i Jesus doit trouver une définition à l’expression « plus con que ses pieds », sans aucun doute lui donnera-t-il la même que celle pour « ne douter de rien », c’est-à-dire : Lucas. Le bébé phénix a la franchise d’un gamin de cinq ans qui ne comprend pas que, non, ça ne se fait pas de se jeter dans la mêlée pour ramasser des gnons à la place des autres. C’est pourtant pas si compliqué à piger, si ? Bah non ! L’elfe noir plisse les yeux si forts, sur ses iris sombres, qu’il ne voit plus grand-chose du blond. Il a très envie de tapoter son crâne pour voir si les cases se remettent en place ou de le secouer la tête en bas afin de s’assurer que son cerveau ne coule pas par quelque trou.

Sérieusement, c’est quoi son problème ?

Le chauve, lui, évidemment, il a le droit de s’offrir aux délinquants, d’attendre qu’on lui défonce le crâne à coups de pied-de-biche, sans même verser la moindre larme, ni une quelconque pointe de peur. Jesus a le droit. Parce que Jesus a tous les droits, déjà. Puis, surtout, parce qu’il est un elfe noir et qu’il lui faudra, sans le moindre doute, plus qu’une petite pichenette pour lui défoncer la tête. Alors que Lucas… L’elfe a beau le regarder de haut en bas, il ne voit pas où il respire la force. Tout ce qu’il voit, c’est une brindille toute sèche qui se casse au moindre coup de vent. Qui lui assure, d’ailleurs, que Lulu n’est pas le genre à se laisser pousser par les bourrasques ? Si ça se trouve, à la prochaine tempête, on entendra parler d’un phénix qui a réappris à voler !

Pourtant, il n’en démord pas. Je le referai ! qu’il dit. Bien. Il paraît que c’est cool, d’avoir de l’espoir, des rêves, tout ça. Faut pas briser les petites illusions des gamins, ou un truc du genre. Il ne sait pas trop, Jesus, et il s’en fout. Tout ce qu’il voit, lui, c’est que Lucas a bien besoin d’apprendre la vie, comme lui l’a apprise. Pourtant, il sait, aussi, qu’il ne jettera jamais le phénix sur la route de ses parents. Non, c’est mort. Et ses parents aussi, seront morts, à l’instant où ils oseront poser les yeux sur lui. Alors Jesus ne sait pas comment faire. Parce que lui, il a pas appris comment faire percuter la vie aux enfants, sans leur rentrer dedans. Littéralement.

♫ Je le… le… referai, imite-t-il, avec une grimace exagérée.

D’habitude, Jesus s’en fout, des bégaiements de Lulu. Dans son crâne, c’est presque automatiquement transformé en mots qui se suivent, fluides, pour une conversation normale, ou presque normale. Mais là, il boude un peu, l’elfe noir, incapable de savoir de quelle façon il peut enlever cette drôle d’idée de la tête du phénix. Alors, il attaque la première chose qu’il peut. Comme un gamin grondé qui ne sait plus à qui, à quoi s’en prendre.

♫ Et le jour où tu crèves, tu vas faire quoi ? demande-t-il, soudain, sur le même ton qu’il aurait pu lui demander son nom. Imaginons, tu t’amuses à te faire taper dessus alors que t’as le corps d’une crevette anorexique. Ces débiles te tuent, parce qu’ils sont pas foutus de comprendre ce qu’ils font. Et après ? Un bébé, là, au milieu de la route, il a combien de chances de survivre ? Si t’es ramassé par un démon ou un vampire, mon vieux, j’te souhaite bien du courage. En plus d’être nuls à chier, ils sont cons comme pas permis. T’as l’droit à combien de cycles, avant que ton corps dise stop ?

Un sourcil imberbe haussé sur le front, Jesus dévisage l’adolescent, sans détour, loin de lui l’idée de penser qu’il y est, peut-être, allé un peu fort. Ce n’est pas à lui qu’on demandera de jouer dans la finesse. Il a une chose à dire, il la dit, point. Si la vérité blesse, c’est pas son problème. Pas comme le sang qui reste accroché à la joue de Lucas. Les blessures internes, au moins, Jesus ne les voit pas.

Ce qu’il voit, en revanche, c’est les sourcils froncés de Lucas, quand il enlève sa chemise et dévoile ses cicatrices. Jesus n’est pas homme à prendre soin de son corps, il faut bien l’avouer. Et il a connu très peu de phénix enclins à aider un homme comme lui. Alors, oui, il est bourré de traces de combat ou d’apprentissage. Car les plus vieilles ont été plus ou moins provoqués par ses propres vieux et même lui, il ne leur en veut pas vraiment. C’est juste comme ça. Il s’en fout profondément.

♫ Et qui t’aidera, toi ?

C’est bien beau de vouloir aider le monde entier, mais Lucas n’obtiendra jamais rien en retour. Ce monde n’est pas celui des bisounours. La gentillesse désintéressée n’existe pas. Il n’y a que l’égoïsme qui maintient tout ce petit monde en vie. Et Jesus sait de quoi il parle. Lui-même est baigné dans son ego, il ne voit que lui et pas les autres. Et, surtout, il a vu des humains s’entre-déchirer pour survivre. Des humains, des vampires, des esprits, des sorciers, tout. Toutes les créatures adorent s’enfoncer des couteaux dans le dos pour grappiller quelques secondes de survie. C’est ainsi.

♫ C’est un secret, répète-t-il, l’air pensif. Un secret. Et la meilleure chose à faire, quand on a un secret, c’est le confier à ce bon vieux Jesus ! (Il rit, ce qui lui rappelle que derrière les mots, Lucas le badigeonne de larmes dégueulasses.) T’sais, moi, je sais pas garder un secret. Surtout quand c’est aussi pourri que le tien. Mais bon, je vois pas à qui je pourrais le dire.

