en croire le petit Lulu, les humains sont hyper trop occupés dans leur petite vie pourrie et n’ont pas le temps de regarder un petit film, comme les pervers qu’ils sont tous. Jesus ne veut pas en croire un mot et préfère imaginer que Lucas n’est juste pas très au courant de la vie humaine. Après tout, il est peut-être plus humain que l’elfe (puisque l’elfe est un elfe, logique, et que Lucas est un phénix transformé en humain), mais il n’en reste pas moins un être légendaire, comme lui. Quelque chose de largement supérieur à un humain, en somme. Donc ils ne peuvent pas tout comprendre à la vie humaine.

Jesus, lui, ne cherche pas à comprendre, en tout cas. Ça lui passe largement au-dessus de la tête, toutes ces histoires. Peu importe, au fond, que les humains aient le temps, ou non, de regarder un film cochon. Jesus a beau être un petit pervers (ce qu’il a toujours été et restera à jamais), il n’aime pas non plus ces films-là et préfère largement perdre du temps devant un film bien gore pour se rincer l’œil à outrance. Chacun ses délires, dans la vie.

Le chauve a comme un temps d’arrêt, pendant lequel tous ses organes s’arrêtent (au moins). Il fixe ses yeux sombres sur Lucas et se demande sincèrement s’il n’a pas un pet au casque, au final. Pour raconter des idioties pareilles, il ne faut pas être bien malin, en tout cas. Ne plus se battre ? C’est comme demander à Jesus de ne plus respirer ! Sa vie entière tourne autour du besoin de baston, de faire éclater des os et déchirer des muscles. Ça bout en lui comme pas permis. Franchement, l’elfe noir ne comprend même pas comment le phénix fait pour lui dire une chose pareille avec tant d’entrain ! Ne plus se battre !

♫ Dis donc Lulu, je t’aime bien mais faut pas pousser. Est-ce que je te demande d’arrêter de bégayer ? D’arrêter de faire le tout mignon tout gentil ? Non, bah voilà ! Tu peux pas me demander d’arrêter de me battre. Je suis né pour ça, si tu l’as toujours pas compris.

Ce que Jesus avoue avec des clignements de cils intempestifs, pour appuyer des propos qui cachent, en vérité, un aveu perturbant : les parents de l’elfe ont fait de lui une machine à tuer, pas une machine à câlin, comme Lucas. Ils sont, au final, deux parfaits opposés. Si l’autre a été bercé de trop d’amour, Jesus n’en a pas eu et n’en connaît pas le goût. Il ne sait que comment frapper, pas caresser.

À son niveau, au final, il n’est même plus question d’adrénaline et d’envie. Le chauve a été formaté pour être ce qu’il est et il lui a déjà fallu un effort considérable pour pouvoir devenir quelqu’un qui prend les coups plutôt que de les donner. Face au nouveau lui qui squatte Los Angeles sans tuer personne, ses propres parents n’hésiteraient pas à le renier. Ou le tuer. Il n’en doute pas. Ce n’est pas ce qu’ils ont voulu de lui et s’il avoue qu’il traîne, parfois, avec une ancienne elfe blanche… C’en est fini de lui.

♫ On est pas des bébés, imite-t-il, pour se moquer. Mais moi, je suis un gros bébé, tu savais pas ? Et j’ai pas envie que des tas de petits humains se moquent de moi !

Jesus feint la tristesse avec une moue exagérée et tourne les poings, juste sous ses yeux, pour mimer un caprice de bébé. Pour dire vrai, l’elfe noir adore qu’on essaie de se moquer de lui, parce qu’il ne peut s’empêcher, alors, de sauter sur l’occasion pour se ridiculiser ou retourner la situation contre son adversaire. Oui, adversaire. Ceux qui essaient de se payer sa tronche sont tout de suite rangés dans la catégorie des ennemis qu’il se doit d’écraser. Heureusement pour eux, Jesus n’écrase plus personne qu’avec des situations étranges, des jeux de mots bizarres et des sous-entendus affreux.

Alors que Lucas se relève, Jesus en fait de même, d’un bond, et referme les mains sur les épaules du phénix. Heureusement que les phénix sont solides (enfin… il faut espérer), parce qu’il le secoue un peu fort et en ricanant comme une idiote (oui, une idiote), pour feinter l’hystérie et l’excitation.

