Dans les rues de la capitale de la Moldavie, les prêtres orthodoxes avaient toujours été d’un grand secours pour les orphelins des rues. Même si Sanda n’avait pas vraiment besoin de nourriture, elle l’avait prise et l’avait donné à d’autres, cela l’avait aidé à nouer des liens et à gagner des alliés, les vêtements par contre même pour une croque c’était toujours utile. Elle s’était laissée baptiser, même si elle avait hurlé comme un putois enragé pensant qu’on tentait de la noyer. Parfois elle avait raconté son histoire, en excluant le fait qu’elle bouffait des enfants on lui avait dit que son frère était probablement au paradis que dieu lui avait pardonné et cela l’avait drôlement consolé à l’époque. C’était pour ça qu’arrivant à Los Angeles, elle avait erré automatiquement pour trouver une église orthodoxe à l’époque comme un repère familier dans cette ville qui lui était si étrangère, cette ville si immense. C’était un vrai labyrinthe, elle avait 15 ans quand elle avait vu cette église là, elle baragouinait l’anglais à présent, cela faisait plusieurs mois qu'elle vivait dans la cité des anges. L'adolescente était alors entrée dans le confessionnal et elle avait avoué son fou désir de posséder de l’aquarelle, de la voler, c’était à Stolas qu’elle parlait. La moldave ne faisait pas son âge elle semblait si jeune elle avait un retard de croissance à cause de la pauvreté, il l'avait prise pour une gamine de 12 ans, elle avait affirmé ses 15 ans révolu, vexée. La réponse abrupte de l’homme lui avait plu, son manque de douceur, de faux semblant l’avait mise à l’aise. Il lui avait dit bien sûre de ne pas voler l’objet, quelques jours plus tard elle revenait et avouait qu’elle avait tenté de faire une pipe à un professeur, mais que ça n’avait pas marché et qu’on l’avait grondé. Elle avait fait ça pour pas voler, pour gagner de l’argent, Marie-Madelaine était une pute et on lui avait pardonné, est-ce que Dieu lui pardonnerait d’avoir été une pute ? Tant de violence dans la bouche de cette adolescence et tant d’innocence aussi. Elle était revenue régulièrement, peu à peu elle lui avait avoué des choses de plus en plus sensibles sur elle dans un mélange d’innocence, de violence et de soumission envers son statut d'homme de Dieu. Elle n’en disait pas tant à son psy, elle restait souvent sur sa chaise, elle répondait sommairement à ses questions. Il avait l’air trop gentil, trop propre, soit c’était un monstre déguisé en agneau, soit il ne pourrait jamais la comprendre, elle n’avait pas confiance, mais Ambrosia tenait à ce suivi, elle le pensait bénéfique, elle ne savait pas que c’était la confession auprès de Stolas qui lui permettait de se libérer. Avec le temps elle avait beaucoup avoué sur son passé sauf le meurtre de son père, car elle avait peur de la prison. Elle n’avait pas parlé des viols de son père non plus, mais elle lui avait demandé comment Cain et Abel avait eut des enfants sans soeur avec leur mère Eve peut-être ? Elle ne comprenait pas. Personne ne lui avait appris la bible. On l'avait baptisé ok, mais un peu à la va vite pour pas qu'elle finisse en enfer si elle crevait de faim, on avait eut pitié d'elle. Sanda était restée fidèle à cette Eglise ou plutôt à ce prêtre, la vie de chasseuse de prime était violente, des pêchés elle en commettait toutes les semaines. La veille elle avait tiré une balle dans l’épaule d’un de ses clients pour la peur, pour se nourrir, au flic elle avait prétendu légitime défense comme toujours et ça avait marché, les flics n’en avait rien à faire de ces racailles, mais pas Dieu, alors elle allait devoir se confesser. Il faisait chaud aujourd’hui alors elle ne portait qu’une simple robe noire sans prétention avec des converses de la même couleur, elle avait même attaché ses cheveux en un chignon de danseuse sage. Elle était sans arme quand elle s’agenouilla dans le confessionnal ce qui était extrêmement rare.
- Hey. Bon Stolas j’ai encore merdé, rien de nouveau sous les tropiques, c’est ça qu’on dit, non ? Prêtre Stolas, j’veux dire, se reprit-elle. Bref.. Désolée… Euh ca va ? T’étais zarb la dernière fois.