Jesus est loin d’imaginer qu’il a quelques connaissances en commun avec le phénix. Et par là, il faut entendre ce bon vieux dragon frustré de la flammèche : Ciàran. Pour le reste, ils connaissent aussi tous les deux un gros chat noir, mais Jesus n’ira pas parler de Lucas à un membre de la BACS, faut pas déconner.

♫ Si t’as fini de gaspiller tes pouvoirs sur moi, tu devrais te grattouiller la joue pour enlever ça, avant que ça devienne vilain. Les cicatrices, sur un mec comme moi, ça fait craquer les filles, précise-t-il, en jouant avec ses sourcils imberbes. Mais sur un gars comme toi, ça fait juste… nul. Et si tu le fais pas je te force.

ucas savait que certaines personnes, comme sa marraine, serait archi méga super ultra contre ce qu’il faisait dans la rue « tard le soir »…il le savait parce que tout le monde pensait que c’était mieux pour lui de ne pas faire ce genre de chose …. Mais entre toutes les personnes du monde, il ne s’attendait pas à ce que Jésus se range de leur côté … après tout, il faisait pareil pour s’amuser…. Mais Lucas n’était pas bête … il voyait le regard que jésus lui lançait … et il savait qu’il était contre comme tout le monde….

Il le comprit encore plus quand, pour la première fois, jésus se moqua de son bégaiement… et malgré que cela ait dû blesser notre petit Lucas, l’inverse se passa. Il lui fit un sourire attendrit alors qu’il l’écouter. Il savait qu’il faisait cela par amitié pour lui. Que demandait il de plus au monde ? Que d’avoir des amis prêt à crier à l’injustice, alors qu’eux même ne voyaient pas l’injustice.

- je … Je ne vais pas … pas … mourir !

Il ne le pouvait pas de toute façon … De ce qu’il avait compris en tout cas … S’il y avait une méthode pour mourir, alors personne ne lui avait dit. Pas que Lucas en avait envie, mais il faudrait peut être qu’il connaisse comment mourir pour éviter de mourir en effet non ? Il sourit et fit une petite pression quand il prit la main de jésus.

- Tu … tu me trouveras ! Tu m’aideras !

Il le savait. Il ne savait pas comment… mais il savait que si un jour il devait devenir un phénix bébé alors quelqu’un de bien le trouvera. Ciaran, ou jésus, ou qu’importe qui le prendra sous son aile. Et il savait aussi que qu’importe la situation, il retrouvera toujours Anela. Jésus n’élèverait jamais un enfant, mais Anela oui. Surtout si c’était lui. Et il n’avait pas de doute la dessus. Alors il ne pouvait que sourire. Il ne pouvait qu’apprécier cette nouvelle alternative et avoir foi en l’avenir. Il n’allait pas mourir. Mais s’il venait à mourir, alors il sait qu’il finira sauver par Jésus et ramenait à Anela. Il ne faisait plus cas des cicatrices trop vieille … mais malgré lui il savait qu’il pouvait lui faire confiance. Anela aussi… et … il ne connaissait personne de véritablement méchant dans cette ville lui. Lui il était une boule d’énergie positive ! Il sourit quand jésus rigola. Il souriait quand il lui parlait de son secret. Maintenant, c’était le leur. Peut être que jésus accepterait de mettre un masque noir et de défendre la ville avec lui ? Il lui proposerait tiens !

- Mer … merci !

Il allait garder son secret, il l’avait dit. Quand Jésus parla de gaspiller ses larmes, le regard du petit phénix voulait clairement dire « je gaspille rien je fais ce que je veux ». Puis il sentit le picotement sur sa joue. Ah oui, si Anela voit ça, elle va lui faire un AVS ou une crise cardiaque, tout dépends dans quel organe l’information fera mouche en premier. Il mit sa paume de la main droite, vida quelques gouttes de larmes sur sa main …

Puis il se donna tout simplement une gifle. Pas forte, mais assez pour faire un bruit étrange…. Comme quand on abats quelque chose de spongieux plein d’eau sur une autre surface pleine d’eau. Puis, en fermant un œil, il se mit à masser sa joue de sa paume ouverte. Il enleva sa main pleine de sang maintenant, et regarda Jésus.

- C’est … c’’est bon ?

Parce qu’il avait un peu, un tout petit peu, de mal à voir son propre visage en ce moment même. Alors il avait choisi de le faire comme il pouvait. Lucas sourit à jésus de toutes ses dents et reprit.

- je .. je … je suis … content … content que … que tu ailles … ailles bien !

esus est un homme têtu, habitué à obtenir ce qu’il veut sans demander l’avis de personne. S’il a envie d’aller quelque part, il ira, peu importe qu’il n’ait pas le droit. Jesus a tous les droits. S’il a envie de taper sur quelqu’un, il le fera, peu importe que ce quelqu’un ne soit pas d’accord. Jesus ne demande l’accord de personne. S’il a envie de dire quelque chose, il le dira, peu importe que ça blesse ses interlocuteurs. Jesus s’en tamponne sévère. De toute sa vie, l’elfe noir n’a toujours pensé qu’à lui et à lui seul. Personne ne lui a jamais demandé de faire attention aux autres. Enfin… on le lui a déjà demandé, si, mais comme toutes les choses qu’on lui demande, ça entre par une oreille et ça ressort par l’autre, sans passer par la case cerveau.

Face à Lucas, il a presque l’impression d’avoir trouvé plus têtu que lui. Il sait que c’est impossible, car peu importe, au fond, ce qu’en dit le phénix, il aura toujours un instinct de survie pour lui faire comprendre, un jour ou l’autre, qu’il ne doit pas se jeter dans la mêlée et prier pour que tout aille bien. Jesus, lui, il peut se le permettre. Parce qu’il est né pour se battre et qu’il sait quand les autres doivent être arrêtés, quand il doit, enfin, se défendre. Parce qu’il n’a jamais été quelqu’un de bien et qu’il ne le sera jamais. Il n’en a pas envie, de toute façon. Tout ce qu’il veut, c’est ne pas devenir aussi fou que ses parents. Le reste, il s’en tape.