♫ Oui, oui, ouiiiiiii ! Faisons ça ! Trop trop cool ! (Il se calme d’un coup et fronce les sourcils.) J’ai dit que j’en veux pas de tes larmes, c’est quoi ce deal pourri ? Tu me donnes un truc que je veux pas et en échange, je fais quelque chose que tu veux ? C’est naze, je veux pas. (Il penche la tête sur le côté comme pour faciliter sa réflexion.) Je crois que t’as pas bien compris ma vision du monde, cocotte. Tu crois que je sais me servir d’un fouet pour dompter des lions ? (Ce qui lui donne très envie d’essayer, tiens.) Tiens, on va jouer à un jeu, toi et moi.

Jesus lâche les épaules de Lucas pour poser les mains sur les hanches et prendre le temps de réfléchir à ce qu’il doit lui demander, exactement, pour mettre leur petit jeu à exécution. Lucas doit bien se douter qu’il n’appréciera pas le jeu, mais tant pis pour lui.

♫ Je te laisse le choix, un peu comme un action ou vérité, tu vois. (Jeu dont il n’a jamais compris le principe.) Soit tu me poses une question sur mon « point de vue sur ce monde », même si j’ai pas la moindre idée de ce que tu imagines en pensant ça. Soit tu réfléchis un coup, là, maintenant, et tu me sors la pire chose horrible et affreuse que tu peux imaginer. Vas-y.

Il ne dit pas ce qu’il compte faire, mais ça lui semble clair, à lui. Si Lucas lui pose une question, il essaiera d’y répondre, sauf si ça le gonfle. Si Lucas lui sort un cauchemar de son imagination, il lui prouvera qu’il a déjà fait mille fois pire. Un bon deal, non ? Peut-être pas, mais c’est le phénix qui l’a cherché, Jesus n’a rien demandé. L’innocence des pieds à la tête, si, si.

ucas savait que Jésus aimait se battre, mais on ne pouvait pas lui demander de comprendre les subtilités qui faisaient de lui cet être si singulier. Jésus était un combattant peut être, mais Lucas ne voulait pas qu’il soit blessé. C’était la réaction d’un bébé phénix, il ne pouvait pas s’en empêcher.

- Je …. Je …. Je peux … pas … pas arrêter. …. mais …. Mais … je veux …. Pas … pas q… qui ..; t’arrive ….ve …. Malheur !

C’était ça. C’était pas qu’il voulait obliger son ami à arrêter, mais qu’il puisse le faire sans risquer sa vie, sans souffrance …. Il se demandait si c’était possible. Il ne connaissait pas les elfes noirs mieux que ça. En réalité il en connaissait un, et c’était celui qui se trouve en face de lui en ce moment, mais il voulait le mieux pour son ami.

- Se …se moque ?

La tête sur le côté, il n’était pas sur de comprendre pourquoi et surtout comment on pourrait se moquer de Jésus. Jamais personne de sensé ne pourrait le faire. Et Lucas posait toujours sur lui, et malgré l’elfe, des yeux très sérieux à chaque idée et pensée qui lui venait en tête. Après son petit secouage, heureusement Lucas n’avait pas affronter qu’un secouage dans sa vie, il sourit à l’homme. Il n’avait toujours pas compris pourquoi il parler de se moquer, mais il fit bien en sorte que son sourire ne ressemble pas à une moquerie. Rien, ni dans le ton de sa voix ni dans la modification de son visage ne pouvaient se lier à une moquerie.

- Tu …; tu … as … raison…. Tu …. Tu… veux quoi ?

Que voulait il alors dans un deal ? Qu’est ce qui pouvait faire plaisir à un homme tel que Jésus. Lucas avait déjà donner toutes les idées qu’il avait en cadeau la dernière fois … et il ne possédait pas plus de choses. Ses larmes étaient sa seule possession et il avait envie de les passer à des gens qui pour lui le mérite. Il écouta la suite et pencha la tête sur le côté à son tour.

Il avait donc le choix entre poser une question à Jésus, ou il lui disait la pire chose qu’il imagine ? Lucas ne réfléchit pas réellement avant de dire.

- Le feu.

Il aurait pu, et du, profiter de pouvoir poser une question à Jésus, mais l’image des flammes en pire chose avait tellement frapper l’esprit de Lucas qu’il n’avait pas pu le contenir. Alors que ses yeux volaient dans une danse mentale sur les flammes. Lucas reposa les yeux dans ceux de son ami.

- Tuer mon père par le feu.

