui-même. Ses doigts sont refermé autour des cendres brulantes du papier qui noircies sa peau.
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Tu as beau le fixer, ce morceau de papier, tu as beau essayer de le retourner dans tous les sens dans l'espoir de réussir à déchiffrer quelque chose : c'est un échec. Tout ça, ça te dépasse. La plante qui se consume, les mots - si ce sont bien des mots - écrits sur cette feuille, le sel. Tout. Et tu as peur, tu as si peur que tes pensées sont parasitées. Tu te mets à chercher Lys du regard parce que t'as envie de lui demander pourquoi, pourquoi bon sang, c'était Keon qu'elle avait pensé à aller chercher ?! Au fond, tu ne le connaissais pas cet homme là. Alors oui, il t'avais aidé, tu ne pouvais pas le lui retirer. Et puis, il avait été dans un moment où vraiment, ça n'allait pas bien pour toi. Pourtant, à ce moment précis, alors que tu sens que tu as besoin de quelqu'un à qui tu peux t'accrocher, tu as l'impression que ce n'est tout simplement pas la bonne personne. Qu'il ne peut rien pour toi. Qu'il est là pour subir avec toi, mais c'est tout. Et il essaye, oui, c'est vrai qu'il essaye, tu vois ses efforts de tes propres yeux, mais t'as tellement peur que t'as envie de lui lancer à la figure à quel point ça ne sert à rien, tout ça. Sauf que tu ne le fais pas. Et alors qu'il te reprends la feuille des mains pour simplement y mettre le feu, tu ouvres la bouche, mais aucun son ne sort de ta gorge.
▬ Une … prière ? Et bien, te voilà dans une situation délicate, Hellebore. Parce qu'il faut le savoir, avant tout ça, tu ne croyais en rien. Tu ne croyais surement pas en Dieu, en tout cas. Tout ça, c'était des choses que t'avais toujours rejeter, des choses qui n'avaient toujours fait que t'effrayer et tu t'étais promise, quand tu n'étais encore qu'une enfant, que tu resterais le plus loin possible de tout ce qui pouvait être … bizarre et hors du commun. Le pire, c'est que jusque là, ça t'avais quand même plutôt bien réussi. Je connais pas de prière …
Ni prière, ni talisman, ça commençait à faire beaucoup n'est-ce pas ? Tout ça, ça ne faisait que mettre en évidence que tu avais énormément de choses à apprendre si tu ne voulais pas te faire dévorer toute crue par ce monde inconnu dont la porte t'étais désormais grande ouverte. Tu étais imprudente. Complètement inexpérimentée. Et le pire, c'est que seule, tu ne pouvais pas y faire grand chose. Subitement, tu te sens coupable. Coupable d'avoir penser que Keon était parfaitement inutile, coupable de l'avoir poussé, de t'être finalement agacée, parce que tu te rends compte qu'il n'est peut-être effectivement pas bien doué, mais qu'il l'est tout de même plus que toi. Lui, au moins, il affronte sa peur, et ça, c'est quelque chose que tu ne sais pas faire. Alors tu te laisses retomber, les fesses sur le sol, le dos contre le pied du plan de travail, tes mains viennent prendre place derrière ta nuque. Tu ne comprends rien à ce qui est en train de se passer. Tu vois les objets qui flottent dans la cuisine, et puis, les portes qui s'ouvrent subitement, sans explications. Tu la sens, cette pression qui s'amenuise jusqu'à disparaître complètement, et tu souffles. Le calme est revenu. Il n'y a plus rien qui bouge dans la cuisine et tu as beau chercher, tu ne la sens plus, cette présence écrasante. Elle n'est plus là.