La certitude de Lucas a, tout de même, quelque chose de revigorant. Comme une boisson énergisante qui monte droit au cerveau. Jesus a, quand même, très envie de le secouer aussi fort qu’il peut et lui faire entrer dans le crâne que tout le monde peut mourir. Même lui, elfe noir vieux de cent ans, il mourra un jour. Même les phénix, les dragons ou les vampires. Tout le monde finit par crever. La mort est inévitable, il faut juste s’arranger pour la repousser au maximum. Mais il comprend, du coup, que personne n’a expliqué à Lulucas que les phénix ne sont pas immortels, qu’ils sont juste… comme tout le monde. Un jour, ils explosent et disparaissent.

♫ Bien sûr que non, tu vas pas mourir ! Parce que t’as le meilleur elfe avec toi, faut en profiter, mon vieux. Avec moi, personne pourra te toucher.

Jesus, lui aussi, est bourré d’assurance. Il n’a jamais aimé se battre à deux, mais il sait ce qu’il faut faire pour se battre contre une vingtaine d’hommes tout en faisant gaffe à en garder un en vie. Il l’a déjà fait, comme un prédateur enragé qui a besoin de protéger sa proie. Pour Lucas, ce ne sera pas tout à fait pareil, mais le résultat est presque le même : l’elfe peut le défendre et le garder sain et sauf. Ou presque sain et sauf. Il n’oublie pas le coup qu’il a lui-même donné à Lucas, dans une frénésie meurtrière qui lui colle trop à la peau.

♫ Je serais pas si sûr de ça, à ta place, mais admettons. Tu te doutes que je te garderai pas, hein ? J’aime pas les bébés, moi. Ça fait que de puer et de chialer, berk ! J’ai besoin de calme et de pioncer, moi, donc tu iras voir ailleurs si j’y suis le temps de vieillir comme il faut.

Le chauve ne veut même pas s’imaginer avec un bébé dans les bras ce qui n’est… jamais arrivé en plus de cent ans de vie. Et tant mieux ! Jesus ne veut pas avoir une vie si fragile entre les doigts. Autant il peut s’amuser à tabasser tout ce qui bouge, autant il est pas franchement doué dès qu’il faut être plus délicat. Avec un homme comme lui, Lucas enchaînerait les résurrections sans jamais passer la première année. Bébé phénix coincé dans son corps de bambin à tout jamais.

♫ T’es plus têtu qu’une moule qui a peur de la marée, hein ? (L’image a un sens pour lui, faut pas juger.) On a qu’à faire comme ça : la prochaine fois que t’es assez débile pour vouloir jouer au héros, tu viens me sonner. T’auras qu’à superviser, pendant que je défonce tout le monde. Ou quelque chose comme ça. C’est ça ou rien. Et me tente pas, je peux très bien t’attacher dans un coin et te donner la pâté une fois par jour.

Jesus n’aime pas les chiens, une préférence certaine pour les chats, mais il peut transformer Lucas en un petit toutou, sans aucun doute. Peut-être bien qu’il lui donnera une petite tapette sur la tête, de temps en temps, pour le féliciter d’être si calme, accroché au radiateur ! Haha ! Oui, bon, ça n’amuse que lui, mais c’est déjà ça.

Alors que Lucas se frappe (ou presque) pour soigner la petite coupure, sur sa joue, le chauve le fixe sans détour et se demande s’il doit vraiment répondre à cette question. Au fond de lui, il y a un gamin qui a très, très, trèèèèès envie de se moquer de Lulucas. Juste pour se venger, un peu. Ou juste parce que Jesus est un peu con, oui, mais il ne faut pas le dire.

♫ Non, c’est pas bon. T’as complètement visé à côté. T’es pas doué, mon pauvre. D’ailleurs, t’en as pas que là, t’en as plein le front, aussi. Tu sens pas ?

Sans crier gare, Jesus tend le doigt pour pointer le front de Lucas, puis il ricane et lui fait une pichenette, juste… comme ça. Parce que Jesus est Jesus et qu’on ne le changera pas.

♫ Évidemment que je vais bien ! se défend-il en gonflant un peu le torse. Je t’ai pas déjà dit que je suis increvable ? C’est pas comme si personne avait essayé, pourtant, t’as vu ? Tiens, regarde, ça… (Il désigne une cicatrice, sur ses côtes.) C’est une folle qui a essayé de me planter un couteau dans le cœur. Ha ! Méfie-toi des femmes, Lulu, elles sont toutes cinglées.

Il oublie, peut-être, de préciser qu'il l'avait plus ou moins cherché. Peut-être.

ucas pencha la tête sur le côté, et un nouveau sourire franc apparu sur son visage.Oui, il avait le meilleur elfe à ses côtés. Et il n’avait pas peur avec Jésus avec lui. Même s’il lui faisait la morale pour qu’il arrête d’aider les gens… Il savait que jésus, malgré tout, était très sérieux quand il prenait quelque chose sérieusement. Et pour une raison qui dépassait Lucas, Jésus prenait très au sérieux sa santé à lui, sa petite personne. Et cela lui faisait un bien fou d’avoir un ami sur qui comptait.

- Tu …tu trouveras …ras Anela ! Elle … elle elle… me gardera !

Lucas n’avait pas de doute que Jésus n’aime pas les enfants, même si cela devait être lui réincarner. Mais il savait aussi qu’Anela serait ravi de l’avoir … et qu’il ne serait pas trop trop un boulet pour elle alors… Il faudrait vraiment que les deux se rencontrent… Mais Jésus ne doit pas dire ce que Lucas fait, ni ce qu’il a fait, ni ce qu’il pense… devant Anela … ce qui allait être dur. Et Anela aura le sixième sens de dire qu’il est dangereux et vouloir protéger Lucas avant qu’il ne puisse expliquer. Lucas s’imagina quelques différentes rencontres qui ne finissait jamais bien.