Dernièrement il avait un peu changé, il était plus calme, moins enclins à lui rouspéter dessus, il était bizarre, alors elle pensait que quelque chose n’allait pas dans sa vie, c’était sa théorie du moment et le bombarder de question c’était plus simple d’avouer qu’elle avait encore pêché et puis comme ça il serait ptete moins sévère. Elle n’aurait peut-être pas du exploser l’épaule de ce gars, un coup de tazer aurait suffi, mais il aurait eu moins peur et moins mal. Les croques ne se nourrissaient pas de douleur, mais elle ça lui plaisait, toute son enfance on l’avait frappé, elle s’était sentie sans pouvoir, c’était différent maintenant.
Confession alambiquée ... Come on in, child, take my hand. ••• Quand le Blightsower avait lié son âme à quelque chose de beaucoup plus puissant, il avait, à son insu, renoncé à vivre son existence de façon directe ; l'usurpateur la menait pour lui, désormais, et le damné n'en était plus que le spectateur impuissant. Chaque jour passant l'enlisait un peu plus dans le chancre démoniaque. S'il lui arrivait parfois de se ressaisir, la torpeur dominait, la majeure partie du temps, à présent. Cela n'avait pas grande importance : Stolas ne comptait pas beaucoup de relations proches. Pratiquement personne ne pourrait se douter de la présence du parasite ; bien qu'à mesure d'avoir fréquenté l'église au travers du Sorcier, quelques souvenirs de la carcasse possédée revenaient au Démon par moment. Notamment lors des temps morts au confessionnal ... Le plus marquant demeurant celui d'une jeune femme, qu'il avait connu bien des années auparavant. Il l'avait vue évoluer ; l'avait prise en pitié, assez pour ne pas envisager de l'emmener faire une promenade nocturne sans retour, dans les bois les plus proches. En une décennie environ, Stolas avait essayé de l'aider, à son échelle ; de la corriger peut-être un peu aussi, pour qu'elle s'intègre au mieux à la vie à Los Angeles. Il s'était agi d'une entente étrange, mais pas déplaisante ; en tout ce temps, elle avait aussi eu l'occasion de découvrir les côtés revêches de l'homme de foi. Il avait parfois partagé quelques bribes de sa propre existence ; celles qui ne comprenaient pas les morts dont il avait pu être responsables. C'était un lien singulier ; tous deux se considérant de bonne compagnie ... Jusqu'à l'erreur du Sorcier, qui avait provoqué quelques changements, dernièrement.
Le son de pas s'approchant de la cabine de confessionnal où il était enfermé avaient sorti le Démon en soutane de ses songes, alors que son regard se porta vers la grille en bois derrière laquelle il vit un visage familier prendre place. Sanda ... C'était elle. Irrésistiblement, il n'avait pu s'empêcher de scruter l'âme de la nouvelle arrivante en croisant son regard malgré la fine cloison qui les séparait ; découvrant par la même que Stolas avait longtemps cru fréquenter une humaine, alors qu'elle était une dévoreuse d'enfants ... Le monde perçu à travers les yeux d'un Déchu prenait une toute autre dimension ... Surtout pour celui qui était relégué à l'observation. Bien sûr, le Démon connaissait les rapports qu'ils entretenaient ... Mais comment synthétiser près de quinze ans de discussions pour connaître à la perfection le comportement qu'il avait avec elle ..? Voilà pourquoi sa conduite était porteuse d'écueils divers. Certains plus discrets que d'autres ...
Malgré tout, Stolas avait toujours eu cette pointe d'amertume caractéristique, ponctuant ses mots. Quelque chose qui s'était étrangement atténué, autant que sa pseudo sévérité d'église biaisée. Ne demeurait plus que le calme, car le Démon réprimait au plus ce qui aurait pu attirer l'attention sur lui ; ainsi, après cette preste introduction, là où la jeune Sanda aurait eu droit à quelques mimiques exagérées de désespoir de la part du prêtre, ou un « .. Sanda, comment veux-tu que le bon Dieu te pardonne si tu t'y prends comme ça ?! », l'accueil avait été placide. Trop.
« Bonjour Sanda. Nous ne sommes pas ici pour parler de moi ... Et tu n'es pas sans savoir que dissimuler ses péchés au regard du Seigneur est bien pire que de les faire absoudre en me les confiant ... N'omets rien ; et n'oublie pas que rien ne sortira d'ici. »
Habituellement, il lui aurait même fait reprendre en grande partie son arrivée au confessionnal ... Ainsi que sa façon de s'y présenter. Pour quelqu'un qui côtoyait autant ce lieu, et était si attachée à Dieu, elle connaissait forcément ses convenances ... Mais le Démon avait été trop absorbé par la saveur saumâtre qui inonda sa bouche, quand il prononça le nom de celui à qui l'humanité attribuait à tort la qualité de la miséricorde, alors que pour lui, il n'était synonyme que de sa déchéance.