▬ C'est toi qui … Quand tes yeux se reposent sur le jeune homme, tu constates qu'il est au sol. Il bouge. Mais tu sors de ta cachette pour le rejoindre. Encore une fois, tu te sens perdue. Inutile. Tu étais prête à lui reprocher le fait de ne pas réussir à t'aider tout à l'heure, et cette fois, c'est toi qui est là, complètement impuissante. Alors tu tentes, tu te le secoues légèrement dans un premier temps, tu l'appelles. Merde, merde … Tu gémis, tu te plains. Lys est de retour dans la pièce, alors tu lui lances des regards pleins de supplication mais quand elle essaie finalement de te dire quelque chose, la réalité te frappes à nouveau : tu ne l'entends toujours pas. Alors tu attrapes la main de Keon, tu la sers dans la tienne, le débarrassant par la même occasion des restes de la feuille et puis, tu te penches sur lui, et ta main libre vient se loger sur l'une de ses joues. Et tu continues de l'appeler. T'as l'impression qu'il est là, et qu'il est pourtant si loin de toi … Tu m'entends ? Reviens, reviens vers moi. 2981 12289 0
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Il ne lui en voulait pas à elle, mais à lui-même. Il se maudissait car tout cela avait été de sa faute. Comment pourrait-il lui en vouloir ? Elle n’y connait rien, absolument rien, c’est bien pire que lui. Lui, il avait quelques notions, il avait appris sur le tas, expérimenté des choses plus ou moins utile. Il n’utilise pas les prières chrétiennes, il sait que ça ne fonctionne pas car il n’a pas la moindre foi en dieu. Pas après tout ce qu’il avait vécu, les mantras étaient la seule chose exploitable, car en dépit des horreurs qu’il a subit, il est encore capable d’éprouver une foi si pure en l’être humain, au cœur des gens. Il faut dire, que malgré ses nombreux défaut, il avait ce talent de toucher en plein dans l’âme pour le peu qu’on lui accorde un peu d’attention. Il est fragile, mais il y avait quelque chose de très puissant dans sa poitrine, une force qui bat et le tient toujours en vie.
Seulement, cette force s’affaiblie. Elle se nourrit de pensées morbides qui habitent son cerveau. Ces pensées qui hantent ses cauchemars depuis l’enfance. Petit rayon de soleil qui lave les cheveux de maman, jette les seringues et qui se dit qu’elle va mourir, qu’elle ne reviendra jamais un beau matin, qu’il ne veut pas vivre, que ces copains eux, ne vivent pas ça. Ils vont à Disneyland ou à la piscine, lui c’est le vomi et dream-land lorsqu’il boit un coup. Petit rayon de soleil s’enfuit de la famille d’accueil, il a avalé beaucoup trop de médicament, il ne veut pas finir à l’hôpital, il veut en finir. Il se réveille dans un tas d’ordures, toujours en vie. Petit rayon de soleil étendu contre un cadavre endormi, vampire à la soif repue, vide de tout, même de son hémoglobine, à peine la force de réfléchir… Petit rayon de soleil la gorge grande ouverte, la vie qui s’étale hors de lui. Petit rayon de soleil veut devenir courant d’air.
Ses yeux fixent le vide devant lui, et pourtant il l’entend. Elle lui demande de revenir, mais est-il perdu ? Il n’en a pas l’impression, ses pensées lui font croire qu’il est plus lucide que jamais. Il cligne si lentement des yeux, comme si cela lui demandait un effort considérable. Puis il sent sa main sur sa joue, chaude, douce, bienveillante. Il referme ses doigts sur la main qui vient à leur rencontre. « Ça ne s’arrêtera jamais... On m’y obligera toujours... A faire des choses que je ne veux pas. » Il sait qu’il ne dispose que d’un seul moyen de mettre fin à tout cela. Et encore, il n’était pas certain qu’on lui laisse la paix une fois de l’autre côté. Mais Keon ne parlait pas uniquement des esprits, mais aussi et surtout des vivants... Ou semi-vivants. « Ils ont tous posé leur marque sur moi... Tous. » Oui, chaque personne sur sa vie, ils ont disposé de lui, d’une manière ou d’une autre et on laissé une emprunte plus ou moins indélébile. Il serre un peu plus la main dans la sienne « Mais... Ils ne m’auront pas... Ils peuvent... Bien prendre mon sang, ma dignité... Ils peuvent me briser, casser mes os. Entrer dans ma tête, voler mes pensées... Me contrôler, me violer. » Parce qu’il ne parle jamais de la rue, ça jamais. Il en a touché quelques mots à sa femme, elle sait qu’il s’est longtemps prostitué pour survivre, mais elle ne sait pas que certains ont abusé, qu’ils lui ont fait des choses pour lesquelles ils ne s’étaient pas mis d’accord, des choses qu’il ne voulait pas... Il ne parle pas de toutes ces choses, parce qu’il pense les avoir mérité. « Je vis encore... » Cette main, elle le lui dit, elle le lui prouve. Il est bel et bien vivant.
