Il y avait du monde – trop de monde – pour se sentir à l'aise. Un comble pour Fitz qui jusqu'alors, faisait montre d'une grande sociabilité. Pour sa défense, il avait vécu des choses pénibles récemment et s'était – pour se préserver – isoler des gens et du reste du monde. Alors, pourquoi donc se ramenait jusqu'ici ? Peut-être aurait-il pu missionner sans bras droit comme à l'accoutumée. « Encore faudrait-il qu'il soit là ? » Tranchante et acerbe, la voix de Maze dans la tête de son maître, fit montre d'une amertume qu'il ne lui connaissait pas. Cherchant son familier du regard, Karl fit alors une vieille connaissance en approche, une présence d'autant plus incompréhensible au vu de la phobie d'Ézéchiel Draven, qui n'était pas un grand admirateur de l'art clownesque. « - Tiens, je pourrais te retourner la question ! » Ca lui faisait plaisir de voir une tête familière et qui plus est celle-ci. Les deux sorciers se connaissaient depuis plus d'une vingtaine d'années et se tenaient en haute estime en plus de s'apprécier. D'ailleurs, il n'était pas rare de les voir collaborer ensemble, mais le récent souvenir de leur collaboration donna la chair de poule à Karl. « - Au moins cette fois, on se retrouve dans des conditions plus festives ! » lâcha-t-il à son tour pour tenter non sans mal, de faire preuve d'humour.

La foule grossissait à nouveau, preuve que les adhérents aux frissons étaient légions ce soir. « O non, les ennuis commencent ! » laissa entendre Maze dans la tête de Karl, qui par réflexe se retourna et croisa presque aussitôt le regard de sa rivale – et plus encore, mais gardons les secrets enterrés pour ne pas faire parler les mauvaises langues et leur donner du grain à moudre. Mâchoires serrées, le régent reporta son attention sur son ami. « - Il y a du monde ce soir ! » Il avait aussi remarqué la femme de Keon, un couple qu’il appréciait et dont il n’était pas allé aux nouvelles depuis trop longtemps à son goût. Il avait aussi à ses côtés, d’autres personnes qui faisaient la conversation et semblaient, elles aussi connaître Lyanna. Karl ne savait que faire, ni comment s’adresser à elle depuis la récente découverte venue les ébranler l’un et l’autre, une découverte portant le prénom de Zéphyr. Il ignorait pour l'heure comment se comporter et s’il devait s’en vouloir ou lui en vouloir à elle. « - Qu’est-ce qu’on fiche ici ? » laissa-t-il finalement entendre à son camarade d’infortune.

Tout ça avant que la situation ne prenne une tournure inattendue une fois le bâtiment pénétré. A quoi pouvait-il bien s'attendre si ce n'est des cris et toute une mise en scène venant flatter un folklore inhérent à Halloween ? Et pourtant bien que blasé d'avance, Karl ne pouvait s'empêcher de ressentir ce fameux picotement qui parcourt l'ensemble de votre corps et qui semblable à une petite décharge électrique, vous laisse à penser que la suite des évènements sera moins glorieuse. « - Ezé ? » tenta-t-il presque dans un murmure, tant il était incertain de la réponse. Et à bien y réfléchir, il était tout aussi incertain quant à l'endroit où il se trouvait. L'éclairage n'aidait pas, il fallait le reconnaître, mais il se dégageait de cette macabre mise en scène quelque chose de désagréable qui agaçait le régent de Red House tant il demeurait incapable de comprendre pourquoi de tels sentiments l'animait. Les ténèbres se dissipant de temps à autre par le biais du jeu de lumière, Karl put distinguer la présence de son ami « - Ah te voilà. Ca va ? »  question bête, pourquoi cela n'irait pas ? Et alors qu'il s'apprêtait à animer la conversation, un « crétin » eut la bonne idée de faire ce qui sembla une blague innocente, mais qui en de telles circonstances, était malvenues au vu de la réaction de Karl, prêt à utiliser sa magie « -Wow on évite ce genre de préambule à la conversation ! »  Il était tendu assez pour se montrer hostile et lorsqu'il se rendit compte qu'il s'agissait d'un jeune garçon, il lui pardonna son immaturité. « - Heureusement que personne n'est cardiaque. Nous ne sommes que trois ? Pourtant, il y avait bien toute une file de plusieurs mètres non ? » Pragmatique en plus.