Comme toujours aussi délicate qu’une camionneuse Sanda avait débarqué pour faire sa confession hebdomaire. Brute de décoffrage même si elle l’avait toujours été, Stolas n’avait jamais cessé de râler comme quoi elle s’y prenait mal, même si elle sentait au fond de la tendresse. Pourtant là pas de juron, un calme vraiment trop étrange, à croire que c’était son jumeau ou une blague dans le genre. C’était ce qu’elle aurait pensé si elle n’était qu’humaine, mais là entre esprit, ange et démon, Stolas pouvait vraiment ne pas être Stolas et pas non plus un jumeau. Une fois elle aurait mis ça sur le dos d’une sale journée, mais là ça devenait franchement bizarre. En 14 ans elle avait assez jacassé avec lui pour ne pas se sentir crâneuse de penser l’avoir un minimum cerné. Elle resta cependant calme si ça se trouve elle se prenait la tête pour rien, elle avait parfois tendance à être un brin paranoïaque elle le savait, son psy le savait et même Stolas le savait, des séquelles de son passé.
- Euh pardon, balbutia-t-elle. Nope, z’avez pas tort, c’moi qui doit parler. Hum, hum, se râcla-t-elle sa gorge de grosse fumeuse. Mes péchés… Donc, hier j’faisais mon job, celui d’arrêter des sales types, j’espère que Dieu voit comment j’me casse le cul, enfin oui il voit tout je le sais bien. Bref… J’ai p’tete un peu exagéré en tirant dans son épaule avec mon arme de poing, je ne voulais pas qu’il s’enfuie comme un lapin, mais en toute honnêteté j’aurais pu viser entre ses jambes plutôt que dans son son épaule. Quand j’dis entre ses jambes ce n’est pas son asperge, non juste entre ses pieds, v’là c’est mieux dit, ç’aurait probablement suffit pour qu’il se pisse dessus. Sont pas très courageux les types que je poursuis j’suis chasseuse de prime, pas Marshall, c’est eux qui s’occupe des gros calibres. J’aurais bien aimé, mais c’est trop casse pied, trop de réglementation…
Bon ce qu’elle ne pouvait pas détailler c’est que c’était trop réglementé pour qu’elle terrorise ses proies, la peur de ses clients étaient une part de ses repas non négligeable, cela lui évitait de chercher du gosse tous les 4 matins.
- Puis faut avoir faire l’armée et vous le savez bien j’suis pas méga doué pour obéir à part à Amb bien sûre et à Dieu, parfois, la plupart du temps, enfin elle essayait, sauf quand elle devait manger, elle volait pas mal, mais ça tenait plus du toc que d’une vraie volonté contrôlée, Dieu comprendrait. Mais vous êtes certain d’aller bien ? ne put finalement s’empêcher de demander l’impulsive Sanda. J’sais que vous êtes mon prête, mais j’peux être votre amie, j’vous ai toujours bien aimé, vous êtes cool, un peu grincheux, mais j’préfère, je hais les gens mielleux c’est les plus perfide, c’est ça l’mot j’crois.
Confession alambiquée ... Come on in, child, take my hand. ••• La jeune Croquemitaine marqua un temps d'arrêt, comme quelque peu perturbée par la présence de Stolas qui avait été un soutien sans faille pour elle, au cours des dix dernières années. Remous apparent ... Mais que le Démon ne pourrait plus endiguer, d'ici peu. C'était l'inconvénient de partager une enveloppe charnelle ... Une âme assujettie n'ayant plus rien ni personne n'avait aucune raison de lutter et était, par définition, plus facile à anéantir ; mais, ce Sorcier-là voyait au travers de la brune rachitique, l'espoir de se tirer de son mauvais pas. Une lueur qui se mourrait de jour en jour, mais à laquelle il ne parvenait à renoncer, d'autant plus devant la pupille de l'église éberluée, qui n'était pas si aveugle que cela. La placidité n'était jamais bon signe ; d'autant plus lorsqu'elle savait que les méthodes qu'elle employait auraient à coup sûr hérissé le poil de son mentor, qui n'aurait pas hésité une seule seconde à quitter la cabine pour venir la corriger directement à la source.