A la suite de la phrase… Lucas fronça les sourcils. Les moules ont peur de la marée ? Il faudrait qu’il se renseigne sur ça. Peut être après tout, ce sont des animaux qui se retrouve sous la mer alors…Peut être. Mais il serait curieux de savoir. Il se reconnecta au présent pour poser les yeux sur l’elfe. Il fit un oui de la tête. Il est têtue ! Et c’était avec plaisir qu’il l’appellerait, s’il y pense ,,, D’où le fait qu’il ne fit qu’hocher la tête sans promesse.

C’était la deuxième fois qu’il ne promettait pas quelque chose qui pourrait le mettre en danger. Mais Lucas ne voulait pas être un poids pour les autres et leur demander quoi que ce soit. Il voulait se débrouiller un peu au moins.

- Je … j’aide… j’aide … les … SDF…. Je … peux …. Peux …. Le faire.

Il n’avait pas besoin de taper qui que ce soit. Ce soir était le genre de soir qui n’arrive qu’une fois de temps en temps. La plupart du temps, il est sous les ponts à distribués de la soupe chaude et c’est tout. Il n’était pas le genre à faire des combats lui. Une fois qu’il fut soigner sa joue, il laissa jésus lui donner sa pichenette sur le front et …il sourit de toutes ses dents. Lucas observa ensuite la cicatrice et mit un doigt dessus pour l’observer.

- Tu …tu as …. Besoin … besoin … de ça.

Et il lui tendit une petite fiole de larmes, est ce que j’ai dit qu’il avait passé un moment à pleurer ? Au moins faisait il de la récupération des eaux usées d’une certaine manière mais bref. Il donna le flacon à Jésus. Ses yeux voulaient dire « pour toi et ne dit pas non ». Il finit d’essuyer le sang sur sa joue,

videmment, il ne faut pas attendre de Jesus qu’il dise oui-oui à tout et qu’il ne donne pas son avis très franchement au bébé phénix. Hors de question de garder un môme avec lui. Déjà, pas besoin d’être un génie pour comprendre que la piaule moisie de l’elfe noir n’est pas faite pour garder un bambin. La porte n’est jamais fermée, il y a des détritus dans tous les coins, les meubles sont presque tous défoncés… il n’y a que la chambre noire qui tient le coup, mais s’il l’enferme là-dedans… Lucas finira peut-être nyctalope, tiens ? Mais Jesus ne tentera pas l’expérience, ça, non !

Le phénix lui donne, alors, le nom de quelqu’un. Un prénom, plutôt, d’une femme, visiblement, qu’il doit chercher s’il se retrouve avec un bébé phénix dans les bras. Il n’a pas la moindre idée de qui est cette Anela, mais juste de devoir la trouver, à Los Angeles, ça lui donne dans nœuds au cerveau. Ne peut-il pas se contenter de laisser Lucas là, au milieu de la rue, bien en vue sous un lampadaire ? Apparemment non. D’ailleurs, de son avis à lui, il préférerait largement ne pas avoir à trouver le phénix dans sa forme de bébé moche. Oui, parce que c’est moche, un bébé, il faut arrêter de faire croire que c’est mignon tout plein.

Il préfère quand même ne pas s’attarder sur ces questions d’abandon et compagnie, comme si le simple fait de l’ignorer peut l’empêcher d’arriver. Jesus n’est franchement pas sûr de pouvoir regarder le bambin et oser le prendre dans ses mains pour le donner à Agnès ou peu importe ce qu’est son nom. Il préfère croire que ça n’arrivera jamais et qu’il n’a pas besoin d’y penser, ni de se préparer à avoir ce truc mou entre les doigts. Berk ! Rien que d’y penser, il a presque envie de plonger les mains dans le feu pour les désinfecter.

Jesus est beaucoup de choses, souvent bien peu reluisantes, mais il reste une chose qu’il n’est pas autant qu’il veut le faire croire au monde : con. Il voit bien, l’elfe noir, que Lucas se paie sa tronche en hochant la tête. Bien sûr que non, le petit phénix ne l’appellera pas pour s’amuser un peu ! Le chauve grimace, sans cacher sa déception. Pourquoi il ne l’appellerait pas ? Ça lui coûte quoi ? Deux petites secondes de sa longue vie de phénix ? Lucas n’a qu’à faire le numéro de Jesus, lui donner le nom de la rue, et l’elfe se ramène en courant (ou autre moyen de locomotion volé à un passant) pour défoncer de la tronche à outrance ! Bon, alors, pourquoi il ne veut pas ?

Ne pas promettre une chose à Jesus est tout autant une bonne idée qu’une très mauvaise idée. À lui, en tout cas, ça donne de très mauvaises idées. Il a, par exemple, très envie d’attraper les épaules de Lucas et de le secouer un peu jusqu’à obtenir ce qu’il veut : un oui en bonne et due forme, pas seulement un petit mouvement riquiqui de la tête ! Ah… oups. En fait, il ne fait pas que le vouloir, Jesus donne un peu vie à ses envies et secoue le petit phénix quelques minutes. Juste histoire de lui faire regretter d’être têtu avec plus têtu que lui. Ou quelque chose comme ça.

♫ Alleeeeez ! Va pas jouer tout seul ! Faut que t’appelles ton poto Jesus, quand tu pars t’amuser, parce que lui, il s’ennuie beaucoup, beaucoup, beaucoup. Tu vois ? Bon, j’avoue, les SDF, je m’en tape.

Ou il les tape, il ne sait plus.

Alors que le doigt de Lucas appuie sur sa vieille cicatrice, entre les côtes, Jesus esquisse un sourire en coin et se tortille un peu, sous le contact chaud.

♫ Vas-y, chéri, si t’appuies un peu plus fort, y’a peut-être un p'tit oiseau qui va sortir.