Etait la pire chose qu’il avait pu faire avec les flammes. On lui demandait souvent pourquoi il avait peur des flammes. Quand on comprenait que ses parents étaient morts dans un incendie, on acceptait sa peur. On lui demandait souvent pourquoi il était en colère contre les flammes. Parce que les flammes on tuait ses parents sans qu’il ne puisse rien faire pour l’empêcher. Son père était mort devant ses yeux, sa mère il n’avait pas vu le corps, mais un corps suffisait amplement. Rien n’était pire que de tuer son père quand ce dernier était venu pour te sauver. Il eu des larmes aux yeux malgré lui en se souvenant des cris, et de la douleur, et de la souffrance qui avaient été transcrit du corps s’immolant.

alheur. Le mot frappe Jesus sans qu’il ne soit tout à fait sûr de bien en comprendre le sens. C’est quoi, un malheur, dans la vie de Jesus ? Une bonne grosse baffe bien méritée, donnée par un dragon pour lui faire regretter de provoquer tout le monde ? Il n’y a qu’un être aussi puissant qu’un gros lézard pour réussir à le faire réfléchir deux secondes. Deux secondes, oui, guère plus. Jesus n’a rien contre une bonne raclée et se demande presque quand elle arrivera, enfin, dans sa petite vie presque rangée. Il serait peut-être temps d’aller emmerder un démon, du coup.

Alors, un malheur, pour un homme aussi fou que lui, qu’est-ce que ça peut être ? Un bisou par une fan surexcitée ? Un câlin d’un phénix un peu trop tactile ? Une bonne grosse tache de crème sur ses beaux habits noirs ? Quelqu’un qui ose lui manger son gâteau ? Oh, non. Erreur. Un homme mort qui ose bouffer son gâteau. Jesus ne pardonnera jamais un tel affront sur sa nourriture. Certaines choses sont presque sacrées, dans la vie, surtout quand elles sont d’une couleur bien foncée.

♫ Dis-moi si j’ai l’air malheureux, Lulu ? Tu oserais me le dire ? Bon, bon, alors il n’arrivera pas malheur, que du bonheur, partout, qui sent bon la fleur des champs et la prairie. Pleins de petits oiseaux qui gazouillent partout, tout ça, tout ça.

Sur le visage de Jesus : un grand sourire très content. Il est certain que l’elfe noir n’a jamais donné l’impression d’un dépressif. Il a plutôt tendance à croquer la vie à pleines dents, parfois littéralement. Le malheur n’est pas une chose qui le touche. Même les enterrements, il s’en balance, la misère, la famine, tous les maux de la vie. Rien. À. Foutre. Tout ce qu’il voit, lui, c’est qu’il peut pioncer comme il veut, se bastonner, parfois, bouffer tout ce qui passe et, de temps en temps, travailler un peu, pour gagner sa pitance. Le reste, il s’en balance.

Cette histoire de moquerie tombe, à nouveau, dans l’oreille d’un bébé qui ne comprend rien et Jesus préfère laisser tomber. Il aura d’autres occasions de balancer des sujets que le phénix ne comprend pas, il n’en doute pas le moins du monde. Alors, il préfère faire l’impasse sur celui-ci pour se concentrer sur la suite, c’est mieux, ça permet d’avancer. D’avancer où, il n’en a pas la moindre idée. Est-ce que Jesus a la tête d’un gars qui a un plan, dans la vie ? Pas vraiment, non.

Secouer Lucas faisait partie du plan. Quel plan, du coup ? Le plan qui consiste à remettre les neurones en route, dans son cerveau de jeune adulte pas encore prêt à affronter le monde tout seul. Secouer le phénix ne semble pas bien fonctionner, en tout cas. Ça fait déjà deux fois et Jesus n’est pas certain de repérer la moindre lueur intelligente au fond du regard de son… ami ? Bon, il y va peut-être un peu fort, mais c’est Jesus, pas un bisounours.

♫ Je veux quoi ?

Un instant, Jesus papillonne des yeux et, cette fois, c’est son regard à lui que l’intelligence a déserté. C’est peut-être bien la première fois de sa vie qu’on lui demande ce qu’il veut pour de vrai de vrai. C’est déjà arrivé, bien sûr, qu’une de ses victimes se croit assez importante pour pouvoir lui offrir une chose en échange de sa vie, ou pour croire qu’il attaque tel ou tel humain pour une raison particulière. Non, ça n’a jamais été le cas. Mais c’est la première fois qu’on lui demande ce qu’il veut dans un échange égal entre deux hommes très matures (ou presque matures… ou pas du tout matures…).

♫ Hmmmmmm… Que tu m’offres un gros gâteau par semaine ? Ou par mois, si t’es fauché, je jugerai pas, promis. J’suis pas pété de thunes non plus, je peux comprendre. Mais je veux un gâteau. Et qu’il soit noir. Après, le goût, je m’en tape.