Karl est aussi surpris que moi de me voir ici. Voilà une autre personne que moi qui n'aime pas cet endroit. Alors que mon familier renifle la truffe de celui de Karl, je réponds à mon ami : "Un certain loup dont je ne donnerais pas le nom m'a presque traîné de force ici... Et il se pourrait que j'ai également fait un stupide pari avec mon frère sur le fait de tenir un round face à face avec un clown."  Je me sens mal très mal. Je pensais sérieusement que de voir Karl me ferait du bien mais ce clown horrible me met vraiment mal à l'aise. Néanmoins nous entrons dans la maison des horreurs et nous, nous retrouvons séparé des autres. Bon pourquoi pas...

Dés notre entrée, nous sommes plongés dans un endroit des plus terrifiants. On ne peut pas dire qu'ils ne prennent pas les choses aux sérieux ici, niveau horreurs nous sommes servi autant par le décor d'un rouge dégoulinant que par l'ambiance morbide avec ces corps qui se tortillent de douleur face à nous. Bordel mais où je suis tombé moi ? Shawn je te retiens pour l'éternité mon frère ! Si je sors en vie de cet endroit il faudra que je trouve comment lui faire payer pour cette soirée en enfer. "A vrai dire je ne sais pas vraiment où on est. En tout cas niveau horreur c'est du lourds qu'on a face à nous. Je dois admettre que je ne sais pas si ce que je vois est réel ou juste un décorum glauque et terrifiant."

Alors que je regarde à nouveau autour de moi je remarque qu'un jeune homme est avec Karl et moi même. Je le salue et je lui réponds : "Je suis Ezechiel Draven et oui, je trouve que cet endroit est assez étrange." Oui très étrange et plus j'y reste, plus je me sens envahis d'une sensation étrange et mon familier également. J'espère que cette sensation est due à ma peur précédente du clown l'avenir me le dira...

D'ordinaire Karl n'était pas un adepte de ce type d'animation, s'estimant trop vieux pour se laisser aller à ce genre de sensations en public. Après tout, il était régent et jouissait d'un certain standing. Et même s'il n'accordait que trop peu d'importance à cela, il le devait au moins pour le souvenir de ses prédécesseurs et de l'institution dont il était désormais le garant. Les choses auraient pu s'arrêter là, si l'affreux clown aux commandes de l'animation, n'avait pas instigué une entrée dans son musée des horreurs et séparait la plupart des invités. « Diviser pour mieux régner » et c'était très clairement le cas. Bien au-delà de la séparation, il ne restait à présent ici, qu'un groupe de trois personnes. Les présentations faites et malgré le léger emportement de Karl suite à la blague du jeune homme aux sombres bouclettes, le régent s'était vite repris, comprenant qu'il se tramait quelque chose de louche, ce qui expliquait la tension qui régnait en ces lieux morbides et obscurs trop pour savoir avec certitude s'il n'était question que d'un décor dressé avec un soucis du détail dérangeant ou s'il ne s'agissait pas des éléments d'un décor.

« - Si même toi, le super nettoyeur, tu te montres hésitant sur le décorum, ça ne laisse rien prévoir de bon quant à la suite de nos aventures. » Maze lui-même se prêtait au jeu de la tension et laissait entendre quelques grognements tout en observant les lieux et en prenant le temps de communiquer par télépathie avec son maître.  « - Oui Maze, nous allons suivre ton conseil. Mon familier pense que nous devrions avancer »  Karl tenta quand même de revenir sur ses pas, histoire de mettre la main sur un interrupteur. Il était fort possible qu'il soit dissimulé par le décor, histoire de ne pas mettre à mal l'immersion. Le sorcier ne put toutefois se résoudre à revenir sur ses pas, retenu par une force invisible. « - Nous sommes cernés par de la magie. Quelqu'un s'est vraisemblablement donné beaucoup de mal pour retenir ses invités. » Les scènes macabres continuaient à rythmer l'ambiance, une langue venait même d'être arrachée emportant avec elle toute une traînée de sang qui vint se répandre sur les trois spectateurs privilégiés. « - C'est du vrai ! » laissa entendre Karl loin d'être dégoûté par le flux d'hémoglobine qu'il parvint à identifier sans mal au vu de sa maîtrise du sang. La lumière cessa alors de vaciller « - Restons sur nos gardes ! » Et il avait bien raison de se méfier, car en effet la lumière s'éteignit presque aussitôt les plongeant totalement dans les ténèbres.