Mais à mesure qu'elle parlait, il n'y avait rien. Pas de réprimande. Pas d'indignation. Pas d'exigence de sincérité. Pas non plus de requête pour qu'elle y mette plus de cœur ... Rien qu'un silence, brisé de simples questions.
« Comment te sens-tu ? Ta Foi est-elle toujours intacte, et absolue ? »
Son regard reflétait une brillance étrange. Un intérêt nouveau, mauvais pour elle, mais bénéfique pour l'entité démoniaque ... Raison pour laquelle il se renseignait sur le degré de croyance de l'agneau venu se jeter dans la gueule du loup.
« Le Seigneur est magnanime, bien sûr qu'il comprend les raisons de tes gestes. »
Les paroles se voulaient rassurantes ; peut-être un peu trop. Volontairement négligentes dans quant à la réclamation de rédemption de la pécheresse, pour la pousser au vice, en la détachant progressivement d'un chemin si peu sévère, puisque le Seigneur pardonnerait sans peine chacune de ses fautes ...
L'instruction nocive du démoniaque se vit néanmoins compromise : la Croquemitaine se mettait à poser des questions avec plus d'insistance, comme ayant senti le vent tourner ... Soumettait ses curiosités déplacées, qui perturberaient la nonchalance qu'il exhibait froidement, et qui ne lui était pas propre ; pas avec la juvénile, en tout cas.
« Je- ... Je vais ... Bien ... San-...da ... »
Quelques tics nerveux commencèrent à assaillir le faciès de l'homme, en même temps qu'il bredouilla, dans cet état de transe ; passant du simple saut de paupière, à un tressaillement plus global, entrecoupés de quelques sons gutturaux inarticulés. Des mots inintelligibles, qu'il avait, sembla t-il, été incapable de prononcer. Puis, aussi soudainement que cet égarement était arrivé, il se stabilisa vaguement, détachant aussitôt son regard de celui de la surnaturelle. Sur les derniers instants, ce contact visuel aurait transmis l'once d'une détresse indicible, et silencieuse, de la part de son interlocuteur ... Tout au moins, du plus indirect.
« Hmpf ... Je ... Dois aller m'aérer. »
Dit-il, en une légère quinte de toux. Le prêtre se tint le front brièvement ; et en un reniflement irrité, quitta promptement l'isoloir. Il n'adressa pas un mot ni un regard à la jeune femme. D'un pas mal assuré, néanmoins pressé, l'usurpateur chercha manifestement à trouver refuge dans la Sacristie vers laquelle il se dirigeait, et où il serait supposément à l'abri des regards ... Sans vraiment se concentrer sur autre chose, que sur la rébellion de l'âme du Blightsower. Il en oublia presque momentanément la fouine nocturne à ses trousses ...
Les confessions de Sanda étaient toujours distraites et colorés, elle se faisait souvent gueuler dessus, voir attraper par le collet. Elle était la mauvaise graine de cette église, le mouton noir. Sa foi était sincère, de toute façon elle savait que Dieu existait vraiment, y’avais les anges et les démons, donc bon ce n’était pas à prouver et ceux qui n’avait pas la foi avait de la merde dans les yeux à son humble avis. Mais malgré sa foi il lui était compliqué de rester dans le droit chemin, une enfance trop violente et trop traumatisante avait fait d’elle cette femme qu’elle était aujourd’hui et si Ambrosia avait clairement sauvé un peu les meubles, elle ne pouvait pas même avec tout l’amour du monde effacer 14 ans de merde. Sanda se considérait comme stupide, mais son métier de chasseuse, son enfance avait développé en elle l’instinct, puis elle connaissait bien Stolas. Il était vraiment bizarre, bien trop complaisant et ça ne lui plaisait pas, elle venait ici pour qu’on la remette dans le droit chemin, pour qu’il lui botte le cul pas pour ce qu’il était en train de lui débiter.
- Ma foi s’ra toujours intacte Stolas, euh Prêtre Stolas, les anges et les démons existent c’pas des contes de fée, j’le sais, elle disait la vérité, elle l’avait toujours clamé. Il devait la croire un peu perturbée par moment, mais elle s’en fichait, elle lui disait la vérité même si c’était compliqué et même si parfois elle mettait quinze plombes à l’avouer. J’me sens naze comme toujours, mais c’est plus fort que moi, j’pourrais dire que c’est le diable, mais j’sais que c’est moi.