Jesus n’a aucune limite, ça, c’est certain, et il répond au grand sourire de Lucas par le sien, un poil malsain, comme toujours. Puis il… bugue. Un bug qui le fait battre des cils plusieurs fois, sans comprendre ce que l’autre lui raconte. Besoin de quoi ? Sa fiole de pipi ? Parce qu’après tout, rien ne lui dit que c’est bien des larmes, cette histoire, et Jesus en a vraiment marre de se faire badigeonner de substance suspecte ! En plus, si Lucas est victime d’un crime, maintenant tout le monde accusera ce pauvre Jesus, recouvert des pieds à la tête de l’ADN du phénix.

♫ Y’a encore quelqu'un, là-dedans, où il est parti se coucher ? demande-t-il, en pokant, à nouveau, le front du phénix. On t’a pas dit de réfléchir avant de parler ? Perso, je le fais pas, mais il paraît que ça se fait. Mais bref. Ça, mon vieux, ça a… attends que je réfléchisse…

Et Jesus prend une pose de statue grecque pour donner plus de poids à sa réflexion. Il a, en vérité, vraiment besoin de réfléchir à la date. S’il peut se rappeler la donzelle qui a voulu le tuer, c’est parce qu’il l’a bien aimée, fait assez rare pour être noté, mais la date… ça lui échappe un peu. Alors, il doit se concentrer.

♫ C’était avant la guerre, même que j’avais pleins de cheveux sur la tête, t’aurais dû voir ça, Lulu ! Donc, ça doit avoir… genre… quatre vingts ans, ou un truc dans ces eaux-là, tu vois. Alors ! (Il claque dans ses mains et tend l’index vers Lucas, le pouce levé.) Interro surprise : à quoi vont bien servir tes larmes de bébé sur un truc aussi vieux ? À part faire briller mes beaux muscles comme un catcheur bien huilé, je vois pas.

Il hausse les épaules et prend quand même la fiole, parce qu’il sait que l’autre n’en démordra pas et qu’il ne veut pas le voir le regarder avec ses yeux de cocker battu. Par contre, il les utilisera pas et puis crotte ! Cette blessure et les autres sont bien trop vieilles pour être soignées et Jesus s’en tamponne sévère d’être recouvert de cicatrices.

ucas espérait que l’homme retienne le nom d’Anela. On ne savait jamais. Cela pouvait arriver de se retrouver … bébé. Un accident était vite arriver. Mais Jésus préférait avoir sa mort avec quelqu’un comme Jésus qu’avec un inconnu qui ne serait pas quoi faire. Parler d’Anela était un peu comme une garantie. Il l’espérait en tout cas… Peut être avait il trop d’espoir ? C’était une autre histoire. Lucas se laissa secouer et sourit. L’homme ne voulait pas venir l’aider, il voulait s’amuser à casser des têtes.

- Tu … tu risques … risques de pas t’amuser … muser du tout ….

C’était la première fois depuis que Lucas fait sa petite vie de nuit, quelques jours, qu’il tombe sur une bagarre. D’habitude, il arrive trop tard, ou sa présence suffit pour que rien ne se passe. On ne veut pas traumatiser un enfant. Il sourit alors à son ami chauve. Quand Jésus parla de « petit oiseau », Lucas se remit à regarder la cicatrice.

- Il … il y a quelque … quelque chose à .. l’intérieur ?

Il avait déjà entendu parler de ça. Quand un objet est planté et qu’il ne peut pas être retirer simplement, on le laisse tout simplement là. Peut être que dans sa ciactrice, il y avait encore un corps étranger, et que s’il appuie dessus ça peut le faire bouger et lui faire mal ? Lucas releva ses mains comme si elles lui brulaient. Il ne voulait pas faire de mal à son ami. Lucas le laissa réfléchir sur la date et il sourit encore.

Il essayait de s’imaginer Jésus avec des poils sur le caillou, et il voyait déjà le dessin que cela pourrait donner. Lucas sourit et lui donne la fiole.

- Peut être pas … pas les anciennes … mais les nouvelles.

Et il lui laissait pas vraiment le choix. Il se mit un peu plus en face de Jésus et sourit.

- Pourquoi … tu … tu … essaies pas de … de … devenir professeur d’histoire ?

HRP - Il fallait que je le case x’D Je le voulais x’D

ette histoire de bébé phénix est aussi vite balancée derrière lui que possible. Il ne veut pas y penser, il ne veut pas en parler. Il est même certain qu’un gamin comme Lucas, ça doit avoir une bonne centaine de bonnes âmes autour de lui, prêtes à le ramasser dans la rue et l’élever. Que ce soit cette fameuse Anna, ou quelques autres. Il est prêt à parier que, dans le lot, il doit bien y en avoir une petite dizaine qui n’appartient pas à la race humaine et qui saura s’occuper d’un phénix comme il se doit.

Lui, il ne sait pas et ne veut pas savoir.

À la place, il préfère se concentrer sur la suite et secoue Lucas comme un prunier, dans le seul but de… euh… de quoi, déjà ? Depuis quand ça permet à une idée d’entrer dans un crâne plus vite ? Une excuse comme une autre, en vérité, pour emmerder un peu le blondinet qui se laisse faire sans rien dire. Tout le monde aurait pu s’en douter. Même Jesus, au fond, que ça n’amuse pas vraiment, mais qui voit, là, une non-désapprobation. Vous savez pas ce que c’est ? On trouve le mot dans les synonymes de danger, dans le dictionnaire Jesusien. Danger pour les autres, évidemment.

♫ Depuis quand les bébés décident pour les adultes ? tique-t-il, avec un claquement de langue. Je m’amuse tout le temps, t’as pas remarqué ?