Chacun ses priorités, comme d’hab. Et celle de Jesus, c’est la couleur avant le goût, la couleur avant le prix, la couleur avant tout. Noir, noir, noir. Sa vie n’est pas bien compliquée, à lui. Et, pour sûr, s’il connaissait la chanson des Rolling Stones, ce serait devenu, depuis longtemps, son hymne national (oui, Jesus est une nation à lui tout seul). Une bien belle chose à hurler dans les rues pour emmerder tout le monde. Il est un piètre chanteur, le chauve.

Lucas se prête au jeu de Jesus (mauvaise idée) et sort une absurdité plus grosse que lui. Pourtant, pour une fois, l’elfe ne se moque pas. Il sait ce que c’est, au fond, d’avoir peur d’un élément. Lui-même ne fait jamais trop le malin devant l’océan. Avoir de l’eau sur la tête, ça le tétanise complètement. Il ne veut même pas y penser. Alors, il peut comprendre que le feu lui fasse peur. Sauf que c’est un phénix, donc ça ne devrait pas le faire flipper.

Puis l’explication tombe et l’elfe noir arque un sourcil imberbe. Tiens donc. Lulucas a une part plus sombre qu’il ne veut le faire croire. Sauf que Jesus n’y croit pas une seconde, en vérité. Il est persuadé que ce n’est pas vrai. Lucas est incapable de faire mal à une mouche, alors à son propre père, faut pas déconner. Mais ils jouent à un jeu et Jesus doit se conforter aux règles du jeu.

♫ Je vais donner le mien en goûter à une louve, et je vais bien regarder et bien me marrer. Alors ? On continue notre petit jeu super trop drôle ?

Sauf que l’attention de Lucas est, soudain, braquée ailleurs et Jesus le voit bien. Il comprend, au fond, ce qu’on n’attend pas de lui : il sait où est parti Lucas et qu’il ne pourra pas revenir d’un claquement de doigts. Parce que le chauve est pareil, quand on l’enfonce sous les vagues. Il se revoit dans un temps si reculé que Lucas n’était même pas une idée, dans le crâne de ses darons. Et il sait que peu de choses peuvent le ramener sur Terre.

Alors, il fait ce peu.
Une bonne grosse gifle sur la tête à Lulu.
Désolé, le bébé, mais nécessaire.

♫ Tu restes avec moi et tu me ravales toutes ces larmes de bébé. T’es un homme, un grand, tu savais pas que le cliché veut qu’on pleure jamais ? Renifle un coup et parle si tu veux, explique donc. Mais je suis sûr que tu diras n’importe quoi et que je vais rien écouter du tout.

Chacun sa façon de réconforter un traumatisé. Faut pas juger.

ucas avait peur pour son ami. C’était aussi simple que cela. Aussi tangible, presque palpable. Il pouvait sentir la peur qu’il allait avec l’annonce de la mort… Qui viendrait lui dire, à lui, s’il arrivait quelque chose à Jesus ? Personne. Personne pour lui annoncer sa mort, pour lui proposer de venir à l’enterrement, personne pour le laisser parler, dire qu’il aime son ami, qu’il ne veut pas le perdre…Non, il savait que personne ne viendrait, et la peur de son malheur prenait le pas sur son intellect, oui carrément, en refusant de réfléchir plus loin à ce problème. Jesus devait se protéger, c’est tout. Il n’y avait pas à chercher plus loin.

- J’ai … j’ai …. J’ai peur … pour … pour … pour toi.

Lucas savait ce dont il était capable par amour. Pour Xander, il était allé voir une colonie de sorcière, ou il allait y aller bientôt, mais en tout cas… il faisait des choses surhumaines pour les personnes qui comptaient  pour lui, il continuerait alors ainsi jusqu’à la fin de sa vie. S’inquiétant pour les gens. Jesus n’avait pas l’air malheureux … loin de là … mais il pouvait se montrer inconscient, et il en avait eu la preuve ce soir.

- Je … Je veux pas … pas … pas … que … que … tu …. Tu … disparaisse.

Il pourrait rajouter « aussi » mais pourquoi faire ? La vérité était bien plus brute ainsi. Il n’avait pas envie de le perdre aussi. Il ne pouvait pas perdre un ami de plus. C’était la seule chose qu’il le faisait vibrait, le tenait éveiller dans la nuit et lui vrillait l’âme chaque jour. Après les secousses, on aurait pu croire que tout aurait disparu, mais non. Toujours ancré dans son esprit, Lucas observait son ami. Lui n’avait pas honte de dire que c’était son ami… même s’il voyait en cette nuit la raison même pour laquelle jamais Anela ne devait rencontrer Jesus.