« - Lux... » commença le régent de Red-House qui n'eut pas le loisir d'appeler la lumière et se retrouva dès lors saisit par le bras. La lumière vacillante se ralluma presque aussitôt, laissant paraître à travers les murs, toutes une horde de bras qui ne demandaient qu'à saisir ce qui se trouvait sur leur passage. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les bras décharnés et sanguinolent, ne ménageaient pas leurs efforts pour saisir avec force leurs invités. Karl qui cherchait à les chasser y laissa quelques morceaux de tissus. Il fallait courir pour forcer le passage et espérait sortir de là en morceaux. Une course qu'ils entreprirent dans ce long et interminable couloir. Les deux loups en tête de gondole, essayaient de déminer le terrain non sans mal. « - Le couloir est anormalement long vous ne trouvez pas ? » lança Karl le souffle couplé par l'effort.

Lorsque le premier homme se retourna, Jad remarqua aussitôt la lueur d'hostilité dans ses yeux d'un bleu azur. Il s'agissait d'un homme d'âge mûr, doté d'un physique avantageux. Il n'avait rien d'un gringalet. Pourtant, cette simple blague l'avait crispé. Nullement refroidi par sa réaction, Jad haussa un sourcil et contempla avec curiosité cette tension palpable dans l'attitude de cet inconnu. Il n'avait pourtant pas l'air d'une fillette impressionnable ?
« Vous avez raison. Nous sommes dans un cirque après tout, on n'est pas là pour rigoler. »
Un enterrement à la rigueur aurait été plus adéquat, mais...
Bien que ses paroles ressemblaient à des sermons. Jad hocha gravement la tête, ne laissant filtrer aucune expression particulière.
« Je m'en serais voulu de vous tuer si vite. Et hmm en effet. Nous sommes les trois survivants on dirait bien. »
Il se serait amusé de ses propres sarcasmes si la situation ne lui avait pas parue si saugrenue. Les deux hommes qui l'accompagnaient semblaient si raides, comme si réellement ils avaient des raisons d'être inquiets. Il s'agissait pourtant d'adultes d'âge mur, tous les deux, et à première vue, ils dégageaient du charisme et de l'assurance. Ils ne semblaient pas du tout apprécier de se trouver là. A vrai dire, ils semblaient peut-être trop sérieux pour s'amuser à se faire peur dans une fête foraine. Qu'est-ce qu'ils étaient venus faire dans un tel lieu ? Ces questions traversaient l'esprit de Jad tandis que l'autre homme, le propriétaire du chien, le salua avec plus de calme et se présenta.

« Moi c'est Jad. » Dit-il simplement avant d'observer les environs. Jad appréciait les décors glauques, ses goûts artistiques étant parfois très morbides. Peut-être était-il constamment à la recherche des extrêmes, pour espérer ressentir une bribe d'émotion et se sentir vivant. Jusqu'ici, il ne ressentait rien de particulier en dehors d'un sentiment croissant de curiosité. Son attention se posa à nouveau sur les deux hommes, les interrogeant du regard, tour à tour.

« Peut-être que le clown a l'entrée a dévoré ma copine et tous les autres. Ou peut-être que les organisateurs nous ont juste séparés pour qu'on apprécie mieux le show.  »

Bien que prononcée sur un ton impassible, une once de moquerie planait dans ses suppositions. Jad se plaisait à jouer les humains, inconscients de l'existence du surnaturel. Néanmoins, ces deux hommes, dont la présence détonnait dans ce lieu, lui laissait croire qu'ils n'étaient pas des personnes ordinaires. La scène était lugubre, il devait tout de même l'avouer. Du vrai ? La remarque de Karl paraissait tout à fait crédible. Désormais, il semblait clair qu'il ne s'agissait pas d'une mise en scène, l'odeur du sang était réelle.

Jad n'eut pas le temps de courir, il se tenait bien trop près du mur lorsque soudainement des bras l’attrapèrent. Il fut ainsi happé dans l'obscurité, sans émettre le moindre cri, et disparu du champs de vision de ses compagnons d'infortune.

[hrp : je me retire du sujet, sorry, je pense que c'est mieux pour ne pas vous bloquer   ]