Les fantômes sont toujours là, présents dans ses yeux sombres qui fixent Hellebore. Ils hantent sa vie, chaque seconde, il sait qu’il n’a pas le choix, que ça a toujours été comme ça pour lui. Peut-être parce qu’il a bien plus de pouvoirs encore, de très grands dons... Il ne sait pas encore ce qu’il est appelle à accomplir, à devenir. Il se croit déjà cadavre, pourtant, il a toujours eu cette force unique de continuer à se battre, à avancer dans cette vie qui l’a tant torturé. Puis il sent les mains de Lys sur ses tempes, il... Il les sent... D’une manière si étrange et doucement, des énergies positives traversent son cerveau. Il n’a pas voulu comprendre, mais ça commence par elle, par Lys. Il n’y a pas que des ennemis. Il peut s’allier, il pourrait accomplir tant car il est capable de ça, d’avoir un lien si fort avec eux, un lien unique qui pourrait lui permettre d’avoir tant d’amis dans la mort, des âmes bénéfiques, il en existe tant, si seulement il arrêtait de fuir. Ce soir il comprend, il fixe le visage de Lys qui lui sourit. « Toutes les marques ne sont pas mauvaises, pas vrai ? » Quelques cicatrices rendent plus fort. Et lui, il en avait beaucoup. Mais il était épuisé, il ne pensait pas même qu’il serait capable de se lever, son cœur est lent, sa respiration l’est également. Doucement, il relâche cette main d’épuisement.
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super Tu la ressens, cette peur, cette panique qui se mêle à ton empathie naturelle. Et puis, ce sentiment d'impuissance qui ne cesse de croître à mesure que les minutes s'écoulent. Une part de toi ne peut s'empêcher de se dire que tu n'aurais peut-être jamais du aller chez Zéphyr, ce soir-là. Tu te sens responsable, parce qu'après tout, si Keon est ici ce soir, et dans cet état maintenant, c'est entièrement ta faute. Tout comme sa rencontre avec Lys est de ton fait. Tu n'es qu'une infime partie de ses problèmes, c'est possible, mais actuellement, c'est tout bonnement comme si tu étais l'origine de tout et ça te mets mal à l'aise.
T'es toute seule. T'as aucune connaissance valable, tu ne sais pas quoi faire et en vérité, tu ne sais même pas exactement ce qui est en train de lui arriver. Ça pourrait être un simple malaise, tout comme ce pourrait être tout autre chose. Alors oui, Hell, tout ce que tu fais, c'est l'appeler, t'essaies de le faire revenir à lui par tous les moyens et ça dure, encore et encore, de longues, si longues minutes qui te paraissent une éternité avant que tu ne sentes une réaction de sa part. Sa main serre la tienne, et puis, tu entends sa voix, ses mots, et même si c'est un peu incompréhensible pour toi, l'entendre parler vient provoquer un soupire de soulagement chez toi. Et puis, tu restes là, sans bouger, à simplement l'écouter. Tu comprends les mots. Chacun d'eux. Pourtant, tu n'as pas l'impression de comprendre tout le sens de ses paroles, tu n'en mesures pas non plus la portée.