Sanda poursuivit sa confession. Elle tirait sur ses doigts nerveuse et elle observait Stolas à travers la grille, son regard était pénétrant, étrange. Il continuait d’être bizarre et elle commençait à se dire que c’était ptete pas de la paranoïa de sa part. Puis soudain Stolas bugua comme dans les films, comme si un combat intérieur se faisait. Elle n’avait jamais vu ça, elle ne se mêlait pas trop aux surnaturels de la ville sauf parfois à ceux de l’Arène et parfois à des bars pour l’alcool, mais genre elle ne discutait pas vraiment avec eux, elle observait en silence dans son coin et si on venait lui parler 90 pourcent du temps elle rembarrait. De tête elle connaissait 3 esprits à tout casser, elle avait croisé des démons de très loin, ne valait mieux pas s’en approcher et généralement il se la jouait discret, mais les démons avaient aussi leur casos faut croire. Stolas ou pas, elle était encore dans le questionnement expliqua qu’il allait sortir s’aérer. Impulsive et sans songer aux conséquences de si elle faisait face à un démon et pas un simple esprit facilement maitrisable, elle sort du confessionnal et courut pour enserrer de dos le prêtre. Ce n’était pas vraiment son genre, ni celui de Stolas les câlins, elle voulait juste voir comment il réagissait.
- J’suis là, t’étais là pour moi après tout, putain autant de niaiserie c’était pas son genre, même si au final elle disait le fond de sa pensée, il avait été là pour elle, alors si il y avait un problème elle serait là pour lui.
Confession alambiquée ... Come on in, child, take my hand. ••• Dans les relations humaines, la spontanéité était parfois l'un des plus beaux spectacles qui puisse être donné à observer, au cours de l'existence des mortels. Tantôt insondable, tantôt déconcertant ... Même pour leurs acteurs. Le Sorcier Noir n'aurait jamais pensé s'émouvoir du sort passé d'une misérable, à l'époque ; cela justifiait pourquoi auprès d'elle, il avait fait son possible pour l'aider sincèrement à poursuivre un chemin plus paisible que celui qu'il avait choisi d'emprunter, sous l'influence de l'Infortune, tout comme elle s'était apprêtée à le faire lorsqu'il l'avait rencontrée. Vouloir la pousser dans la Lumière, plutôt que de l'entraîner dans l'Obscurité à laquelle il avait succombé ... Quelle étrange malice, de la part de son humanité. L'unique faille de bienveillance ... C'était elle. Et elle était également la source de cette scission intérieure, perceptible ; à défaut de pouvoir la guider, Stolas refusait d'être pour elle la source de plus de mal ... La brebis galeuse ne risquait plus uniquement l'égarement, désormais seule ; son nouveau faux-berger compta bien la saigner à blanc, avant qu'elle ne l'eut anticipé ... Projet compromis par l'autre, actuellement.
La confession prématurément interrompue, le prêtre se déroba à ses obligations devant la pénitente qu'il n'aurait su tromper. Le pas pressé, le regard uniquement orienté sur la porte fermée qu'il voulait atteindre ... Puis, cette étreinte, qui l'eut glacé sans délai. La chaleur affectueuse qui conforta le Sorcier dans sa persévérance, plutôt que dans l'abandon ... Ces mots prononcés, inconsciemment en rapport avec sa situation, mais ô combien rebectant pour l'âme prisonnière de son propre corps. Le sentiment d'être entendu était d'un soulagement innommable. Malgré tout, l'homme de Foi s'était défait brusquement des bras de la chasseuse de prime, qu'il fixa dès lors qu'il fut retourné ; l'ire dans les yeux gris du prêtre se dilua en une confusion fugace, une absence ... Avant qu'il ne se reprenne.
« ... Sanda ..? »
Il lui parut presque étrange d'entendre son propre appel enfin prononcé de vive voix, directement porté vers la destinataire, et non plus uniquement tu dans une dimension plus psychique. Libre ... Après au moins une année de silence. Une année d'emprisonnement sourd, à s'observer être la marionnette d'une force écrasante ... Proche de l'abandon, Stolas imagina qu'il s'en était fallu de peu, avant que sa damnation ne vire à l'éternité.
