Samuel Riggs, un nom qui résonnait fort dans ma tête. Autrefois l’image du fils d’un grand sorcier de grande renommée. Aujourd’hui un homme, tout aussi honorable que son père et dont je portais une grande estime. Je savais que Samuel avait hérité ses pouvoirs de médium de ses parents, des pouvoirs que j’estimais exceptionnels, lesquels j’admirais par leur force incroyable de pouvoir faire de grandes choses. C’était un médium qui avait sauvé Penelope il y a maintenant un an de cela, qui l’avait libéré de cette bague maudite et avait sorti son esprit de cette dernière. Sans lui et ses dons incroyables, jamais je n’aurai pu vivre le bonheur que je vivais aujourd’hui. J’avais toujours apprécié les médiums pour leurs grandes capacités, mais depuis cet événement, je les admirais d’autant plus.
Le temps était passé à une vitesse folle depuis notre dernière rencontre avec les Riggs, que ce fusse le père, ou bien le fils. J’avais toujours un regard bienveillant envers Samuel, même de loin. Je connaissais une partie de son histoire qui n’était pas des plus douces, notamment qu’il était sorti récemment de l’Asylum il y a quelques mois maintenant. Son père m’avait fait part de son inquiétude pour son fils étant en étroites collaborations avec lui étant donné nos statuts respectifs. Il avait respecté l’intimité de son fils et de son histoire, ne me racontant que l’essentiel, en échange de garder un œil sur lui. Samuel portait le poids de ses années passées dans l’Asylum ainsi qu’un vide irremplaçable dans le cœur. Malgré tout, il restait un homme digne et respectable, contrairement à certains qui ressortaient de ce sombre endroit complétement fou.
Il était temps pour moi de rendre une visite à ce cher jeune Samuel. Je regrettais de ne pas l’avoir fait plus tôt, mais je lui devais bien une visite de temps en temps. Je pensais lui devoir des explications sur mon absence depuis son retour en 2020, ainsi cela pouvait nous permettre de nous remettre à jour chacun de notre côté, car en réalité, Samuel était tellement bien réhabilité à la vie post-Asylum, que je n’avais pas eu vent de ce qu’il était devenu de son côté. Arrivant chez lui en centre-ville, j’espérais rattraper tout cela. Je l’avais prévenu de mon désir de le revoir quelques jours plus tôt, chose qu’il avait acceptée. Je venais avec une bouteille de vin rouge dans un sachet doré, joliment emballé par le sommelier de Red House qui m’avait conseillé. Je sonna à la porte et attendit qu’il me réponde…
Avril 2021. J'étais sorti d'Asylum depuis neuf mois déjà. Je m'étais pas mal laissé porter, retrouvant mes marques petit à petit. J'avais eu la chance d'avoir un père qui m'avait bien aidé à me réinstaller en me trouvant un appartement, d'avoir une Nephilim qui m'avait proposé un travail rapidement, et d'avoir fait quelques rencontres intéressantes. Je sortais peu malgré tout et avais du mal à me lier à de nouvelles personnes. Et comme j'avais perdu contact avec mes anciens amis, j'étais seul la plupart du temps.
Enfin, pas tout à fait. Mary était toujours là. C'était un secret que je gardais jalousement, de peur qu'on veuille me l'enlever. Il n'y avait qu'une personne au courant, Shawn Draven, un sorcier de la BACS pour qui je bossais à l'occasion, mais je lui faisais confiance, c'était pas le genre de type à aller baver. Pour tous les autres, ma femme était bel et bien morte, et c'était bien comme ça. Y'aurait pas eu grand monde pour comprendre cette situation particulière. Ca me posait un paquet de problèmes au quotidien - les esprits venaient un peu trop souvent me rendre visite, sentant qu'un passage était ouvert - mais j'avais pris l'habitude de vivre avec ces désagréments.
Ma vie était loin d'être aussi parfaite qu'à l'époque où Mary était en vie, mais je m'en contentais. Je n'étais plus enfermé, et c'était le principal. Certes, ça me démangeait parfois de décrocher le téléphone pour reprendre contact avec d'anciens amis, notamment Karl, mais je n'avais toujours pas réussi à franchir le pas. Et voilà que son père m'avait contacté… Il s'était montré très poli et aimable, s'excusant de ne pas m'avoir appelé plus tôt, et demandant s'il pouvait me rendre visite pour prendre quelques nouvelles.