Lucas savait qu’il y avait plus à dire sur Jesus que ce qu’on ne pouvait le penser. Son Jesus avait peut être plus de chose à dire que le Jésus que tout le monde mets dans la crèche en fin d’année. Il y avait plus de chose à comprendre, à apprendre, de lui. Lucas pencha la tête à la demande de l’homme, et un sourire radieux naquit sur son visage. Un gâteau noir par mois. Il n’avait pas besoin de prendre un gros gros gâteau. Un petit pour une personne qu’il n’aurait d’ailleurs pas à partager ferait certainement le bonheur du chauve encore plus.

- Da … d’accord ! Un … Un par … par mois…

Il sourit en montrant sa main ouverte à l’homme. Le but était de finir le deal. Je ne dis pas ici si Jesus la prit ou non, ce n’est pas le moment, mais ça ne changea pas le fait qu’il avait pris la décision que par mois, Jésus aurais son gâteau. Et s’ils n’ont pas le temps de se voir ? Alors il le laisserait devant chez lui. Maintenant, il devait trouver toutes les sortes de gâteaux noirs pour être sur d’être dans les goûts de son ami.

- Une … une … louve ?

Lucas n’avait jamais rencontré de louve. Il avait rencontré … vampire, phénix, dragon, chasseurs, mais louve jamais … et il n’eu pas de doute sur le fait de parler de louve surnaturelle et non d’un quelconque loup…. Il avait compris que … l’homme avait eu un souci, et pas des moindres, avec sa famille… mais cela continuait de le surprendre. Il fit un oui de la tête pour proposer à l’homme de continuer la discussion. Il devait avouer avoir été dans la lune. Tellement dans la lune que la claque lui donna l’occasion de cligner des yeux. Il n’était pas sur de ce qu’il venait d’arriver.

Il repose les yeux réellement sur son ami. Ravalant des larmes qui ne voulaient pas faire couler de toute manière. Il était un homme ? C’était sur. Mais un grand ? Pas sur. Il écouta le cliché… Lucas trouvait ce cliché  très bête. Tu as envie de pleurer, tu pleures, tu extériorises au lieu de laisser la tête subir seul…mais il savait aussi qu’il ne pourrait pas pleurer devant tout le monde … ou qu’il s’en voudrait. Pleurer devant Anela était une chose, pleurer plus d’une fois aussi … mais il avait toujours la honte de le faire, et ne le faisait que parce qu’être avec sa marraine c’était être en toute sécurité pour n’être qu’un bébé oisillon.

Quand il lui dit d’expliquer, Lucas le regarda … il savait que selon les points de vue, son histoire était à la fois triste ou réelle… Il se mit à prendre une grande inspiration.

- Je … je dormais. Je … d’un coup … d’un coup les flammes. J’ai … j’ai … entendu … entendu hurler… il y a … ma … ma mère … qui  …. Elle … elle a hurlé… a … à cause des … des flammes… Puis … puis … mon … mon père est … est rentré … dans … dans … ma chambre… et …. Et ;.. les … flammes l’ont attaqués.

Il déglutit. Il ne voulait pas pleurer. Il ne pouvait pas pleurer pour être au plus proche des désirs de son ami … mais il avait dû mal à ne pas le faire. Son esprit essayait de se concentrer sur un point dans l’horizon … mais ce point prenait toujours la teinte orangé du feu. Il ne voulait pas mettre le feu … mais il se sentait chaleureux (et pas comme il faut donc). Il prit doucement la main de Jesus pour l’avoir dans la sienne. Il avait besoin de la main de Jesus dans la sienne.

- Je … je …. Je …

Il n’arrivait pas à finir sa phrase. Il n’arrivait pas à terminé. « Je les ai tués » c’était simple pourtant. Parce qu’il l’avait fait. Il avait tué sa famille. Il les avait immolés. On pouvait dire ce qu’on voulait de lui, Lucas savait toujours quand regardant dans son miroir, il verrait un monstre. Il ne pouvait pas voir la majesté d’un phénix. Il ne voyait que le péché d’avoir tué ses parents.

eur pour lui. Peur pour lui ? Peur pour… lui. Hmm. Jesus n’est pas certain de bien comprendre pourquoi. C’est la première fois de sa vie que quelqu’un a peur pour lui et lui, il n’a jamais eu peur pour personne. Alors il ne pige pas bien le problème. Sa vie est ainsi, de toute façon. Que Lulucas s’inquiète pour lui ou non, il ne changera pas de façon de vivre et le phénix ferait mieux de s’y faire dès maintenant. Sans danger, Jesus n’est pas content. Il a besoin de la baston pour exprimer la haine qu’on a soufflée dans ses os. Il a besoin d’être tapé pour ne pas s’acharner sur les humains. Il vaut mieux, au fond, qu’il se laisse défoncer, plutôt qu’il se remette à se défendre et, pire, à attaquer.