« Sanda ! »
Curieusement, il l'avait gratifié d'une accolade, à son tour ; ce n'était pas dans ses habitudes, mais le goût de la liberté fraîchement retrouvée le mettait dans un drôle d'état. Son euphorie temporaire le ferait passer pour un dément, à n'en pas douter ; il agissait à part ... Comme s'ils se croisaient réellement pour la première fois depuis de longs mois. De très longs mois ... Alors même que la visite au confessionnal n'avait atteint son terme qu'il y a une petite minute environ.
« Je crois que j'ai fait une petite connerie mais je ne pense pas que tu y puisses grand chose ... Il ne faut plus que tu ... »
Il s'était arrêté un instant, sourcils froncés, peu sûr qu'elle l'écoute. Mains sur les épaules de la brune, il la secoua doucement pour tenter de capter son attention. Il eut momentanément comme cette impression d'être dans un songe onirique ; que tout ceci n'était pas réel ... Car tout fut bien trop calme.
L’instinct, cet instinct elle l’avait toujours eu, elle avait d’abord protégé son frère et sa sœur avec en prenant toute la colère et le vice de son père sur elle. Cet instinct lui disait que quelque chose n’allait pas, cet instinct lui disait que quelque chose clochait. Oui elle n’était peut-être pas une grosse tête, mais elle avait au moins ça. Elle ne reconnaissait pas le prêtre dur et râleur qui lui faisait face habituellement, cela faisait plusieurs fois qu’elle le trouvait bizarre, au départ elle avait mis ça sur le dos de soucis personnel qu’il ne voulait pas partager, mais cela durait dans le temps, elle ne pouvait plus fermer les yeux alors elle provoquait. Elle lui avait couru après et elle l’avait pris dans ses bras chose qu’elle n’avait jamais faite, ce n’était pas son genre les câlins. Elle entendit son prénom d’bord dit doucement, puis répété presque comme un cri et son sang de glaça, là elle sentait que c’était lui. Il c’était retourné et Sanda avait sourit elle le reconnaissait elle savait que c’était lui. Il l’a prit à son tour dans ses bras et pour dire vrai elle qui détestait pourtant les preuves d’affection adora celle-là, cette preuve là la rassurait tellement, Stolas était là, il y avait quelques choses qui clochait mais il était là, il était encore là son prêtre préféré à qui elle ne l’avait jamais avoué. Il lui annonça avoir fait une connerie.
- Sans blague Stolas. Qu’est-ce que t’as merdé ?
Dans son esprit il ne lui venait qu’une chose pourtant, même si elle avait peur d’y croire. S’il disait avoir merdé c’était qu’il avait invoqué, mais démon et esprit c’était possible ? Mais un esprit pouvait-il écraser la personnalité de son hôte aussi facilement ? Stolas avait un putain de caractère, pourvu que se soit pas un démon, pourvu que se soit pas un démon, supplia intérieurement la croque. Il y avait Keon, mais c’était une lavette ce médium elle ne pouvait pas compter sur lui, mais elle avait que lui, bon sang pourvu que se soit juste un esprit elle trouverait bien un médium, à l’arène maybe, au moonlight et même si elle devait se faire éjecter elle se rendrait au Lux. Elle n’abandonnerait pas le prêtre hors de question, il faisait partie des rares personnes à qui elle tenait un peu. Stolas en face semblait paniquer, alors tant pis Sanda le pris de nouveau dans ses bras.
- J’vais pas t’abandonner j’te l’ai dit. Démon ou esprit ? Répond-moi crétin ! Elle le secoua un peu brusque. J’suis zarbi j’connais des médiums ils savent exorciser j’te jure que j’te ment pas comme quand j’te disais que j’savais que les anges et les démons existaient parce que j’en avait vu ou entendu parler par des gens fiable, j’peux t’aider j’te le jure et je le ferais… J’te mens presque jamais et jamais sur les trucs très grave… Putain t'as branlé quoi Stolas!
Confession alambiquée ... Can you hear me ? 'Cause I'm lost. ••• Son regard terne, inquiet, s'accrocha aux traits de la brune, dont il observa les lèvres s'articuler en des mouvements silencieux, dessinant des mots qu'il fut capable de lire dans une certaine mesure ... Au-delà de la légère inspiration qu'il eut pris, pas un bruit ou un mot n'eut franchi le seuil de ses lèvres. Bien sûr, Sanda demeurait une aide précieuse, mais l'hésitation lui coûta probablement l'unique chance qu'il eut de freiner ses tourments, et les dégâts qu'ils engendreraient. Raconter honnêtement ce qui lui était arrivé reviendrait à se compromettre au regard de la candide ; la confronter à une hideuse réalité dont il avait tâché de la préserver jusqu'alors ... Trahir la confiance qu'elle avait placé en lui. Admettre qu'il avait menti tout ce temps. Car, le prêtre auquel elle se livra ne fut jamais vraiment probe, envers elle ...