Puis, soudain, Jesus lâche Lucas et prend une tête tout à fait outrée, la bouche ouverte sur les reproches, les sourcils froncés sur ses yeux écarquillés. Quand tout se referme, c’est pour mieux bouder, les joues gonflées d’air. Son doigt vient s’enfoncer dans l’épaule du phénix pour le pousser. Une fois. Deux fois. Trois fois.

♫ T’es trop vilain, en vrai. Tu veux garder tout l’amusement juste pour toi, tu penses pas à ton poto Jesus. Pff. Sympa, sympa.

Et enfin… l’incompréhension qui s’abat sur son visage et le fait papillonner de ses paupières imberbes, la bouche réduite à une ligne, jusqu’à ce que la compassion prenne le relais et que les doigts de Jesus, sur l’épaule du phénix, le tapotent gentiment comme pour lui dire « t’en fais pas, ça va aller ». Et il le pense presque, amusé par l’innocence du bébé phénix. Une innocence qu’il a très envie de piétiner avec ses gros sabots d’éléphants, évidemment.

♫ Du sang et des organes, comme dans tout le monde. Mais c’est pas de ça que je parlais. La prochaine fois, je vais t’offrir un film, Lulu, tu comprendras mieux.

Il ne lui manque plus qu’à comprendre où c’est qu’on trouve les films cochons des humains, même si Jesus a vraiment pas envie de voir une chose pareille. Juste histoire de voir que les oiseaux, c’est pas toujours bon de les titiller du bout du doigt. Ou quelque chose comme ça.

♫ Haha ! Pour les nouvelles qu’il dit ! Si je devais l’utiliser pour la moindre égratignure, comme toi, elle serait finie en moins d’une journée, t’en as conscience ? Pas que je me batte tout le temps, non, je suis trop délicat pour ça. (Il minaude comme une pétasse, mais la vérité est exactement l’inverse de ce qu’il dit.) C’est que je tombe si souvent ! Flûte ! Je suis si maladroit.

Est-ce qu’il se fout ouvertement de la tête de Lucas ? Carrément, mais depuis le temps, le phénix doit en avoir l’habitude, non ? C’est sa manière à lui de dire au phénix de ne pas s’inquiéter pour un cinglé comme l’elfe noir. Car peu importe ce que l’autre dira, Jesus reste Jesus et les combats… c’est toute sa vie.

♫ Prof d’histoire, répète-t-il, comme la plus grosse connerie qu’on lui ait dite. Prof d’histoire ! Oui, bien sûr, je vais mettre des petites lunettes rondes et aller me pointer en plein jour dans un collège, devant des dizaines de gamins humains, pour leur apprendre la Seconde Guerre Mondiale ! J’ai que ça à faire, t’as bien raison. (Jesus hausse un sourcil, tout de même plus soûlé par la notion d’humain et de jour que par le reste.) T’as conscience que je connais que ça ? À la limite, si tu veux un prof, je peux te causer anatomie, c’est bien plus drôle. En plus, pour être prof, faut être allé à l’école.

Ce qui n’est pas son cas. Jesus a arrêté l’école le jour où il a failli tuer un camarade de classe qui se moquait de lui, parce que Jesus était en train de se noyer dans la piscine. La première fois de sa vie où l’elfe noir a utilisé ses ombres chéries et a répandu le sang avec la même frénésie que ses parents. Un bien beau jour.

♫ J’peux apprendre la mythologie sinon : comment ridiculiser un démon en une leçon ! Un cours du tonnerre, haha ! Et toi, t’as qu’à devenir prof de dessin, si ça t’amuse.

ucas n’avait pas l’habitude qu’on le secoue, mais venant de Jésus, c’était normal. C’est ce qu’il en conclus alors qu’il essayait vraiment de comprendre l’homme. Alors qu’il parlait, Lucas s’embourba (et pas à cause des allusions salaces qui lui donnaient).

- Je … je … suis … pas … pas …. Pas un bébé !

Il n’était pas un bébé alors qu’il gonfla ses joues et tourna la tête pour dire qu’il allait bouder dans pas longtemps … Bien sur aussi vite avait il commencé à bouder qu’il arrête pour regarder à nouveau son ami d’un grand sourire. Il avait remarqué que Jésus souriait tout le temps. C’était même ça que Lucas aimait chez son ami, cette faculté qu’il avait de toujours sourire … même si toutes les raisons de ses sourires n’étaient pas bonnes. Sourire était sourire, et ça plaisait à Lucas.

- Ce … ce n’est pas ça.

Quand l’homme bouda aussi, beaucoup plus doué que Lucas d’ailleurs, Lucas voulait se défendre, et expliquer qu’il n’avait pas compris, mais il se sentit tout de suite gêné. Il avait bien envie de lui dire qu’il voulait protéger Jésus en faisant cela, mais il n’était pas sur que l’elfe noir accepte cette « excuse » surtout qu’il n’avait pas le moins du monde besoin d’être protégé… Lucas le savait, mais il ne pouvait pas penser à le mettre en danger.

- Un ..fil… film ? J’ai … j’ai pas … pas le temps.

Lucas faisait parti de ces enfants qui ne regardent pas vraiment la télévision. Euh, de ces adultes pardon. De ces adultes qui ne regardent pas la télévision, et qui ne prennent que des brides d’information de ci de là pour se former sa culture. Il n’était pas friand de film, ni de série. Les documentaires n peu plus déjà. Les dessins animés, seulement si le dessin l’intéresse, et d’ailleurs il passait plus de temps à se dire qu’il avait envie de faire la même animation que celle de comprendre ce qu’il se passe.

Mais, il n’avait vraiment pas le temps dans tous les cas, même s’il avait envie de faire plaisir à Jésus pour voir son « film ». Lucas était à des années lumières de comprendre les sous entendu, et donc comprendre que le film ne serait clairement pas à voir…

- Pour les … grosses … alors …

Il parlait de blessure. Si jésus se blessait autant, il pouvait garder les larmes pour de plus grosses blessures. Lucas lui en apporterait d’autres certainement s’il voyait qu’il avait encore plein de blessure. Il lui fit un sourire, ce genre de sourire d’ange qui veut dire « je me fait du soucis pour toi, et ça ne changera pas et ça même si on change le monde).