J'acceptai avec plaisir, me doutant tout de même que mon père était derrière cette prise de nouvelles. Mais j'avais toujours respecté Arthur Fitzgerald, et je craignais moins de le revoir lui, plutôt que son fils. Karl était un sorcier admirable avec une carrière brillante, j'avais peur de l'avoir déçu. Tandis que son père avait un passé bien plus sombre, et serait sans doute plus à même de comprendre mon dérapage. Lui aussi était un repenti, après tout. Et puis, ça rassurerait sans doute mon père de savoir que je l'avais revu. Je lui avais donc donné rendez-vous chez moi un lundi soir - jour de congé pour moi - pour un dîner simple.
J'avais cuisiné pour l'occasion un poulet avec des frites maison. Je m'étais vêtu simplement d'un jean foncé et d'une chemise noire : on ne se refaisait pas, je n'avais jamais porté beaucoup de couleur. J'avais tout de même un peu le trac, cela faisait si longtemps… Je sursautai lorsque la sonnette retentit, et tournai les yeux vers Mary qui m'adressa un regard encourageant. Heureusement qu'elle était toujours là pour me soutenir… J'allais donc ouvrir la porte le sourire aux lèvres, habitué à porter ce masque de gaieté.
« Bonsoir Arthur. Entrez, je vous en prie… »
Mon appartement n'était pas immense, mais il était très bien pour une personne seule. Un salon suffisamment spacieux et lumineux pour pas avoir l'impression de tourner en rond, avec cuisine américaine, une chambre à part, une salle de bains correcte, plus une petite pièce qui servait de débarras et de fourre-tout. C'était suffisant. J'avais passé une bonne partie de la journée à faire le ménage à fond, tout était nickel, et la table était déjà dressée. Voyant que mon invité tenait une bouteille à la main, je lui pris en le remerciant et me dirigeai vers la partie cuisine pour la déballer et chercher un tire-bouchon. J'y connaissais pas grand chose en vin, mais j'appréciais l'intention.
« Vous pouvez vous asseoir si vous voulez. Le poulet n'est pas encore cuit, vous voulez grignoter quelque chose en attendant ? »
Ca se sentait que j'étais stressé ? Oui, probablement. Ce n'était pas facile de faire face à son passé, et je ne voulais surtout pas faire mauvaise impression à un vieil ami de mon père, et sorcier influent. J'espérais réussir à me détendre au fur et à mesure de la soirée. Tout dépendrait aussi de son attitude.
Phantasmagøria
HRP:
Désolée si c'est un peu long, fallait que je repose un peu la situation ^^
Toujours tiré à quatre épingles, costume, chemise de travail dès que j’étais dans mon rôle de régent, ce soir je m’étais mis plus à l’aise, en troquant mon pantalon de costume contre un chino clair qui allait avec le ton de ma chemise dans les bleus-gris. Une arrivée modeste en toute simplicité pour se détendre avec une belle personne qu’était Samuel. Le vin que j’avais apporté venait directement de la cave de la maison, approvisionnée régulièrement puisque c’était l’un des rares alcools, avec le whisky, que j’appréciais consommer.
Mon salut était très amical, après tout, j’étais venu ici pour voir mon jeune ami. Il m’accueilli de façon cordiale, peut-être une pointe de gêne dans son regard, chose que je comptais bien vouloir faire disparaître en lui. Je consentais que nos différences d’âges, de nature… pussent être intimidantes, et qu’en plus, du fait de mon statut de régent je devais l’être d’autant plus, c’est pourquoi il fallait savoir briser la glace par moment.
« - Merci, comment vas-tu mon cher Samuel ? »
Souriant, sans être présomptueux, je laissais paraître le plus simple possible en étant amical. L’appartement de Samuel n’était pas spécialement grand, mais pour une personne seule il était tout à fait convenable. Dès l’entrée j’humais déjà l’odeur annonciateur d’un bon repas qui allait certainement enchanter mon estomac qui s’affamait rien qu’à sentir cette bonne odeur de volaille. Je constatais également que tout était propre chez Samuel. Il avait beau être un homme seul, il savait tenir un foyer correctement. J’avais été bien placé pour le comprendre, à l’époque où Penelope n’était plus de notre monde, j’étais l’homme veuf qui devait apprendre à tout gérer dans une maison, moi qui avait été habitué aux petits soins de ma belle épouse.