Il aurait pu choisir la duperie pour cette fois, et même feindre la mauvaise tournure d'un exorcisme ; mais il en fut incapable. Se taire sur ses propres secrets avait quelque chose de bien plus différent que l'affabulation pure et simple. Et, il refusait de la considérer comme les autres. Elle n'était, et ne méritait pas d'être traitée en jobarde. Aussi, si tout avouer revenait à se sauver, cela revenait aussi à détruire potentiellement l'un des rares et fragiles liens à peu près sincères qu'il prit la peine d'entretenir à l'heure actuelle, et ces quatorze dernières années. Stolas n'était pas suffisamment égoïste ; il lui aurait fallu ne songer qu'à son salut bien avant la gamine, ou les réactions que pourraient entraîner de telles révélations. Mais il persistait. En ce jour, ce manque d'honnêteté mutuel leur coûterait cher ; même ce qu'il avait appris sur la nature de sa pupille dévote au travers de la clairvoyance du Démon, n'aurait su le décider.
« ... C'est compliqué, hm. »
Puis, Stolas était resté coi. Mutique ; car il s'était peut-être décidé à parler ... Ce qu'elle ne saurait jamais, étant donné qu'il fut inapte à dévoiler quoi que ce soit sur la sombre évocation qui l'avait mené là. Ses mâchoires restèrent serrées ; sa bouche fermée ... Cousue comme s'il n'en eut jamais. Son Maître n'était pas vraiment en accord avec sa décision ... Et peut-être s'amusait-il du spectacle qu'il lui était donné de voir. La prise des mains du prêtre dans le dos de la jeune femme se serra en une pression d'appréhension, avant de se relâcher nette. Les yeux du Sorcier se voilèrent ; pendant un instant, il ne subsista plus rien des reflets d'une humanité connue dans ses iris gris. La croquemitaine secoua un pantin inanimé, vide, dont l'éclat de vie ne revint qu'après de trop longues secondes de lutte.
Ses paupières papillotèrent, peu avant qu'il revienne. De nouveau, il fixa la brune fluette ; plus sceptique que vraisemblablement indigné, lorsqu'elle lui parla de faire appel à un Médium. En tant qu'humain pieux, il aurait exposé sa réticence, et même son refus, de donner la moindre piécette à l'une de ces ignominies ... Rôle plus aisé à tenir sans possession, même pour un Sorcier Noir.
« M'ah, tu penses vraiment que tes charlatans pourront y faire quelque chos- ... Eh ! Comment ça, "je te mens presque jamais" ... ? »
Aveux et propositions ne faisaient pas bon ménage ... Même maintenant. Si ce n'était pourtant pas le moment, le prêtre plissa les yeux en fixant la brune.
« ... Je fais l'impasse pour cette fois, hmpf ... Puisque t'es calée sur le sujet, comment je suis censé pouvoir faire la différence entre un Esprit ou un Démon ? ... Et puis, à qui tu veux faire appel ? Il ou elle à un nom, forcément ... »
Il acheva par une phrase à peine intelligible, marmonnée dans sa barbe.
« J'espère quand même que c'est pas le premier truand mouisard venu ... »
Sans blague songea Sanda surtout s’il avait appelé un démon, bien que cela lui semblait peu cohérent, c’était un prêtre pourquoi il ferait ça. C’était bizarre et ce n’étaient pas les sorciers qui avaient ce pouvoir là en plus ? Cela devait être un esprit, ouai c’était bien plus probable ça trainait comme de la vermine ces choses-là. Comme Amarante Byron, si c’était son vrai nom, cela ressemblait à un nom de roman, mais en même temps il parlait d’une grosse connerie, comme si c’était donc quelque chose de volontaire. Puis soudain revirement de situation, voilà qu’il la gronde, un peu comme avant et qu’il lui demande en quoi ces charlatans aideraient et comment ça se fait qu’elle ment.
- Stolas ? questionne-t-elle perplexe devant le flot que lui crache le prêtre.