- Tu … tu dois … faire plus attention !

Il y avait dans la voix de Lucas, de l’inquiétude mais pas que. Il était aussi un peu indigné de savoir que l’homme ne faisait pas attention à lui. Il ne pouvait pas rire de se faire mal, ce n’était pas bien. Lucas ne comptait pas perdre son ami pour maladresse. Il chercha dans son sac à lui donner plus de fioles de larmes mais il avait utilisé tout ce qu’il avait pris. Lucas réfléchit à ses réflexions sur le fait d’être prof et ses connaissances. Il voyait bien l’intéret pour un homme comme Jésus d’apprendre à d’autres… mais il voyait en effet mal l’homme en tant que professeur avec des horaires et tout le tralala.

- Prof … professeur … contre … contre … les forces … forces du mal. Tu pou… pourrais faire … faire … des conférences… sur … sur les … les sujets … que tu … que tu … connais.

Lucas était sur que n’importe quel sujet expliqué par Jésus devait être une aventure et un plaisir à écouter. Peut être qu’il pourrait faire des conférences. Lucas sourit à Jésus.

- Je … je … suis déjà … déjà ton prof !

Officiellement, il devait lui apprendre à dessiner non ? Ce n’était pas une histoire étrange comme ça qui les a lié au départ ? Lucas sourit. Il faudrait demander les qualifications pour être professeur, mais il était sur qu’un cours « comment ridiculiser un démon en une leçon «  pourrait plaire à beaucoup plus de personne que ce que l’elfe noir pensait.

Après tout, bien que beaucoup ignore le monde du surnaturel, beaucoup en sont fans. Un cours théorique sur une créature « magique » ne pourrait que rapporter des intérêts autour de l’université de Lucas … Et en plus ça lui rapporterait des sous. Il avait envie de voir un cours de Jésus maintenant et il sourit en se promettant mentalement de faire les recherches qu’il faut pour ça.

esus est, a toujours été et sera à jamais un homme plein de respect pour autrui. Euh… ou presque. Alors que Lucas lui assure qu’il n’a pas le temps de regarder un film, l’elfe noir explose de rire. Un rire puissant, qui se paie très franchement la tronche du phénix. Il a pas le temps ! Rien que d’y repenser, l’elfe noir repart dans un fou rire incontrôlable qu’il n’a, de toute façon, pas envie de contrôler. Pas le temps ! Pas le temps !

L’elfe noir est si amusé par la situation, qu’il tapote, à nouveau, l’épaule de Lucas. Sa naïveté n’a pas de limite et Jesus a presque trop hâte de la voir exploser. Ou… peut-être pas. Il doute, d’un seul coup, conscient que c’est cette naïveté exacerbée qui l’amuse autant. Puis, s’il détruit l’innocence de Lucas, Jesus ne doute pas d’avoir la moitié de la ville sur le dos. Une information qui, bizarrement, très bizarrement, ne marche pas du tout en faveur de Lucas et de sa candeur. Le chauve a presque trop hâte de voir le résultat.

♫ Allons, Lulucas, tout le monde a le temps pour ce genre de films. Crois-moi. Tu pourras demander à tes petits camarades humains, tiens.

Évidemment, Jesus, lui, n’a jamais été friand de ce genre de films. Déjà parce que regarder des humains repeupler la planète, ça lui donne très envie de lancer une troisième Guerre Mondiale, et surtout parce qu’il n’a pas le temps, lui. Et pour de vrai. Quand on passe tout son temps à emmerder le monde et taper sur tout ce qui bouge, on n’a pas le temps de se poser devant une télévision pour regarder des films cochons. D’ailleurs, Jesus n’a pas la télévision.

L’elfe noir papillonne des cils, pour donner des sous-entendus tendancieux à une phrase qui n’en a aucun. Lucas le cherche, aussi, à parler de grosses sans préciser de quoi. Mais Jesus se contente de ses paupières qui se ferment et s’ouvrent rapidement, sans rien ajouter. Il n’utilisera pas ses larmes de bébé. Peu importe ce que Lucas en dit. Le phénix ne sera pas là, de toute façon, pour vérifier que l’elfe noir les utilise bien.

Puis un nouveau fou rire lui échappe. Faire plus attention ? Jesus a toujours vécu au cœur du danger. Rien que d’être le fils de ses parents, c’est une épreuve, en elle-même. Tout le monde ne peut pas survivre à l’éducation qu’il a eue, et pourtant, voilà qu’un bébé phénix lui dit de faire attention à lui. Faire attention à lui. Alors que Jesus ne se sent vivant qu’en titillant la haine des autres. Alors qu’il passe son temps à tendre la joue pour se faire frapper. Des fois, sincèrement, il se demande si Lucas comprend bien le phénomène qu’il a devant lui.

♫ T’en fais pas, je fais très attention à ne pas traverser au rouge, même s’il n’y a pas de voiture à l’horizon. Je fais aussi très attention à bien me protéger comme il faut avec les pires créatures du monde.

Et sa voix, à lui, loin de l’inquiétude te de l’indignation de Lucas, porte tous les signes du foutage de gueule et des sous-entendus tendancieux. Évidemment, il insinue qu’il se protège avec les femmes, pour ne pas semer partout de la marmaille. Ce qui est… absolument faux, au fond. Jesus s’en tamponne sévère puisqu’il est fondamentalement incapable d’avoir un enfant avec tout ce qui n’est pas une elfe noire. Et comme les elfes ne courent pas les rues…

Cette fois, le rire de Jesus est plus sombre, non sans être bourré d’amusement tout de même. Professeur contre les forces du mal ? Lui ? S’il n’a pas la moindre idée de la référence, en bon inculte qu’il est, Jesus ricane de l’appellation. Allons, allons. On parle de Jesus, là, pas de Lucas. Ce que l’elfe noir essaie de lui faire comprendre en faisant danser, sur ses épaules, ses ombres chéries comme des flammes tirées de l’obscurité la plus profonde.