Et puis, Lys approche. Elle vient délicatement poser ses mains sur les tempes du jeune homme, et tu ne sais pas bien ce qu'elle fait, encore une fois, tu n'es sans doute pas en mesure de le comprendre, mais toi, tu ressens une légère jalousie. Tu n'es même pas capable de parler à ta soeur, clairement, alors que tu aurais tant de choses à lui dire. Keon lui, semble être capable d'un contact si fort avec elle. Tu détournes les yeux, tu te mords légèrement l'intérieur de la joue en te disant que tu n'as pourtant pas le droit d'exprimer ce que tu ressens, actuellement. La jalousie … est-ce que les esprits étaient capables de ressentir une telle chose, à la fois négative et pourtant, parfois aussi plaisante que dévastatrice. Peut-être que Lys l'avait ressenti, lorsque subitement, tu avais cessé de poser le regard sur elle pour n'avoir d'yeux que pour Zéphyr, quelques jours auparavant. Peut-être que c'était ce que tu avais lu dans son regard …
Un peu brusquement, tu te redresses, tu t'es éloignée de Keon, tu as même repris ta main pour te lever. Tu restes debout, un court instant, au milieu du chantier qu'est devenue cette cuisine que tu viens pourtant de ranger entièrement. Puis, tu fais quelques pas, tu rejoins un placard pour y attraper deux verres et tu attrapes cette bouteille, ce whisky que ton patron gardait ici, farouchement pour en avaler une gorgée quand il y avait trop de monde, trop de boulot à son goût. Tu la fixes un instant, en disant que c'est ce qu'il vous faut, à tous les deux … mais tu te ravises, et tu la reposes, tout comme tu reposes les verres à leur place. C'est pas toi, ça, Hell. La dernière fois, si tu as bel et bien pris une gorgée de la bouteille de Keon, c'était parce que tu allais vraiment mal mais tu refusais de prendre ce genre d'habitude. Alors tu vas simplement attraper deux gobelets de carton que tu remplis de soda frais, bien sucré et puis, tu viens en offrir un à Keon.
▬ C'est bourré de sucre, je sais pas pour toi, mais j'en ai bien besoin … Tu viens en prendre deux ou trois gorgée d'un coup avant de souffler un grand coup. Et puis, tu observes à nouveau les lieux en te disant que vu l'heure, tu allais rentrer tard, très tard. Je suis bonne pour rentrer à pied, quand j'aurais fini de ranger, y'aura même plus un bus pour me ramener. Mais peu importe, hein. Tu as toujours la possibilité d'aller frapper chez Zéphyr, et tant pis pour l'heure, tu savais qu'il ne te le reprocherait pas, au contraire. T'as faim ? Y'a toujours pas mal de restes dans les frigos. Tu devrais manger un peu. 2981 12289 0
J'voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s'annonce pas super
Il est quelque peu délirant, mais ce n’est pas quelque chose d’inhabituel chez lui. Toujours cloisonné dans sa propre tête, il aimerait se laisser aller, juste une fois... Il le sent, ce serait si simple de se dématérialisé à son tour, de les rejoindre dans leur lugubre parade. Mais il ne peut pas, il ne veut pas réellement... Il entend la voix de Violet, doucement dans sa tête. Ce n’est qu’un souvenir, cette bande son qu’elle a enregistré sur son vieux baladeur. Sa voix qui lui rappelle comme il est fort, courageux, à quel point la vie mérite d’être vécue, à quel point il est aimé... Il n’a pas besoin de brancher ses écouteurs pour l’entendre, il écoute ce message quasiment tous les jours ces derniers temps. Il écoute sa voix lui dire à quel point il est important. Il avait étrangement besoin de ça pour y croire, qu’on lui dise que sa vie a de la valeur, assez de valeur pour faire du mal à quelqu’un s’il venait à sous estimer ce fait.
Il reste étendu au sol, un peu plus alerte et réactif à ce qu’il se passe autour de lui. Il est épuisé, cela lui a demandé tant d’énergie. Il commence à comprendre ce qu’à ressenti Violet en puissant dans sa magie pour les protéger. Keon sent sa culpabilité croitre d’avantage, et il sait qu’il ne peut pas se permettre d’être lui aussi épuisé, du moins, pas physiquement, car psychologiquement, il y a bien longtemps qu’il vit à crédit niveau ressources de forces.