Sanda aimerait pouvoir être certaine de s’être trompée, mais elle doute, elle ne sait pas. Ca ressemble à Stolas et en même temps c’est bizarre, quelques secondes plus tôt il la serrait dans ses bras et là il la gronde, il semblait plein de désespoir et il ne l’est plus. Il ressemble plus à Stolas, mais toute cette situation est fort étrange. Elle est là muette et tétanisée, elle ne sait plus quoi dire, que penser et que faire. Mais quand il lui demande son nom elle trouve ça encore plus étrange et elle recule d’un pas.
- Pourquoi tu veux leur nom ? Tu veux les taper ? Parce qu’ils m’ont entré des conneries dans la tête ? C’est ça q'tu veux faire ?
Elle n’arrive pas à trancher et cela la rend dingue, elle est sensée le connaitre, mais là à présent elle doute et elle est obligée de le provoquer pour vérifier, tant pis s’il la déteste après, si il a des soucis elle préfère le savoir.
Confession alambiquée ... Eaten up inside. ••• L'incohérence de ses comportements put être perçue de trois façons majeures différentes : la légèreté de ses réponses, le temps qu'il accordait aux détails de si peu d'importance, auraient pu laisser penser qu'il était habité par un esprit, justement ; son effarouchement initial résultant alors du simple fait qu'il soit un humain et que la capacité à comprendre son propre sort fut hors de sa portée ... Restait aussi la possibilité que la possession l'ait déboussolé, au point de l'égarer un peu, après qu'il ait repris le contrôle. Ce qui aurait pu justifier ces humeurs changeantes ... Une difficulté à coexister avec l'âme du mortel à défaut de pouvoir l'écraser, même si les chances étaient quasi-inexistantes. Puis, il y a avait cette troisième issue. La pire : l'hypothèse du Démon, que Sanda ne voulait pas envisager ... Quand la Croquemitaine tenta d'interrompre le prêtre perdu dans ses palabres, il ne fit que l'aviser dans un premier temps ; constatant d'abord la confusion à laquelle la jeune brune fut en proie. La manière qu'elle eut de l'observer ... La méfiance qui la paralysait, justifiée d'un œil extérieur, mais semblant accentuer l'inextricable ressentiment qui s'empara de lui. Elle le dévisageait comme un évadé d'asile pour aliénés. Et peut-être n'avait-elle pas tort, en fin de compte.
Le nom qu'elle appela eut au moins le mérite de geler le débit de paroles de l'homme qui l'interrogea silencieusement, sans comprendre, pendant qu'inconsciemment, la sombre souffla sur les braises d'une fureur latente, démoniaque, qui lui fut destinée initialement. Elle se faufilait insidieusement dans la moindre brèche fragilisant la résistance opposée par le Sorcier ; ce pas en arrière fut l'une d'entre elles.
« Quoi ? Non, Sanda, enfin ! ... »
Pire encore, elle le soupçonna être un assassin ; ou remettait en cause qu'il ne puisse pas ne pas l'être. Fait sur lequel elle n'eut pas tout à fait tort non plus ... Tôt ou tard, elle l'apprendrait. Aussi, l'autre essaya de faire bonne figure ; de réagir à peu près normalement, et spontanément, sans indignation surfaite. Quelque part, cela pourrait presque avoir un petit ton inquiétant, mais jamais Stolas n'avait exhibé un esprit véritablement gai ou optimiste.
« ... Il s'agirait d'un péché mortel. Je n'ai pas l'intention de me damner pour quelques vauriens ... »
Par la suite, le regard de Stolas balaya tout l'intérieur de l'église déserte, où ils n'étaient que tous les deux ; allant de gauche à droite ... Roulant vers le plafond ; et il assura même ses arrières, brièvement. Comme s'ils furent observés ou écoutés, par les ombres mêmes. Cela avant de se planter de nouveau dans l'œil obscur de la juvénile, dont ses mains avaient de nouveau saisi les épaules. Il était moins pacifié, moins fulminant ... Et pas moins instable.
« ... L'ont-ils fait, alors ..? »
Il plissa les yeux, suspicieux, presque comme si la réponse possédait une réelle importance. Un nouveau passage à un extrême : du chaud au froid, cette fois. Dans ses yeux, il semblait luire une hostilité singulière, glaçante mais divisée. Une justice corrompue, plus proche de la vengeance ; ce que la jeune Kane ne connaissait pas du prêtre, mais qui tenait de la crapule adepte de magie noire, cachée dans l'exacte même soutane ... Cette rogne était dirigée vers eux, et non pas vers elle, cependant ... Cela n'avait, curieusement, pas grand chose de plus rassurant.
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