- Je négocie moins durement avec toi qu’avec les autres, la gratifiait-il. Effectivement, il avait toujours cette habitude d’offrir des conditions moins lourdes ou exigeantes à ses amis ou alliés. Une sorte de Bonus pour être dans ses petits papiers, en somme. Et garde ce sac avec toi. J’ai mis mon arme dedans, pour ton usage. Huilé, graissé et tout ce que tu veux. Un modèle automatique, tu ne devrais pas avoir de souci.

L’avantage des êtres surnaturels qui avaient une longévité longue – ou qui savaient habilement leurrer la Mort – était cette accumulation de connaissances et de talents. Chacun avait pu être témoin de l’évolution de l’industrie des armes, ayant pu expérimenter chaque modèle un moment ou un autre – et ainsi connaître les avantages ou désavantages. Il ne s’imaginait pas une seule seconde qu’une femme comme Amarante ne sache pas se défendre.

- L’acharnement est effectivement total, souffle-t-il. Un crime d’un groupuscule peut-être bien.

L’argent. L’héritage. L’amour. Les trois motivations principales des morts violentes. Il pouvait y avoir quelques exceptions ou, à l’inverse, une accumulation de ces motivations. Cependant, en l’état actuel et au vu du lieu, il aimait à penser qu’un duo aurait pu s’attaquer à la victime lors d’un braquage qui a mal tourné. Il ne voyait pas d’autres traces d’agressions physiques et elle avait tous ses vêtements, excluant tout naturellement la théorie d’une potentielle tentative de viol.

- Non, allons voir la vidéo. On ne court derrière personne, l’avertit-il. Nous ne savons pas à qui nous avons à faire et surtout à combien de personne. Et nous ne pouvons pas risquer de dévoiler notre nature, si jamais nous avons affaire à un ou plusieurs humains.

Le sous-entendu était présent avec ce « Si », car Lucian doutait sincèrement de la nature de l’agresseur – ou des agresseurs –, notamment en raison de leurs présences mystérieuses en ces lieux.

- Je vais aussi tenter de communiquer avec quelqu’un du bureau, dit-il pensant immédiatement à son bras-droit. Tout d’abord, il allait tenter une communication par téléphone. En cas d’échec, il tentera de faire appel à une astuce magique.

Un œil sur le téléphone, un autre œil sur les environs, il emboîte le pas de l’esprit. Il espérait qu’ils pourraient avoir accès à ces vidéos et surtout, peut-être, rencontrer une âme qui vive – et innocente.

Spoiler:

Aucun réseau, ce qui ne surprenait guère le Sorcier. Soit, il devait faire appel à des moyens magiques pour contacter son bras droit et l’aider à démêler la situation actuelle. Un projet qui fut mis à mal lorsqu’Amarante fit une annonce des plus surprenantes – et de bien mauvais augure. Il manquait une balle à son arme, ce qui n’était tout bonnement pas possible car, chaque bon matin et chaque bon soir, il s’assurait que l’arme était chargée entièrement. S’il manquait une balle, cela signifiait qu’on avait tiré avec !

- Je ne peux pas avoir tiré, et ne pas me souvenir, dit-il aussi calmement que possible.

Pourtant une forme d’excitation nerveuse commençait à le gagner. S’il était un meurtrier, est-ce que cela signifiait que la personne morte était mauvaise ? A l’inverse, s’il avait vraiment tué un innocent, est-ce que c’était un signe que le vœu de traquer le Mal il y a près de deux siècles s’estompaient par quelques miracles ? La réponse aux deux questions devrait être « non » et pourtant, son cœur était un tantinet gonflé d’espoir à l’idée de « peut-être » se débarrasser de ce châtiment. A défaut, d’avoir une piste. Sa hâte ne se fit plus que plus intense pour gagner cette salle, et regarder la vidéo.

Une joie qui ne dura pas. La vidéo était tronquée aussi.

- On se joue de nous, dit-il, la voix exprimant clairement une colère froide. Bien, nous allons trouver notre petit rigolo et je ne vais pas courir bêtement derrière lui ou épuiser mes réserves magiques. Je te laisse chercher à travers le système de surveillance. Pendant ce temps, je vais m’assurer que nous ne sommes pas victimes d’un sort ou qu’il n’y a pas d’activités surnaturelles.

Il ne tarde pas à sortir de sa poche une pierre gravée d’une rune en particulier. Il la pose au centre de la pièce et commence à réciter d’un langage oublié pour beaucoup, appris par cœur sans forcément être compris par quelques nouvelles recrues. Lucian avait eu deux cent ans pour déchiffrer chaque mot et comprendre chaque commandement qu’il donnait. Il voulait détecter toute trace de magie ou d’une présence surnaturelle.