Mais il sait que Lucas ne comprendra pas et Jesus n’a pas envie de s’expliquer, alors il abandonne l’affaire. Tant pis, tant pis. Il n’a qu’à avoir peur pour rien, le phénix, de toute façon, ça ne lui fera pas trop de mal. Tout au plus, ça apprendre à son cœur à battre et les muscles ont besoin de mouvements pour s’entraîner, non ? Donc, il aura un coeur en bonne santé d’avoir trop stressé pour un gars pas foutu d’avoir une vie normale. Logique dans son crâne d’elfe noir.

La suite laisse Jesus perplexe. Il bat des cils, sans savoir ce qu’il doit répondre à ça. Pourquoi il disparaîtrait ? C’est pas vraiment son style, à lui. Le chauve est plus heureux quand on le regarde, quand on le voit bien comme il faut. Disparaître, c’est pour les nazes, pour ceux qui fuient la queue entre les jambes. Ce qui n’est pas le cas de Jesus. Lui, il affrontera le monde entier jusqu’à son dernier souffle. Il ne disparaîtra pas de Los Angeles qui est un terrain de jeu des plus intéressants. C’est mort. Personne ne pourra se débarrasser de lui, maintenant.

☼ Qui a dit que je comptais disparaître ? Je suis pas un lapin qui déguerpit au premier coup de vent ! Ha ! T’as plutôt intérêt à te préparer à me supporter longtemps, Lulucas. Parce qu’on se débarrasse pas comme ça de moi.

Si l’elfe noir croit comprendre que Lucas a déjà perdu quelqu’un, il ne voit franchement pas le rapport avec lui et préfère chasser tout ça de petits mouvements de main. Il n’est pas à mettre dans le même panier que les autres, lui. Enfin ! C’est Jesus, tout de même ! Un peu de respect, bon sang ! Mais Lulu ne sait pas ce qu’il dit, c’est tout. Il n’a jamais connu de gars aussi bien que Jesus (normal, il n’y a que Jesus) donc il sait pas que l’elfe est inconscient, certes, mais increvable. Il ne disparaîtra pas dans une explosion. Oui, tant qu’à faire, une explosion.

Un par mois ! Roh, le chauve est un peu déçu, tout de même, si proche d’en obtenir un par semaine. Mais ça fera l’affaire. C’est déjà beaucoup plus que ce qu’il mérite, sans doute, et Jesus le sait bien, au fond. D’ailleurs, ce n’est pas dit qu’il laissera vraiment le bébé phénix payer chacun de ces gâteaux. Le chauve en achètera peut-être un, histoire d’en avoir un plus gros qu’un tout petit, ce qui est franchement abusé. Ça ne fait pas un repas, un petit gâteau pour une personne. Et si Jesus en prend un gros et qu’il en reste une part, ce ne sera vraiiiiment pas pour partager. Non, pas son genre.

Pour marquer le deal tout de même, Jesus pose sa paume dans celle de Lucas. S’il a envie de lui serrer la main et de secouer très fort ce bras, il se retient au dernier moment, conscient que déboîter l’épaule du phénix, ce n’est pas très cool comme idée. Par contre, gifler un gamin qui n’est pas vraiment là, et qui ne comprend pas que le chauve vient de lui parler de tuer ses parents, c’est tout à fait cool comme idée. Peut-être pas cool, mais Jesus ne sait pas quoi faire d’autre, pour ramener le phénix sur terre, avec lui.

Il voit bien qu’il a envie de pleurer et si Jesus ne comprend pas pourquoi, lui qui ne pleure jamais, il ne sait pas ce qu’il doit faire pour lui passer l’envie de chialer. Il n’a, bizarrement, pas envie de le voir pleurer et si, d’habitude, il peut dire que c’est juste parce que ça le gonfle sévère, il sent qu’au sujet de Lucas, les choses sont un poil différentes. Évidemment, les clichés, Jesus les déballe comme ça, histoire de dire un truc, mais il s’en fiche pas mal, lui.

L’explication arrive soudain et Jesus reste silencieux, ses sourcils imberbes froncés, à écouter les conneries du petit phénix qui croit avoir fait une grosse bêtise. L’elfe ne sait pas s’il dit vrai ou s’il ment, mais il a, surtout, l’impression qu’il manque une grosse partie de l’histoire et que Lucas a juste… inventé le reste. Comme si une caméra montre Jesus entrer dans un magasin et trois heures après, on se rend compte que des objets ont disparu. Qui peut jurer, juste avec ça, que c’est bien lui qui a volé ?