♫ C’est moi, les forces du mal, chéri.

Ce qu’il ne faut tout de même pas oublier. Jesus a beau faire le gars gentil, ricaner à outrance, se payer la tête de tout le monde, il reste une créature maléfique de naissance, nourrie de haine et baignée de violence. Il est né pour être méchant.

♫ C’est vrai, ça ! Et en plus, Jesus partage pas.

Il chasse toutes ces histoires de professeur, mais il sent, au fond, que Lucas ne le quittera pas de sitôt à ce sujet. Comment le détourner de cette drôle d’idée ? Jesus n’a pas l’ombre d’une solution. À part lui prouver qu’il est le pire professeur de la Terre… mais comment ? Lucas est insensible à ses provocations.

♫ Eh oh ! Lulu ! T’es peut-être pas foutu de comprendre quand je me moque de toi, mais les autres de ton âge, ils vont vite piger mes allusions. Et j’aurai pas le temps de faire un seul cours que tout le monde sera traumatisé et moi, je serai viré. J’aime pas qu’on me vire. Alors si tu veux pas que ton université soit rasée de la carte, tu arrêtes de penser à tout ça, OK ?

Oui, parce qu’il sent, quand même, que le piège est à deux doigts de se refermer sur lui et Jesus déteste être pris au piège. Une très mauvaise idée.

♫ Mais je peux être ton prof de défense contre les forces du mal, si tu veux. Juste à toi. Comme ça, plus personne te fera jamais chier.

Bon, il en doute un peu, parce que Lucas n’a pas une once de ce qui fait que Jesus peut défoncer tout le monde sans distinction de race, sans s’inquiéter des conséquences. Mais au moins, ça peut peut-être l’aider à s’en sortir, venir se plaindre à l’elfe noir du traitement subi à cause d’une créature à la con et le chauve se fera, ensuite, un plaisir de défoncer tout le monde. Histoire de se défouler.

ucas ne voulait pas savoir pourquoi son ami se moquait de lui… c’était pas très gentil, et un peu méchant… mais Lucas s’en fichait après tout. Il ne comprenait pas pourquoi il devrait demander à ses camarades humains … et il ne doutait pas que 99,99% ne voudront pas de lui. Peut être que Claude/Luka accepterait de regarder un film avec lui ? Et là encore il ne sait pas s’il en aurait le droit ou le temps.

- je … je … je ne … pense pas … pas qu’ils. … auront le temps.

Ses camarades ne prendront jamais le temps pour lui… surtout pour regarder un film proposé par un elfe noir… Lucas se demandait bien de quoi il parle, mais il avait cette sensation .. cette intuition, qu’il ne devait pas demander plus. Qu’il ne préfèrerais pas en réalité. Lucas fut, bien malgré lui, une grimace quand son ami se rit encore de lui … il n’avait rien dit là … Il fallait bien qu’il fasse attention à lui… Lucas n’avait pas envie de le perdre lui aussi.

- Il faut … il faut …. Plus te battre ! Et … et … ainsi … plus … besoin … besoin de te protéger.

Il avait dit cette phrase, en connaissant un peu jésus. Il aimait se battre, il aimait provoquer. Il avait pu le voir à l’instant alors qu’il était venu « l’aider ». Jésus était le genre de personne Addict à l’adrénaline du combat ? Il ne serait trop le dire, mais il savait qu’il faudrait qu’il ne se battes plus mais qu’il le fera encore et encore … alors s’il se bats, il sera blessé et il aura besoin de larmes. Logique quand tu nous tiens, et que Lucas ne comptait plus lâcher. Est ce que le sous entendu tendancieux était passé carrément à la trappe dans toutes cette histoire ? Yep en effet.

Lucas avait toujours sa grimace fermé de contrarié qui allait finir par bouder si on était pas d’accord avec lui …OK… OK… il avait plus la tête d’un bébé chat habitué au lait à qui on n’offre maintenant des croquettes … mais c’était pareil. Il observa son ami. Il était sur qu’il serait un bon orateur, et un bon professeur. Professeur de vie tiens. Il réfléchissait.

- Tu ..; tu ne … seras pas viré… on … on est pas des bébés.

Fin lui oui, mais il préférait ne pas y penser.. il n’arrivait pas à voir comment on ne pourrait pas voir le potentiel de l’homme… ni comment lui ne pouvait pas voir le potentiel qu’il avait entre ses mains… il observa son ami… il arrivait à comprendre cependant que son idée n’était pas à son goût … et qu’il ferait mieux d’oublier … n’empêche que ça serait cool. Lucas sourit à sa proposition. Il pensait à Rogue dans Harry Potter, il avait lu les romans. Jamais vu les films. Il sourit. Alors que l’idée de faire de lui un professeur qui fait de conférence revenait dans sa tête en boucle.

Une partie de lui envoya l’idée au loin … mais c ‘était tout de même une bonne idée. Lucas se releva alors qu’il avait de la motivation dans son regard. Une autre sorte de piège venait de se refermer sur ce pauvre Jésus.

- On ..; on fait ça !!!! Je … je te … je te … donne des … larmes … et … et en … échange …. Échange … tu … m’apprends … ton … ton … point de … vue …vue sur … sur … sur ce mon… monde !

Bien sur il pourrait demander à Anela … même s’il n’était pas sur qu’Anela ne voudrait pas le couver comme une lionne qui protège son petit et évite ainsi tous les soucis … s’il pouvait apprendre un peu plus de Jésus, il pourrait retrouver Xander, mais aussi empêcher les sorcières de lui faire du mal … et protéger tout le monde. Il pourrait être encore plus efficace ! Et cette idée lui plaisait.