« - Cela sent très bon déjà ! J’aime beaucoup le poulet, je suis sûr que tu vas me régaler. Rien ne vaut les choses simples quand elles sont bien faites ! »
Je m’asseyais au salon comme l’avait suggéré Samuel. Souriant et admirant la pièce, je cherchais furtivement les ouvrages exposés sur la bibliothèque, curieux de savoir quels étaient les intérêts du moment de Samuel.
« - J’admets que l’odeur me met l’eau à la bouche, je ne serai pas contre un petit verre apéritif si tu as. Fais au plus simple ! Ah, et n’hésites pas à me tutoyer, nous sommes entres amis ce soir. Je suis d’ailleurs heureux de passer une soirée seuls à seuls ensemble. Depuis ta sortie il y a quelques mois maintenant, je ne cesse de me dire qu’il faut que je te voie. Ton appartement est vraiment agréable !»
Je laissais Samuel préparer la suite, s’installer avec moi et repris la parole.
« - Alors Samuel, comment vas-tu ? Je veux dire moralement ? Nous pouvons parler à cœurs ouverts je le ferai volontiers avec toi. »
Je connaissais ce sourire, une façade derrière laquelle Samuel se cachait. Je le connaissais par cœur pour l’avoir arboré pendant de longues années. Je désirai que Samuel puisse s’ouvrir, s’il le désirait bien évidement. Les tourments d’un homme qui avait perdu sa compagne ne le quittaient jamais vraiment, et ayant été dans la même situation, je savais que le quotidien pouvait être rude.
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hrp:
C'est nickel, ne t'en fais pas ! :)
Dernière édition par Arthur Fitzgerald le Dim 21 Nov 2021 - 12:23, édité 1 fois
Arthur se montra très amical. Il l'avait toujours été avec moi, depuis que j'étais tout môme, à chaque fois qu'il venait chez mes parents avec son fils, j'étais toujours heureux de les voir. La situation était différente à présent, cependant revoir son sourire me réconforta quelque peu. C'était un homme exceptionnel qui pourtant semblait n'en tirer aucun orgueil, une personne qui avait su rester simple, et avec qui il était toujours agréable de discuter.
« Bien, merci. Et vous ? »
J'avais répondu à son "Comment vas-tu" par la réponse d'usage, celle que tout le monde attend en posant cette question sans vraiment y réfléchir. Ma phrase était donc un pur réflexe de courtoisie sociale. J'étais plutôt doué pour bien présenter en société et ne pas attirer l'attention.
Comme il me demandait un apéritif, j'allai lui préparer un petit verre de whisky - le préféré de mon père, que je savais qu'Arthur appréciait également - et me servis une bière pour ne pas le laisser boire seul, lui laissant le temps de s'installer et d'observer ma bibliothèque. Celle-ci contenait des ouvrages très hétéroclites - ça allait du thriller policier au roman à l'eau de rose en passant par le livre pour ados - et surtout tous les livres étaient très récents. De quoi étonner le sorcier, qui me connaissait plutôt comme un amateur de livres anciens contenant des savoirs ésotériques.
Arthur se montrait déjà bavard, faisant plusieurs remarques qui pour le moment ne me dérangeaient pas du tout. Je souris donc et rétorquai pour l'histoire du tutoiement :
« Je vais essayer mais je vous… je te promets rien. Les vieilles habitudes… »
Puis je jetai un bref regard autour de moi en haussant les épaules lorsqu'il parla de mon appartement. Il n'avait rien d'exceptionnel à mes yeux, mais faisait l'affaire. C'était de toute façon mieux que la prison. Enjolivant un chouia les choses pour ne pas l'inquiéter, je répondis :
« Oui, je m'y sens bien. Bon, ça ne vaut bien sûr pas la jolie maison que nous avions avec Mary, mais pour un homme célibataire c'est très adapté. »
Je disposai les verres d'apéritif sur un plateau, apportai aussi un petit bol de cacahuètes en accompagnement, et m'assis en face de lui. C'est là qu'il commença à me poser les questions que je redoutais. J'avais beaucoup de mal à parler de moi et de ce que je ressentais. J'avais peur de craquer, que toutes les émotions négatives que je refoulais au mieux la majorité du temps ne me submergent. Mais je ne pouvais pas complètement mentir à Arthur, d'autant plus que lui aussi avait perdu sa femme, quelques années plus tôt.