Jesus ne dit rien alors que le phénix lui prend la main. Il ne comprend pas pourquoi, il ne comprendra jamais pourquoi, mais il le laisse faire. S’il en a besoin, c’est un maigre sacrifice. Surtout que Jesus doit, plus ou moins, se faire pardonner la baffe monumentale qu’il vient de mettre au gamin. Et comme, maintenant, Lulucas semble plutôt incapable de continuer son histoire de science-fiction, il est temps pour Jesus d’entrer en scène.

☼ Donc, résumons. (Il fait mine de réfléchir.) Tu dormais, y’a eu le feu, tes parents sont morts et tu-tu-tu.

Les yeux sombres de Jesus captent le regard azur du phénix. Il plonge à l’intérieur sans retenue et essaie, de sa façon bien à lui, de lui faire comprendre que cette histoire ne tient pas vraiment debout et qu’il n’y croit pas une seconde. Parce que la main chaude de Lucas, dans la sienne, n’a rien de la main d’un meurtrier.

☼ T’es au courant que les pouvoirs, à la base de la base, hein, je dis pas pour les piafs comme toi, je peux pas être certain que ce soit vrai. Quoi que je pourrais te dire ce que j’ai déjà fait à un phénix et ce qui s’est passé, mais c’est pas le moment de te faire peur. Bref ! T’es donc au courant, peut-être, peut-être pas, que les pouvoirs sont peut-être bien liés à l’esprit, ouais, un truc dans le genre, mais ça m’ééééétonnerait de ouf que tu puisses lancer Flammèches dans ton sommeil.

Il connaît Pokémon pour avoir regardé un gamin jouer, une fois. Mais ça l'a vite soûlé. Ce qui n’a rien à voir avec les propos de Jesus et ce qu’il essaie de faire comprendre à son ami.

☼ Ce que je veux dire, Lulu, c’est que quand tu dors, tu dors. À la limite, tu peux gueuler un coup, rire aussi, ça arrive. Mais les pouvoirs… (Il fait danser des ombres, sur sa main et celle de Lucas entrelacées.) Faut être conscient, pour les utiliser. Sinon ce serait grave un bordel, crois-moi ! T’imagines si pendant que je dors je fais apparaître des haches, des couteaux, ou pire ?

Lui, en tout cas, il l’imagine un coup et le sourire, sur ses lèvres, montre bien que ça pourrait lui plaire, en vérité. Il est presque tenté, il a très envie d’essayer.

☼ Allons, Lulu ! Lulu ! LULUUUUU ! (Il aime bien gueuler un coup.) Tu dormais alors jure-moi sur ta vie que t’as la preuve que c’est toi qui as foutu le feu ? Qui te dit que ton daron est pas venu dans ta chambre à cause d’un incendie qui a eu son origine ailleurs ? Il pouvait pas savoir que toi, t’es immunisé contre le feu.

Et Jesus hausse les épaules, comme la meilleure explication à donner. En vérité, il en a pleins d’autres à donner à Lucas, mais bizarrement, quelque chose lui dit que ça lui plaira pas. Alors Jesus prend la plus chiante de toutes et la lui donne comme ça. Sur le même ton, il aurait pu demander s’il fait beau, même si Jesus s’en tape sévère, de la météo.

ui, peur pour lui… Pour Lucas, c’était tellement évident qu’il devait avoir peur pour son ami, qu’il ne pensa pas une seule seconde qu’il ne puisse pas lui aussi avoir peur… C’était tout simplement impossible. Bien sur, il avait peur aussi qu’un jour, il ne fasse l’ânerie de trop. Quelque chose en Lucas refusait de voir les méfaits de son ami, et il avait peur que la limite, pourtant déjà dépassé depuis longtemps, ne soit dépassé justement. Il voulait l’aider, être un secours pour lui, et le « remettre sur le droit chemin » et cela même si c’était un peu compliqué.

- Les… les … les gens di… disparaissent … raissent … touj… toujours.

Il avait envie de lui faire un câlin Lucas. Il ne pouvait pas savoir le chauve, comment ses mots lui faisaient du mal et du bien à la fois. Du bien parce que la certitude qu’il entendait dans sa voix lui donnait envie de le croire, et de continuer à le croire. Du mal parce que beaucoup d’autres avaient utilisés ce ton avant de disparaitre malgré toutes les belles promesses. Il pouvait en faire la liste, et cette liste se rallongeait toujours pour donner une liste plus longue que celle du père noël, à peine exagéré…. Lucas en avait marre de voir les gens qu’il aime ne plus revenir.