Ses yeux regardent Lys fixement, il comprend le message qu’elle lui fait passer si silencieusement. Peut-être doit-il cesser de la fuir, peut-être est-elle sa première alliée. Il ne sait pas quoi en penser, il ajoutera cette question à celles qu’il compte poser à Sean lors de leur prochaine entrevue. Le médium demeura ainsi, se plongeant de l’éternité que forme les yeux de l’ectoplasme penchée sur lui. Il ne voit pas les gestes d’Hellebore, il ne voit pas qu’elle aurait pu choisir de le plonger davantage, qu’elle a pensé – probablement sans vraiment le vouloir – à lui faire du mal en servant de l’alcool. Keon finit par s’asseoir, adossé à quelque chose de métallique terriblement inconfortable. Il sent quelque chose dans sa main, quelque chose de froid. Il n’aime pas boire ce qui ne contient pas d’alcool, il est clairement du genre à se laisser crever de soif.
Il porte le soda à ses lèvres, parce que quelque chose de sucré, c’est bien encore le genre de boisson qui peut passer. Il a du mal à suivre les mots de la jeune femme, son esprit est embrumés par tant de choses, mais il comprend l’invitation à manger, alors il hoche la tête lentement. Difficilement, il avale quelques gorgées de cette boisson pétillante puis sont regard rougi de fatigue se pose sur la blonde. Ses doigts ont capturé les siens alors qu’il trouve enfin la force d’aligner des mots cohérents « Je suis désolé, tout ça est de ma faute. » Ce n’est pas faute de s’être excusé, d’avoir mis en garde. Le jeune homme pose le verre en carton au sol, puis tente de se lever en ajoutant « Je vais tout ranger... » Il ne reste pas bien longtemps sur pieds avant de s’effondrer de nouveau sur le carrelage, son petit corps maigre fit un bruit épouvantable d’ossements, mais ce n’était pas aussi douloureux que cela en avait l’air ! « Il faut... Le sel, ça... ça l’affaiblie. » Oui, il est d’ailleurs assez remarquable que cet esprit soit entré dans le cercle, même s’il était loin d’être parfait. Lys n’avait pas été une simple humaine de son passé, il en était persuadé.
Il se traine au sol pour s’adosser quelque part, grelottant de froid, il sait qu’il ne pourra pas l’aider à ranger. Il voudrait seulement rentrer chez lui, auprès de son chien et de sa femme. « Je n’aurais jamais du te faire ça... Les voir, les entendre... Je ne peux pas t’aider... » Il ne peut pas s’aider lui-même, il s’excuse encore, il s’en veut terriblement. Il n’aurait jamais du obéir, pas sur ce coup là. Il ferme les yeux, se disant qu’il peinera à rentrer chez lui et qu’il ne sera pas que question de bus... Mais ce n’est pas un problème, il sait comment faire, ça ne sera certainement sa dernière nuit dehors. Faut-il encore réussir à se trainer jusqu’au trottoir. « J’vais... Attendre dehors, si tu... T’peux m’aider... » Il a honte de lui demander ce petit service. « Je... Ma femme va venir me chercher. » Bien sur que non, elle travaille jusqu’au petit matin. Il ne lui demandera jamais de quitter son travail pour venir le chercher, même si elle lui en voudra certainement. Il culpabilise suffisamment à son sujet, il est résistant, les nuits dans el rue à Los Angeles sont loin d’être aussi froide qu’au Canada. Il lève les yeux vers Lys qui s’exclame en direction de Hellebore _ Il ment ! A l’expression sur le visage de la blonde, ou plutôt le manque de réaction, il comprend. « Tu ne l’entends pas. » Ne put-il contenir dans sa bouche tant il est surpris. Il est vrai qu’il avait été question de voir, pas d’entendre...
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