« C'est… compliqué. Je… J'ai parfois du mal à gérer mes émotions. A revenir à une vie normale. Et j'ai toute cette… colère en moi… qui n'est pas toujours facile à refouler. Enfin, il y a des hauts et des bas, j'imagine que c'est normal. »
Enthousiasmé par cette retrouvaille amicale, je n’hésita pas à parler sincèrement à Samuel. Fils de grand sorcier que j’avais bien connu, je connaissais le jeune Samuel dès son plus jeune âge. Il avait toujours été ainsi, un garçon droit, talentueux et bon. Je n’ignorais pas cet « accro » dans sa vie, ce passage plus sombre qui l’avait mené à l’Asylum pendant quelques temps. Inutile de rappeler que ce genre d’endroits pouvait rendre fou n’importe qui. Je ne savais pas si Samuel avait été atteint par la folie, j’étais cependant sûr que cela avait dû l’impacter d’une façon ou d’une autre.
Samuel me connaissant bien en termes de préférence d’apéritif me servit un verre de whisky. Je reconnaissais bien la bouteille pour l’avoir déjà savourée il y a des années auparavant avec son père autour de tables de discussions d’affaires ou d’occasions plus récréatives. Le jeune médium, lui, m’accompagna avec une bière. J’étais drôlement étonné de la variété de livres que je trouvais sur ses étagères. Je savais l’homme lecteur de livre assez anciens et spécialisés, or là, je retrouvais un peu de toutes les catégories possibles. En comparaison de chez moi et Penelope, il trouverai beaucoup de livres en lien avec l’herboristerie, divers glossaires sur les plantes et leurs usages, les remèdes naturels et ce genre de choses. C’était présentable pour tout types d’invités, même des humains non-initiés au surnaturel. Je gardais les livres et les grimoires plus à l’abri des regards chez nous ou à mon bureau de Red House.
Mon jeune ami me parla de son ressenti sur son appartement, évoquant des souvenirs de son ancienne vie avec son épouse. Il était très nostalgique, chose tout à fait naturelle et qui me faisait écho. Cela me touchait de le voir ainsi.
« - Oui c’est suffisant pour toi. La maison que vous aviez a été vendu pendant ton absence ? »
Après la mort de Penelope, j’avais été pris de désespoir et de crainte pour la vie de mon fils. Les drames s’enchaînaient bien trop fréquemment autour de nous, visant d’abord mon épouse puis le régent que j’avais succédé. Etant parti des années, Karl avait pris ses responsabilités et s’était séparé de bien des choses nous concernant moi et sa mère. La maison avait été l’une des plus douloureuse des séparations, tant de souvenirs de nous trois. Mais je comprenais le choix de Karl de ne pas pouvoir l’entretenir et de vouloir se séparer de quelque chose qui contenait tant réminiscences qui pouvaient le faire souffrir.
Samuel se livrait à moi, chose qui n’était pas simple pour certaines personnes, mais notre relation et nos histoires à quelques points communes nous rapprochaient. J’avais un regard compatissant, tout cela était encore récent, et, sans nul doute très dur pour lui.
« - Tu n’as rien à te reprocher Samuel, aucune culpabilité à avoir. Je pense que si j’avais été à ta place j’aurai sans doute agis de la même manière. Mais, je pense en revanche que je ne saurai tenir debout comme toi tu le fais aujourd’hui. Arrives-tu à faire ton deuil ou bien tu te fais aider ? Personnellement, je ne tenais pas sans potions et tonics psychotropes durant cette période trop difficile pour moi à gérer seul. On a tous des moyens différents pour nous faire sortir la tête de l’eau. »
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