Devoir être un enfant, redevenir un enfant, partir, ne plus être là, juste disparaître dans la nuit, il ne le savait pas encore mais il pourrait en rajouter très prochainement, et chacune de ses personnes qui ne donnent plus signe de vie étaient marqués sur son cœur comme une preuve de son incapacité à protéger tout le monde. Il ne voulait pas de cela lui, il voulait être un allié.

Puis, ils ont fait le deal du gâteau, et c’était seulement ses finances qui avaient fait dire un par mois. Parce que, avec l’argent en abondance, il aurait dit oui à un par jour, pour être sur de le voir tous les jours. De ne pas pouvoir le lâcher. Encore une fois la peur ancré qu’il puisse un jour juste … exploser en paillette noir et argent et disparaitre d’un coup de balai.

Après cela, il lui raconta son histoire, comme il le pouvait, à sa manière à lui qui prends plus longtemps que prévu… Avec des mots qui devenaient de plus en plus long, de plus en plus lent, et qui ne pouvait s’entendre que si on faisait un effort. Pourtant, Jesus résuma. Il résuma comme il pu. Le chauve avait essayé…. Lucas voulait rajouter des choses, en amener des couleurs et des détails qui prouvent son péché, mais il savait qu’il n’aurait pas le temps de répondre avant que Jesus ne reprenne.

Il l’écouta. Il l’écouta vraiment. Patiemment. En essayant de comprendre les tenants et les aboutissements de l’histoire qu’il commença à raconter. Il réfléchit Lucas, et il ne pouvait que se dire que peut être Jesus savait quelque chose… ou il ne le savait pas. Peut être était il le genre de phénix disfonctionnel. Peut être était ce même pour cela que sa mère avait décidé de l’abandonner ? Qui voudrait d’un phénix qui n’était pas fait comme tout le monde. Il répondit alors, tout simplement. Un « je ne sais pas » qui avait trainé en longueur. Parce qu’il ne savait vraiment pas….

Il aurait pu être étonné de la référence à Pokemon, mais il n’en avait pas le temps alors qu’il avait repris. Lucas se concentra à la fois sur les paroles de son ami et sur l’idée qu’il essayait de dire.

Les pouvoirs avaient peut être besoin de conscience … peut être qu’il avait fait une demi conscience ? Pourtant, alors que l’homme parlait, il avait beau se repasser la scène devant les yeux, il ne voyait toujours que les flammes après avoir ouvert les yeux. Le feu avait déjà envahi la maison avant qu’il ne se réveille… avant qu’il ne sente sa gorge se serrer par le manque d’oxygène. Était-il possible qu’il n’avait pas fait le feu ? Mais c’était bien lui qui avait contrôlé le feu vers son père… Cela ne changer donc rien à ce qui lui arrivait.

Et d’un coup, ça lui arriva sur le coin du nez comme une évidence. Comme quelque chose qui aurait devant lui depuis tout ce temps mais qu’il n’avait pas pu voir. Il n’avait pas fait l’incendie. Pour le meurtre de son père, il était conscient et c’est lui qui avait dirigé les flammes, donc ça ne changeait rien à ses pensées… mais … il n’avait peut être pas tuer sa mère … et alors qu’il posa sur Jesus un regard plein de larmes, il se dit que c’était la première fois qu’il croyait en un début d’innocence.

Il pensait que peut être, réellement, il n’était pas totalement fautif. Il avait envie de mourir de honte, de haine contre lui-même, de colère et autres sentiments qu’il cachait sous son caractère timide, il avait eu envie de mourir de ce qu’il avait fait à ses parents. Même s’il se sentait toujours coupable, il pouvait déjà au moins dire qu’il n’avait peut être pas tué sa mère. Il était peut être innocent. Alors les larmes redoublèrent, et il ne pouvait que regarder Jésus en face de lui.

Tant pis pour lui.

Il se mit dans ses bras. Enroulant ses bras dans son dos, et pleurant de tout son saoul sur l’épaule de son ami.  Il ne voulait plus le lâcher. Et alors qu’il respira un coup, il réussit simplement à dire.

- Je n’ai peut être pas tuer ma mère. C’était peut être pas moi.

Et ce peut être, cette possibilité mit là comme une délicate plume faisait craquer toutes les digues qu’il avait pu avoir. Si pleurait il l’avait déjà fait, c’était souvent quelque chose de simple. Des larmes contenus, qu’il verse, des fois unique ou avec une jumelle, il ne se laissait que rarement aller à plus. Mais là, il fit plus beaucoup plus. Parce que peut être n’avait il pas tuer sa mère.